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Dans la Drôme, les habitants encore privés d'électricité entre "colère" et "résignation"


Portes-lès-Valence, France | AFP | jeudi 21/11/2019 - "Ras le bol!" : les habitants des communes de la Drôme encore privés d'électricité à la suite des fortes chutes de neige survenues il y a une semaine, oscillaient jeudi entre "colère" et "résignation", tandis qu'Enedis prévoit un retour à la normale d'ici à dimanche.

À Portes-lès-Valence, une centaine de foyers, situés dans trois quartiers de la périphérie de cette commune de 10.500 habitants, étaient toujours concernés par cette coupure. Au total, 3.500 domiciles étaient encore privés d'électricité dans l'ensemble du département.
Dans un courrier adressé mercredi à Emmanuel Macron, la maire de Portes-lès-Valence Geneviève Girard a souligné la "durée insupportable" de ces désagréments et a enjoint à l'État de prendre ses responsabilités. "Vous devez comprendre, Monsieur le président, que nous ne pouvons plus assumer pour vous, indéfiniment, les défaillances de l'État", a-t-elle écrit.
"Même si les équipes d'Enedis font un travail formidable, la réponse n'est pas satisfaisante. Personne ne s'est rendu compte de l'ampleur du désastre. Certaines familles sont désespérées", confie-t-elle  jeudi à l'AFP. 
"On comprend qu'il faille du temps pour rétablir les lignes, mais une semaine, ça fait long. C'est la première fois que je vois ça", témoigne Bernard Reboul, un habitant touché par cette coupure.
Pour minimiser l'impact sur son quotidien, ce retraité de 68 ans, qui vit avec sa femme dans une maison, a emprunté un groupe électrogène qu'il approvisionne toutes les quatre heures, à raison de quarante euros dépensés par jour.
Dans son quartier, la plupart de ses voisins ont déserté leur domicile pour se réfugier chez des proches. "Moi, je vais simplement chez ma mère pour laver mon linge. Qui va nous indemniser ?", s'interroge-t-il .
Non loin de la place du marché, Damien Trento, un jeune patron de café qui a rouvert son commerce après six jours sans activité, estime son manque à gagner à 6.000 euros. "Dans ma rue", nombre de commerces de bouche "ont fait appel au système D" pour ne pas perdre leurs denrées, explique-t-il.
 

- De la neige dans la baignoire -

 
Dans l'un des quartiers résidentiels encore touchés, Valérie, une aide-soignante de 53 ans, raconte avoir "très vite écoulé tout [son] stock de bougies".
Mais elle "relativise", s'estimant mieux lotie que certains de ses voisins, qui "vivent dans le noir depuis sept jours, parce que les volets de leurs maisons sont électriques". Au plus fort des coupures, qui l'ont privée d'eau pendant deux jours, elle et son mari ont stocké de la neige dans la baignoire, "au cas où".
"On n'a pas d'autre choix que d'attendre. On est résignés", témoignent encore Richard et Elvire Nicolas, un couple de retraités du même quartier. "Heureusement qu'on a la cheminée", confient-ils. 
"Compte-tenu du nombre de pannes qui ont été recensées, réhabiliter l'électricité en sept jours, c'est considérable. On a eu pendant une journée autant de pannes qu'en une seule année" sur la zone, explique Thibaud, un technicien réseau, occupé à remettre en état le poteau en béton d'une ligne à basse tension, située dans une zone de lotissements excentrée.
Bernard Dalle, le responsable de la cellule de crise d'Enedis pour le secteur de Valence, précise que les secteurs encore en travaux sont situés sur quelques communes de l'agglomération de Valence et sur les collines du Vercors. "Ils nécessitent de gros moyens. Ensuite, il s'agira de chantiers individuels pour électrifier les clients les plus isolés", détaille-t-il.
Jeudi, les dernières difficultés se concentraient sur la Drôme et l'Ardèche, où 500 clients viviaient toujours sans électricité. 
Dans la Drôme, Enedis espérait rétablir l'électricité chez 1.000 nouveaux clients jeudi soir. "Et vendredi, sur la quasi-totalité du réseau", espère M. Dalle.

le Jeudi 21 Novembre 2019 à 05:08 | Lu 189 fois