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Crèches fermées et personnels dans la rue contre un projet de réforme


Paris, France | AFP | jeudi 28/03/2019 - "La couche est pleine": des salariés des crèches ont manifesté jeudi en France contre une réforme des normes encadrant les modes de garde, dont ils craignent qu'elle se fasse au détriment des enfants et de leurs conditions de travail.

Quelque 1.500 personnes, selon les organisateurs, se sont rassemblées à Paris devant le ministère des Solidarités et de la Santé à l'appel du collectif "Pas de bébé à la consigne".
Les manifestants étaient 400 à Toulouse selon la préfecture (500 pour les organisateurs), entre 100 et 200 à Montpellier et 400 à Bordeaux selon l'AFP.
Selon Sophie Le Port de l'Interco CFDT de Gironde, 10% des 4.000 agents des établissements d'accueil de Gironde étaient présents sur la place Pey Berland, en face de la mairie de Bordeaux, pour un pique-nique géant.
Les salariés de la petite enfance entendent dénoncer la "simplification du cadre normatif" applicable aux "différents modes d'accueil du jeune enfant", que le gouvernement doit mener par ordonnances.
"Les gens sont mal payés, les conditions de travail sont pénibles. Cela fait 10 ans que ça ne va pas. C'est la goutte qui fait déborder le vase. Les bébés ne sont pas des poulets en batterie, on ne met pas les bébés dans des boîtes de sardines", clame Julie Marty-Pichon, présidente de la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants (Fneje), présente au rassemblement toulousain.
Maryline Bessière, de la CGT, dénonce "une forme de mépris envers cette profession, largement féminine".
A Paris, les salariés de la petite enfance étaient rassemblés sous le soleil dans une ambiance bruyante et bon enfant, avec cornes de brume et slogans scandés à tue-tête.
Une manifestante arborait un poupon en plastique au bout d'une perche, affublé d'une étiquette "bébé en colère".
 

- "Logique purement comptable" -

 
Les personnels des crèches craignent un alignement vers le bas des normes réglementaires: le taux d'encadrement des bambins pourrait être abaissé, de même que le niveau de diplômes exigés pour les professionnels, ainsi que la superficie minimale des locaux où sont accueillis les enfants.
"On évoque un taux d'encadrement d'1 professionnel pour 6 ou 7 bébés, contre 1 pour 5 actuellement. Ce serait une régression hallucinante", a expliqué à l'AFP Julie Marty-Pichon.
A Marseille, cinq crèches municipales étaient totalement fermées jeudi et 18 partiellement sur un total de 58 crèches, selon la mairie. Le taux de gréviste était de 12,14%, selon la même source.
A Nice, les trois quarts des crèches municipales (20 sur 27) affichaient portes closes.
A Montpellier, Elodie, 33 ans, chercheuse et mère d'une petite fille de 18 mois est venue manifester "pour soutenir les employés des crèches, qui font un travail difficile et essentiel" pour les enfants. "En tant que parent, je refuse une logique purement comptable de la prise en charge des petits qui sont en plein éveil", a-t-elle souligné.
De petits rassemblements ont aussi eu lieu à Bayonne, Pau (Pyrénées-Atlantiques) et La Rochelle (Charente-Maritime).
De son coté, la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS), qui pilote l'élaboration des futures ordonnances, réfute toute volonté de "sacrifier la qualité de l'accueil" des enfants.
"Il ne s'agit pas d'une dérégulation du secteur", mais de "concilier" qualité de l'accueil et "simplicité", et d'introduire davantage de "souplesse", a-t-elle plaidé auprès de l'AFP.
Selon la DGCS, le texte des ordonnances est encore en cours d'élaboration. Une première phase de concertation a eu lieu avec les professionnels du secteur. Le texte doit encore être "affiné" lors d'une seconde phase.

le Jeudi 28 Mars 2019 à 06:43 | Lu 206 fois