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Covid, climat et nucléaire au programme de la visite présidentielle au fenua


Tahiti, le 20 juillet 2021 – L'Élysée a précisé mardi les détails et les grands axes de la visite présidentielle d'Emmanuel Macron qui se déroulera de samedi à mercredi en Polynésie française. Outre une longue visite aux Marquises, le Président de la République entend “réaffirmer le lien avec les outre-mer”, aborder la “poursuite des efforts contre l'épidémie de Covid”, souligner l'importance des “enjeux climatiques” et s'exprimer sur la “question du nucléaire”.
 
L'Élysée a organisé mardi matin un briefing par audioconférence pour présenter en détails la première visite officielle du Président de la République, Emmanuel Macron, en Polynésie française prévue cette semaine. Une visite programmée sur quatre jours avec une arrivée ce samedi après-midi pour un départ le mercredi matin suivant, au cours de laquelle le Président français se rendra dans les îles de Hiva Oa, Manihi et Moorea.
 
Sur ce programme très attendu, le conseiller Outre-mer d'Emmanuel Macron, François Guillotou de Kerever, a détaillé le contenu d'une visite “toujours susceptible de modification”, mais dont la tenue n'est en revanche pas remise en cause par l'augmentation du nombre de cas de Delta au fenua ou dans l'hexagone. “C'est une source de vigilance. Mais nous avons appris à vivre avec le Covid”, a assuré le conseiller du Président.
 
Du CHPF à Hiva Oa…
 
Emmanuel Macron sera donc accueilli samedi en fin d'après-midi à l'aéroport, selon un protocole classique pour les chefs d'État, mais également avec ce que l'Élysée décrit comme un “accueil polynésien avec toute la démonstration qu'il peut avoir”, malgré les évidentes restrictions sanitaires. Le Président sera notamment accueilli “par un 'ōrero”, dévoile le conseiller présidentiel. Emmanuel Macron se rendra dans la foulée de son arrivée au Centre hospitalier de Taaone pour une présentation du dispositif de lutte anti-Covid mis en place à l'hôpital. Une visite durant laquelle le chef de l'État veut aller “à la rencontre des soignants” et au cours de laquelle une première prise de parole officielle est attendue.
 
La journée de dimanche s'ouvrira par un dépôt de gerbe au monument aux morts à Papeete. Le chef de l'État prévoit de porter un hommage appuyé aux 80 ans du bataillon du Pacifique et plus généralement aux Polynésiens engagés dans les forces armées françaises. Des Polynésiens qui ne représentent pas moins de 600 recrues par an pour l'Armée. “Soit autant que la région île de France”, a souligné le conseiller du Président. Un temps de rencontre avec des familles de militaires polynésiens morts pour la France est également prévu à l'issue de cette cérémonie. Direction ensuite la présidence où Emmanuel Macron s'entretiendra avec Édouard Fritch, puis avec l'ensemble de son gouvernement. L'objectif étant de présenter les grands enjeux du Pays “centrés sur la situation de la Polynésie française face à l'épidémie de Covid”.
 
Pour son premier déplacement intra-Polynésie, Emmanuel Macron se rendra dans la même journée sur l'île de Hiva Oa aux Marquises. Il sera accueilli sur place par la tavana, Joëlle Frébault, avant de se rendre sur le stade de Atuona pour une manifestation culturelle. Manifestation à l'issue de laquelle, le Président devrait prononcer quelques mots. Le soir même, avant un dîner avec les maires marquisiens, un détour est prévu par le cimetière de Atuona devant les tombes de Jacques Brel et de Paul Gauguin… Le reste de la visite marquisienne se poursuivra lundi matin, avec une séquence dédiée à la culture marquisienne et des visites sur sites dans le cadre de la candidature de l'archipel à l'Unesco. Enfin, dernier acte de ce voyage en Terre des Hommes, le Président s'attardera sur l'antenne du RSMA de Hiva Oa.
 
… et de Manihi à Moorea
 
Au rythme effréné que connaissent les visites présidentielles, c'est dans cette même journée de lundi qu'Emmanuel Macron enchaînera par un passage sur l'atoll de Manihi aux Tuamotu. Au programme : “sécurité civile et changement climatique”. Le Président se rendra sur le site de l'abri de survie de l'atoll, dossier particulièrement cher à l'État ces dernières années. Puis, il assistera à une présentation de la centrale hybride de Manihi, fonctionnant sur un mix fuel et photovoltaïque. La journée se terminera par un retour sur Tahiti, avec une rencontre prévue avec les acteurs économiques locaux dans la soirée au haut-commissariat.
 
Mardi, pour la dernière véritable journée de sa visite officielle, le Président Macron se rendra au port de pêche de Papeete. L'exploitation de la ressource océanique halieutique a visiblement séduit l'Élysée, notamment avec une filière maîtrisée de la construction des navires à la transformation du poisson. “Une pêche durable sans commune mesure avec ce qu'on peut connaître dans les états voisins du Pacifique”, a décrit, admiratif, le conseiller présidentiel… Mais pour aussitôt souligner le rôle de “l'action de l'État en mer” dans la protection de la zone économique exclusive.
 
Dernière visite de terrain, celle de l'île de Moorea avec une présentation du Criobe pour “montrer les efforts de l'État en outre-mer en matière de recherche et surtout de recherche appliquée”. Le Président de la République aura ensuite l'honneur d'être le premier visiteur de l'écomusée Te Fare Natura, dont l'ouverture officielle n'est prévue que le 31 juillet prochain. Emmanuel Macron reprendra ensuite le bateau pour Tahiti. Dernière étape du séjour à la présidence pour un discours final. C'est d'ailleurs à cette occasion que le chef de l'État devrait évoquer publiquement l'épineux sujet du nucléaire.
 
Enfin, pour reprendre pied dans la politique nationale, le chef de l'État présidera à 22 heures le Conseil des ministres en visio-conférence avec Paris. Le départ d'Emmanuel Macron est ensuite prévu mercredi matin.
 

​Les grands axes de la visite

La visite d'Emmanuel Macron “répond à un engagement du Président de la République”, a expliqué le conseiller du président François Guillotou de Kerever. Annoncé de longue date, bien avant l'épidémie de Covid, ce premier séjour présidentiel au fenua s'inscrit dans “le tour de France des territoires du Président”. Symboliquement, avec la levée progressive des mesures de restrictions sanitaires qui ont ponctué l'année 2020 et une partie de l'année 2021, il s'agira également du “premier déplacement en outre-mer du Président depuis le Covid”. Premier objectif affiché de la visite présidentielle : “Réaffirmer notre proximité avec les outre-mer et le lien étroit avec nos collectivités”.
 
Sans surprise, ce déplacement s'inscrira également dans le contexte d'une “poursuite des efforts contre l'épidémie de Covid”, avec notamment la séquence de la visite de l'hôpital de Taaone et la rencontre organisée avec les soignants polynésiens. Autre objectif annoncé par l'Élysée, celui de “réaffirmer notre solidarité nationale”. Le conseiller du Président a insisté sur le statut d'autonomie particulier de la Polynésie française, compétente en matière de santé. Un “équilibre dans les compétences qui fonctionne très bien", défend Paris, citant en exemple les conférences de presse commune État-Pays organisée pendant la crise sanitaire. Pour autant, François Guillotou de Kerever a tenu à le souligner : “l'État a été au-delà de ses compétences pour soutenir la Polynésie française”.
 
Par ailleurs, la visite présidentielle sera l'occasion d'évoquer les enjeux du réchauffement climatiques et les ambitions nationales d'arriver à “une plus grande neutralité climatique”. Pour l'État, la situation des atolls polynésiens permet tout particulièrement “d'illustrer les menaces graves qui pèsent dans le Pacifique” avec la situation concrète de “Français vivant sur des territoires directement menacés par le changement climatique”. Enfin, dernier point et non des moindres, la “question nucléaire” sera abordée dans la “continuité” des travaux de la table ronde organisée début juillet à Paris. Sur ce sujet, le Président entend “prolonger le dialogue étroit et transparent” qu'il estime avoir réengagé avec les différents acteurs du territoire. Des “actions concrètes” sont annoncées sur les plans “de la mémoire”, “de l'indemnisation” et sur “la réparation collective”.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mardi 20 Juillet 2021 à 20:50 | Lu 4311 fois