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Covid-19: J-1 avant le début de la vaccination "grand public"


Le bilan a passé samedi la barre des 70.000 morts depuis le début de l'épidémie.
Le bilan a passé samedi la barre des 70.000 morts depuis le début de l'épidémie.
Paris, France | AFP | dimanche 17/01/2021 - Au lendemain d'une première soirée sous cloche, avec un couvre-feu avancé à 18H00 dans tout le pays, la France se prépare à élargir lundi la vaccination contre le Covid-19 pour tenter de gagner une rude bataille contre le virus qui a déjà fait plus de 70.000 morts.

L'ensemble du territoire métropolitain a expérimenté samedi le couvre-feu vespéral, en vigueur jusque là dans 25 départements, sans encombre majeur, hormis une soirée clandestine dans la banlieue de Grenoble à laquelle la police a mis fin. 

Les dérogations restent les mêmes qu'auparavant (déplacements professionnels, rendez-vous médical, motif impérieux...) mais les commerces, déjà fortement éprouvés depuis près d'un an, doivent baisser le rideau à 18H00.

Une mesure destinée à "réduire encore davantage" les contacts sociaux et qui durera "au moins 15 jours", dixit le Premier ministre Jean Castex. Un nouveau confinement décidé "sans délai" en cas de "dégradation épidémique forte" n'est toutefois pas à exclure. 

Car le pays fait face à la menace de nouveaux variants - britannique et sud-africain - plus contagieux, qui ont déjà forcé plusieurs pays européens à se reconfiner. 

Un cas du variant sud-africain a été détecté à La Réunion, ont annoncé la préfecture et l'agence régionale de santé dimanche, au lendemain d'un autre cas du même type confirmé à Mayotte. Les personnes "ayant voyagé à Mayotte, aux Comores et au Mozambique ces 14 derniers jours" doit effectuer un test RT-PCR "dans les plus brefs délais", a ajouté la préfecture. 

Alors que les services de réanimation, qui accueillent les patients gravement atteints, ne désemplissent pas, avec 2.731 malades samedi et 188 nouvelles admissions en 24 heures, une "poussée" de l'épidémie est probable en mars, a prévenu dimanche Arnaud Fontanet, épidémiologiste membre du conseil scientifique. 

"Malheureusement, par rapport aux variants, qui sont vraiment un changement dans la donne de cette épidémie, je n'ai pas d'argument rationnel pour vous dire qu'on ne va pas subir une progression de l'épidémie qui pourrait commencer en mars-avril", a-t-il expliqué dans l'émission Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro.

Samedi, la maladie a tué 196 personnes, portant le bilan total des décès à 70.142 depuis le début de l'épidémie, selon Santé publique France.

Pour tenter d'enrayer l'épidémie, la course contre la montre se poursuit pour vacciner la population, après un démarrage poussif et critiqué.

Lundi, la campagne va s'élargir aux personnes de plus de 75 ans ne vivant pas en Ehpad (5 millions de personnes), ainsi qu'à près de 800.000 personnes présentant des pathologies à "haut risque" (insuffisances rénales chroniques, cancer sous traitement...).

Engouement

Signe de l'engouement pour le précieux sérum, plus d'un million de rendez-vous pour les deux injections avaient été pris dès vendredi, alors que 833 centres étaient "ouverts et accessibles à la réservation", selon le ministre de la Santé Olivier Véran. 

Mais tous les seniors n'ont pas pu s'inscrire, générant quelques crispations. Dimanche à Paris, la plateforme Doctolib affichait à maintes reprises ce message: "Tous les rendez-vous de vaccination ont déjà été réservés. De nouvelles disponibilités seront accessibles dans les prochains jours".

Dans un pays aux tendances vaccino-sceptiques, un sondage Ifop cité par Le Parisien indique que 54% des Français souhaitent désormais se faire vacciner. C'est 15 points de plus qu'en décembre, note le quotidien, ajoutant que l'idée d'un "passeport vaccinal" pour accéder à certains lieux fait son chemin (62% d'avis favorables pour prendre l'avion, 52% pour les transports en commun). 

Le gouvernement est toutefois "très réticent" à un tel passeport pour voyager a indiqué Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, sur France Info.

Face à cet engouement, M. Véran a invité à la "patience" alors que déjà 6,4 millions de personnes sont appelées à se faire vacciner, en incluant les publics prioritaires comme les résidents d'Ehpad ou les soignants. Il a affirmé que "plus d'un million de vaccinations seront réalisées" d'ici fin janvier, entre 2,4 et 4 millions d'ici fin février.

Mais, alors que seules 413.000 personnes avaient reçu la précieuse première injection samedi soir, des critiques continuent de se faire entendre dans l'opposition et le monde médical.

"Au rythme actuel de livraison, il faudra plus de 4 mois et demi pour vacciner les seules personnes de plus de 75 ans", ont raillé samedi les maires de Dijon et Besançon. 

"Il n'y a pas assez de vaccins pour tout le monde", souligne Jacques Battistoni, président du syndicat de généralistes MG France dans le Journal du dimanche. Prédisant "un faux début" lundi, il reproche au gouvernement de ne pas lancer une campagne de masse, mais "d'organiser des files d'attente!" 

En visite à Lyon samedi, Jean Castex a reconnu que les plus de 75 ans ne pourraient pas être vaccinés "en quelques jours", et appelé à une vaccination "dans le calme".

Côté doses, après des sueurs froides la veille liées à l'annonce d'une baisse de cadence "pour trois à quatre semaines", le groupe américain Pfizer, associé au laboratoire allemand BioNTech, a annoncé samedi un "plan" pour accélérer la production et revenir au calendrier initial de livraisons à l'UE "à partir de la semaine du 25 janvier".

le Dimanche 17 Janvier 2021 à 09:49 | Lu 133 fois