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Correctionnelle : “Au début, ils étaient traumatisés !”


Tahiti, le 29 avril 2025 - Un couple était jugé ce mardi matin pour violence réciproque avec circonstances aggravantes en août 2024 ; ils étaient sous emprise de l’alcool et les faits se sont déroulés sous les yeux de leurs deux enfants. Lui a été condamné à 8 mois avec sursis, elle à 12 mois avec sursis.
 
Ce mardi matin au tribunal correctionnel, les deux prévenus se sont avancés à la barre serrés l’un à l’autre. Mais derrière cette apparente complicité, l’audience a révélé 14 années de vie commune jalonnée de faits de violence. En août 2024, “on n’a pas été dans le drame mais on a commencé à s’en rapprocher”, a résumé la procureure. “C’est vrai que c’est un dossier terrible”, a admis l’avocate du prévenu. “Un dossier très compliqué psychologiquement pour un avocat”, a-t-elle ajouté.
 
Ce jour “apocalyptique”, selon la procureure, l’homme et la femme ont commencé à boire en début d’après-midi tout en fumant du cannabis. Leurs enfants âgés de 12 et 4 ans étaient avec des cousins dans le salon. La jalousie réciproque a mis le feu aux poudres. Tandis que monsieur s’est absenté pour aller aux toilettes, madame a demandé à son fils de lui apporter un couteau. “C’était pour me protéger, j’avais peur qu’il me frappe”, a justifié la prévenue.
 
L’enfant, “l’aîné”, précise la prévenue, est revenu avec une lame trop petite. Il a dû faire demi-tour pour apporter un couteau plus grand. “Vous imaginez ce qui a pu se passer dans sa tête ?”, s’est indigné le président. “Il a pu se dire que cela allait se terminer en boucherie !”
 
La rixe a éclaté. Le prévenu, à son tour, a mandaté ses deux enfants pour désarmer leur mère. Alerté, le père du prévenu est intervenu. Il a découvert en entrant son fils allongé sur le dos, sa belle-fille à califourchon sur lui. Elle tenait le couteau menaçant dans sa main droite, lui essayait de maîtriser sa concubine, une main sur le poignet armé, l’autre main tirant les cheveux de madame.
 
On a arrêté l’alcool et le paka
 
Ce que je retiens de tout cela, c’est que le lendemain, on a signé à la Croix bleue pour cinq ans, on a arrêté depuis l’alcool et le paka”, a conclu le prévenu. Le couple a également fait suivre ses deux enfants. “Au début, ils ont été traumatisés !
 
Quand vous êtes dans cet état, vous faîtes comment pour gérer vos enfants ?”, a interrogé la procureure. “Je m’inquiète pour ces enfants.” Décrivant à nouveau la scène, elle a insisté : “Super, bravo, félicitations !” Elle a rappelé que les enfants avaient besoin de grandir dans un environnement sécurisé pour ne pas développer des dysfonctionnements et difficultés de relation à l’autre, elle est revenue sur les épisodes de violence vécus par le couple depuis des années.
 
En 2015, monsieur a été condamné pour violence, je suppose que c’est vous, madame qui étiez concernée ?” Selon elle, la signature à la Croix bleue ne suffit pas, étant donné l’étalement de la violence dans le temps. Elle a requis huit mois de prison avec sursis probatoire contre le prévenu et 18 mois avec sursis probatoire contre la prévenue avec obligation de soin.
 
L’avocate du prévenu a appuyé dans sa plaidoirie sur “la lumière qui a jailli”. Elle a précisé qu’aujourd’hui, la prévenue avait trouvé un travail, que le prévenu voulait lancer une activité de massage. “Il est vrai que l’on est passé à côté du drame, mais je les félicite d’avoir réagi !” Madame a été condamnée à 12 mois de détention avec sursis, monsieur à huit mois avec sursis.
 

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 29 Avril 2025 à 21:17 | Lu 1439 fois