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Coronavirus: la France à "quelques semaines" du pic de l'épidémie


Paris, France | AFP | mercredi 11/03/2020 - La France accélère les préparatifs dans la perspective d'un pic de l'épidémie due au coronavirus, attendu dans les "semaines qui viennent".

"Le plus dur est devant nous", a prévenu mercredi matin le professeur Jean-François Delfraissy, président du comité national d'éthique.
Pour ce spécialiste des maladies infectieuses, "la question essentielle pour les semaines qui viennent (sera) le pourcentage et le nombre de formes graves" nécessitant une prise en charge notamment en réanimation.
"La stratégie française est d'éviter le schéma italien, confronté à un pic de formes graves sans l'avoir anticipé" a-t-il ajouté sur France Inter, assurant que "la préparation est en train de se faire".
Pour le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, "le passage au stade 3 (épidémique, ndlr) devrait arriver dans les prochains jours", pouvant accentuer localement certaines contraintes face au coronavirus.
Le dernier bilan officiel fait état de 33 décès sur les 1.784 cas confirmés, parmi lesquels 86 malades en réanimation. Toutes les personnes décédées sont des adultes et pour 23 d'entre elles étaient âgées de plus de 75 ans.

- Gel au bureau de vote - 

 
A quatre jours des élections municipales, que le gouvernement exclut de reporter, le ministre de la Santé Olivier Véran envisage des "mesures" pour "protéger les locaux".
Du gel hydroalcoolique sera mis à disposition "à l'entrée et à la sortie" des bureaux a-t-il garanti, et "les électeurs pourront venir, s'ils le souhaitent, avec leur propre stylo sur la liste d'émargement". Certaines communes ont déjà "décidé de procéder à un grand nettoyage des bureaux de vote avant l'élection". "Nous ferons en sorte que ce soit aussi le cas après, partout où c'est nécessaire", a-t-il assuré, à l'occasion d'une visite dans une école francilienne où il a notamment montré à des enfants comment bien se laver les mains.
La contagion touche désormais le gouvernement avec un ministre contaminé et en quarantaine chez lui, Franck Riester (Culture). L'Elysée a renforcé les mesures de protection autour du Président et de ses collaborateurs, en limitant visites et réunions.
"Nous sommes au tout début de cette épidémie", a souligné Emmanuel Macron alors que la plus forte augmentation, de 372 cas supplémentaires en 24 heures, a été enregistré mardi. "Nous vivons une crise exceptionnelle", a-t-il insisté.
Si "80 à 85 % des formes restent bénignes, il reste de nombreuses incertitudes scientifiques sur ce virus", a soulevé le Pr Salomon "Ce n'est pas une grippette, il peut donner des formes graves sur des personnes pas si âgées que ça".
Le Pr Delfraissy relève pour sa part que "la mortalité globale de 1% est nettement supérieure, autour de 12%, pour les personnes âgées de 80 ou 90 ans": "En les protégeant on évite des formes graves, ce qui va être important pour que le système de santé ne soit pas trop embouteillé".
Les autorités font appel aux volontaires de la réserve sanitaire, pour renforcer les personnels de santé, "y compris des étudiants en médecine". L'Ordre des médecins et celui des infirmiers a convié ses adhérents à la mobilisation, notamment les professionnels en retraite depuis moins de cinq ans.
Environ 1.000 tests de dépistage du coronavirus sont pratiqués chaque jour, selon le ministère de la Santé et pour augmenter les capacités, les laboratoires de ville sont autorisés à les pratiquer.
Outre la fermeture des écoles dans les régions les plus touchées pour deux semaines, tous les rassemblements de plus de 1.000 personnes sont interdits en France jusqu'au 15 avril, en plein air comme en milieu clos.
 

-"Pas un chat" -

  
A l'image du match de Ligue des champions PSG-Dortmund, disputé sans public mercredi soir, quelque 450 manifestations sportives de niveau national seront concernés par des mesures de restrictions, selon la ministre des Sports Roxana Maracineanu.
Le festival de Cannes reste "raisonnablement optimiste", mais n'exclut pas une annulation de sa 73e édition (12-23 mai), avoue son président Pierre Lescure au Figaro.
Le monde des spectacles et de la musique craint l'étranglement: pour l’association Tous pour la musique, représentant une trentaine d’organisations de la filière musicale, ces mesures "portent un coup de frein extrêmement brutal (aux) activités, à l’aube de la période la plus dynamique sur tous les territoires".
Dans les localités touchées par le virus, comme à La Balme en Haute-Savoie, l'un des premiers foyers de contamination en France, c'est la déprime: "On n'a que des annulations. Il n'y a pas un chat", soupire la gérante d'un hôtel qui a mis son personnel au chômage technique. 

le Mercredi 11 Mars 2020 à 03:17 | Lu 809 fois