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Coronavirus : Pâques désertes, le pape en appelle à la "contagion de l'espérance"


Rome, Italie | AFP | dimanche 12/04/2020 - Confinés comme la moitié de l'humanité, des centaines de millions de chrétiens célèbrent Pâques dimanche dans des conditions jamais vues, sous l'hydre planétaire de la pandémie du coronavirus à laquelle il faut répondre par "la contagion de l'espérance", selon le pape François.

La maladie Covid-19 a fait à ce jour plus de 109.000 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, un chiffre qui a doublé en un peu plus d'une semaine. Les Etats-Unis sont désormais le pays le plus touché, avec 527.000 cas recensés, le cap des 20.000 morts franchis samedi, selon un bilan de l'université Johns Hopkins.
En Europe, la pandémie a tué plus de 75.000 personnes, dont 80% en Italie, en Espagne, en France et au Royaume-Uni, selon un bilan établi dimanche matin par l'AFP à partir de sources officielles.
Dans un monde "opprimé par la pandémie, qui met à dure épreuve notre grande famille humaine", le pape François en a appelé à "la contagion de l'espérance", au cours de sa traditionnelle bénédiction "Urbi et Orbi" prononcée cette année, virus oblige, à l'intérieur d'une basilique Saint-Pierre désespérément vide.
 

- "Oublier les égoïsmes" -

 
En mondovision, mais entouré d'à peine une dizaine de servants et prêlats, le chef spirituel d'1,3 milliard de catholiques a appelé à la solidarité internationale "en réduisant, si non carrément en annulant, la dette qui pèse sur les budgets des pays les plus pauvres".
Passant en revue les principaux conflits de la planète, François a répété son appel à "un cessez-le-feu mondial et immédiat dans toutes les régions du monde".
Il a apostrophé l'Europe, qui est apparue jusqu'à présent plutôt divisée face à la pandémie, à retrouver "un esprit concret de solidarité", à "avoir recours "à des solutions innovantes" et à oublier "les égoïsmes". 
Eglises désertées, cérémonies sans fidèles, messes sur écran... Ce week-end de Pâques, qui commémore la résurrection du Christ selon la tradition, se déroule dans des conditions totalement inédites, avec des images hallucinantes des monuments célèbres et grandes places dépeuplés partout sur la planète.
A Jérusalem, pour la première fois en plus d'un siècle, le Saint-Sépulcre, où le Christ a été enterré selon la tradition chrétienne, est fermé au public durant tout le week-end. Une brêve célébration menée par une poignée de prêtres y a eu lieu dans la matinée.
Pour Rosa Mastrocinque, catholique de la banlieue de Rome, Pâques au temps du coronovirus, avec ses prières à la maison et ses messes télévisées, est paradoxalement synonyme de "spiritualité accrue", même si la "sociabilité" de sa paroisse et la "communion" lui manquent.
Au Portugal, c'est dans une petite décapotable blanche, une statuette de la Vierge de Fatima posée sur le toit de la voiture ouvrant, qu'un prêtre a parcouru les rues de sa paroisse près de Lisbonne pour bénir les croyants. "Bien que le temple soit fermé, l'Eglise reste vivante", s'est-il réjoui.
 

- "Je leur dois la vie" -

 
Aux Etats-Unis, nouvelle ligne de front de l'épidémie, New York est encore et toujours au coeur de la tourmente, et n'en finit plus de compter ses morts - 8.638 dimanche pour le seul Etat de New York. 
Le maire de la ville, Bill de Blasio, a annoncé que les écoles publiques de la ville resteraient fermées jusqu'à la fin de l'année scolaire pour "aider à sauver des vies".
Le président Donald Trump l'a souligné vendredi : la décision de relâcher les mesures de distanciation et de confinement pour relancer l'économie des Etats-Unis sera "de loin la plus grande décision de ma vie".
Avec un total de 75.011 morts (pour 909.673 cas), l'Europe reste le continent le plus durement touché par la pandémie. L'Italie est en passe de dépasser les 20.000 morts, l'Espagne compte 16.972 décès, avec un bilan quotidien de 619 morts dimanche, reparti à la hausse après trois jours consécutifs de baisse.
Les bilans se sont aussi aggravés en France (plus de 13.800 morts) et au Royaume-Uni, qui a franchi dimanche la barre des 10.000 morts.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson est sorti dimanche de l'hôpital londonien où il était traité depuis une semaine en raison de la maladie Covid-19 : "je ne remercierai jamais assez" le personnel du NHS (services de santé publics), a-t-il déclaré sur Twitter. "Je leur dois la vie". 
"Nous vaincrons le coronavirus et nous le vaincrons ensemble", a-t-il ajouté dans une vidéo publiée par ses services.
 

- A distance même à la plage -

 
La timide tendance à la baisse de la tension hospitalière dans plusieurs pays montre toutefois que le confinement commence à porter ses fruits. 
Pour autant, les contacts des personnes âgées avec leur environnement en Europe vont devoir rester limités au moins jusqu'à la fin de l'année en raison de la pandémie, a averti la présidente de la Commission européenne, Ursula van der Leyen. En France, le président Emmanuel Macron, qui doit s'adresser aux Français lundi soir, envisage une prolongation du confinement jusqu'au moins après le 10 mai.
Toujours en France, l'armée a entamé une opération inédite de débarquement et de placement en isolement sanitaire de 1.900 marins, après l'accostage dimanche à Toulon (sud) du porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle, de retour anticipé pour cause de coronavirus à bord.
En Espagne, destination ensoleillée prisée des touristes internationaux, les règles de distance entre personnes devront rester en vigueur cet été même à la plage, a prévenu la ministre du Tourisme.
En Afrique, où près de 13.000 cas de Covid-19 et près de 700 morts ont été enregistrés selon les chiffres officiels, "le virus se répand au-delà des grandes villes", s'est inquiétée l'OMS.
La Chine, où l'épidémie est globalement endiguée, a annoncé dimanche 97 nouveaux "cas importés" de contamination, principalement le fait de Chinois rentrant chez eux depuis l'étranger, un niveau jamais atteint depuis début mars et la publication de ce décompte.
Les principaux pays producteurs de pétrole vont se réunir une nouvelle fois par visioconférence dimanche à 16H00 GMT, pour freiner la chute des prix de l'or noir.
 

- "cha cha glissé" -

 
Pendant ce temps, les humains confinés continuent chacun à leur manière de gérer l'épreuve de l'isolement et de la "distanciation sociale".
Les Emirats arabes unis ont instauré le mariage à distance pour éviter les rassemblements de nature à favoriser la propagation du virus, a rapporté dimanche l'agence de presse officielle WAM.
Sur les résaux sociaux, encore et toujours, un médecin américain tente ainsi de remonter le moral du personnel hospitalier en première ligne avec ses chorégraphies comme le "corona foot shake" ou le "cha cha glissé" qui font sourire des millions d'internautes.
A New York, comme dansant sur un volcan, des fêtards costumés en licorne géante et drag-queens se trémoussent depuis chez eux aux sons de DJ en ligne et clubs très branchés pour des soirées virtuelles, des "live" marathon sur Instagram. 
"C'est vraiment bizarre d'entendre les sirènes (d'ambulances) hurler toutes les cinq minutes près de mon bâtiment, de voir des gens emmenés sur des civières. C'est dur de penser à s'amuser et de mettre de la musique", confiait néanmoins un de ces noctambules d'internet.

le Dimanche 12 Avril 2020 à 07:56 | Lu 205 fois