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Coopération énergétique franco-allemande: un rapport renvoit à la réalité économique


PARIS, 21 mai 2014 (AFP) - Un rapport français sur la coopération énergétique franco-allemande, présenté mercredi à la presse, insiste sur la nécessité de mieux prendre en compte la dimension économique de la transition énergétique, une critique à peine voilée de l'Allemagne.

"Pour la réussir, la transition énergétique ne doit pas être déconnectée du marché", mais "la cohérence technique doit se doubler d'une cohérence économique", a affirmé le sénateur français Jean Bizet (UMP), auteur du rapport.

Selon lui, le thème du financement de la transition énergétique est "passé sous silence dans les programmes actuels de la coopération franco-allemande tout comme dans les réflexions de Bruxelles" mais "on ne peut pas occulter la donne économique".

Or, "si nous voulons réindustrialiser l'Europe, cela ne peut se concevoir qu'avec une énergie maîtrisée et la moins chère possible", a souligné M. Bizet, sénateur de la Manche et maire de Teilleul, devant quelques journalistes.

Le rapport préconise ainsi "d'éviter le surinvestissement" dans les énergies renouvelables, appelle aussi à résoudre les grands défis que constituent le stockage de l'électricité produite en excès et le développement des réseaux intelligents qui permettent de caler au mieux la consommation finale sur la production. Il conclut que le nucléaire français est "indispensable à la transition énergétique".

"Il faudra bien dépasser nos clivages et nos sensibilités émotionnelles sur le dossier du nucléaire", a lancé M. Bizet, expliquant que "grâce à l'énergie électronucléaire française, nos amis allemands pourront disposer d'une électricité plus respectueuse de l'environnement sans avoir sur leur sol des centrales comportant le mot nucléaires".

En Allemagne, le subventionnement massif des renouvelables a conduit à une forte hausse du prix de l'électricité ces dernières années.

- 'Une coopération renforcée sur l'énergie' -

Le prix de l'électricité y est deux fois plus élevé pour les ménages qu'en France, notamment à cause des taxes qui représentent environ la moitié de la facture outre-Rhin contre un tiers dans l'Hexagone.

M. Bizet, vice-président de la commission des Affaires européennes, a aussi mis en garde contre le risque de "délocalisations énergétiques au profit du continent américain, qui a l'énergie la moins chère et qui envoie vers l'Europe du charbon qui est tout sauf vertueux sur le plan environnemental".

Une autre critique dirigée vers Berlin dont la transition énergétique tournée vers les sources renouvelables privilégie l'extinction de la filière nucléaire au profit temporaire du charbon.

"Ce qui semblait assez vertueux de prime abord, s'avère dans les faits pas tout à fait ça", a observé M. Bizet, rappelant que l'Allemagne produit 176 millions de tonnes de lignite, 13 Mt de houille et importe 50 Mt de houille essentiellement d'Outre-Atlantique.

Conséquence: l'Allemagne, plus gros pollueur de l'Union européenne, qui a accordé 24 milliards d'euros pour soutenir les énergies renouvelables et dédommagé les entreprises électrointensives à hauteur de 5,6 milliards, "a émis 736 millions de tonnes de Co2 en 2013 et la France 350 millions".

Outre-Rhin, la transition butte, selon l'auteur du rapport, "sur les effets délétères" des énergies renouvelables dont "l'intermittence non maîtrisée" exerce "des ravages sur les réseaux électriques mais aussi sur les marchés de gros dont le fonctionnement erratique menace la pérennité des producteurs traditionnels", ce qui reprend les critiques de nombreux énergéticiens.

Tout en estimant que le virage de la politique énergétique allemande "favorise le rapprochement" entre les deux Etats-membres, moteurs de la construction européenne, M. Bizet a déploré que Berlin ait pris une "décision un peu brutale" et "unilatérale", "sans spécialement avoir dialogué avec son partenaire qu'est la France", appelant à des échanges renforcés.

"Il me tarde que nous mettions en place une coopération renforcée sur l'énergie, dans un premier stade avec l'Allemagne, puis avec l'Angleterre et la Pologne".

Avec la France, ces pays représentent ensemble 50% de la production et de la consommation en Europe.

La coopération énergétique franco-allemande se concentre actuellement sur la recherche et le développement et passe par l'Office franco-allemand pour les énergies renouvelables, créé en juillet 2013.

Rédigé par () le Mercredi 21 Mai 2014 à 06:28 | Lu 225 fois