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Climat: Greta Thunberg dénonce "l'inaction politique" après deux ans de mobilisation


Berlin, Allemagne | AFP | jeudi 20/08/2020 -Mobilisée depuis tout juste deux ans pour le climat, la militante suédoise Greta Thunberg a profité d'une rencontre jeudi avec Angela Merkel pour tenter face à "l'inaction politique" de donner un nouveau souffle à son mouvement freiné par l'épidémie de Covid-19.

La date du 20 août revêt une importance "symbolique" a-t-elle confié à la presse après sa rencontre avec la chancelière allemande à Berlin.

Greta Thunberg, alors âgée de 15 ans et encore inconnue, avait en effet entamé le 20 août 2018 une grève scolaire devant le parlement suédois à Stockholm.

Cette mobilisation s'est muée au fil des mois en mouvement, baptisé "Fridays for future", auquel ont participé chaque semaine des milliers de jeunes Européens.

"Déni"

Ce succès, combiné à une poussée du vote écologiste dans nombre de pays, ne semble cependant pas avoir fait avancer la cause climatique, regrette Greta Thunberg.

Dans une lettre au vitriol adressée aux dirigeants européens, elle dénonce ainsi jeudi "l'inaction politique" qui perdure selon elle au sujet de la protection climatique et le "déni" des gouvernements.

"L'UE doit enfin agir, l'Allemagne doit prendre l'initiative : les investissements dans les combustibles fossiles doivent cesser, l'écocide doit devenir une infraction punissable", demande-t-elle.

"Lorsqu'il s'agit d'agir, nous sommes toujours dans un état de déni. La crise climatique et écologique n'a jamais été traitée comme une crise", déplore Greta Thunberg.

La militante de 17 ans a été reçue pendant une heure et demi par Angela Merkel avec d'autres membres du mouvement, Luisa Neubauer (Allemagne), ainsi que Anuna de Wever et Adélaïde Charlier (Belgique).

L'Allemagne, qui assure actuellement la présidence de l'UE, a une "énorme responsabilité, nous voulions être sûre qu'elle porte haut les enjeux", a expliqué Anuna de Wever. "Angela Merkel semble être consciente des enjeux", a abondé Luisa Neubauer.

La chancelière, qui quittera le pouvoir fin 2021, et les quatre militantes, ont "convenu que le réchauffement climatique est un défi mondial et que les pays industrialisés ont une responsabilité particulière dans la lutte contre ce phénomène", a rapporté après la rencontre le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert.

"Opportunité"-

"La base en est la mise en œuvre cohérente de l'accord de Paris sur le climat" qui vise à limiter le réchauffement de la planète à 2° par rapport à l'ère pré-industrielle, a-t-il précisé.

L'entrevue a en grande partie porté, selon la chancellerie, sur l'objectif de neutralité climatique de l'UE d'ici 2050, avec un éventuel objectif intermédiaire d'ici 2030, ainsi que sur la tarification du CO2. 

"L'écart entre ce que nous devrions faire et ce qui est réellement fait se creuse de minute en minute", regrettaient cependant en amont de la rencontre les militantes climatiques.

Malgré la mobilisation "nous avons encore perdu deux années cruciales à cause de l'inaction politique", regrettent les militantes, appelant les pays à arrêter d'urgence tous les investissements dans les combustibles fossiles.

L'Allemagne elle-même est accusée de ne pas faire assez d'efforts. Elle reste fortement dépendante du charbon, exploité jusqu'en 2038, en raison de son abandon progressif du nucléaire après la catastrophe de Fukushima en 2011.

Le pays pourrait toutefois atteindre, grâce à la baisse d'activité liée au coronavirus, son objectif de réduire de 40% par rapport au niveau des années 90 ses émissions.

"La pandémie de nouveau coronavirus offre une énorme opportunité de changer les choses", veut ainsi croire Adélaïde Charlier.

L’épidémie et le ralentissement économique mondial brutal qu'elle entraîne ont certes un effet temporaire positif sur les niveaux d'émission et de pollution. Mais ils compliquent toutefois la mobilisation pour le climat au moment où les craintes concernant l'emploi sont la priorité. 

Fridays for future prévoit une journée mondiale de mobilisation le 25 septembre mais adaptée au contexte sanitaire, marqué dans nombre de pays européens par une hausse des cas. 

"Nous prenons l'épidémie au sérieux, nous cherchons des moyens d'adapter (la mobilisation), avec par exemple moins de monde dans les rues", a indiqué Luisa Neubauer, figure du mouvement en Allemagne.

le Jeudi 20 Août 2020 à 05:25 | Lu 217 fois