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Christine Perez met en valeur "le grand océan"


Christine Perez met en valeur "le grand océan"
TAHITI, le 29 septembre 2020 - Le Moana Nui des Polynésiens, un monde divin propice aux exploits héroïques est un ouvrage de Christine Perez paru chez l’Harmattan en juillet dernier. Il vient d’arriver sur le territoire et est disponible en librairie.

Le travail de Christine Perez se présente en deux volumes et a pour ambition, selon l’auteur elle-même "de mettre en valeur Le Grand Océan".

Il s’intitule le Moana Nui des Polynésiens. Un monde divin propice aux exploits héroïques et parait chez l’Harmattan. Il ne concerne que les sociétés du Triangle polynésien (contrairement aux publications précédentes).

Les conditions imposées par le comité de lecture de l’éditeur pour ces deux opuscules étaient "que ce ne soit pas des ouvrages de recherches purs, ni des ouvrages de vulgarisation totale, mais qu’ils établissent un juste équilibre entre ces deux catégories", indique Christine Perez en préambule.

L’eau au cœur des vies

Le volume 1 montre comment Le Grand Pacifique a toujours occupé une place de premier plan dans l’imaginaire comme dans la vie des communautés insulaires.

L’eau est présente partout, elle est celle du Moana Nui, des rivières et des sources, des larmes recueillies rituellement, du ventre de la mère dans laquelle baigne le petit de l’homme. Elle est vivante, divinisée. Elle est partie intégrante des rituels qui conduisent l’homme de la naissance à la mort. Elle est aussi purificatrice, elle a le pouvoir de laver les fautes des hommes. Mais peut aussi être maléfique.

L’élément liquide donne naissance à une "pépinière" de héros, hommes et femmes, qui interagissent au quotidien entre le monde des dieux et le monde des hommes, laissant dans la tradition orale des "exploits" que chaque île, chaque archipel, s’approprie à sa manière. Ce premier volume s’attache à présenter les plus représentatifs.

Appréhender les modes de vie ancestraux

Le volume 2 poursuit l’étude en montrant comment la culture ancestrale lie les Polynésiens entre eux et détermine leur rapport au monde qui se transforme.

La culture ne constitue pas une structure figée : elle représente un effort spécifique de compréhension de l’univers et un effort de "socialiser" la nature et leur environnement hors du commun. Les sociétés traditionnelles constituent un système dynamique pour les peuples polynésiens éparpillés à la surface du Moana Nui, qui portent en eux ces dynamismes.

Le nouveau regard porté désormais sur les modes de vie ancestraux, sur la fantasmatique nécessaire pour comprendre le monde, loin de se laisser prendre au mythe de sociétés harmonieuses et stables, s’efforce de restituer les propriétés dynamiques des systèmes du "vivre ensemble" des ancêtres confrontés à un environnement souvent hostile qui génère un sentiment de vulnérabilité́.

Les ancêtres des Polynésiens ont eu des réponses appropriées à leur conception de l’univers. Le regain d’intérêt, la réhabilitation des langues régionales ont permis de mieux appréhender les modes de vie ancestraux du fait que les ancêtres structuraient, comme les hommes d’aujourd’hui, leur environnement à l’aide de catégories linguistiques propres à leur groupe.

Une découverte "stupéfiante"


Maître de conférences en histoire des mondes anciens, Christine Perez a travaillé pendant 22 ans sur les sociétés anciennes de la Méditerranée au sein d’un centre de recherches du CNRS à Besançon dans lequel elle était chargée d’un axe de recherches intitulé "Le réseau sémantique de l’esclavage et de la dépendance dans la littérature grecque et romaine".

De 1992 (date de son arrivée à Tahiti) à 2015, elle a enseigné à l’UPF l’histoire des sociétés anciennes de la Méditerranée. En parallèle, elle s’est intéressée à l’Antiquité polynésienne, avant l’arrivée des missionnaires et l’évangélisation.

"Ce fut une découverte magistrale, stupéfiante au sens littéral du terme" dit-elle. Elle s’est passionnée pour ces cultures et ces formations insulaires dont le fonctionnement ressemblait tellement à celui des sociétés insulaires de la Méditerranée antique, à l’époque des royaumes d’Ulysse, Achille, Agamemnon…

Elle a pu y découvrir les mêmes conditions d’insularité où le vivre ensemble doit être respecté par tous, avec des tapu très forts, avec les mêmes systèmes de réponse.

L’histoire des religions, l’invention mythique qui fournit aux hommes des réponses à leurs questionnements primordiaux a toujours été pour elle un domaine de prédilection.

Avec son dernier ouvrage qui paraît en deux volumes, elle a voulu "rendre hommage à la civilisation de la pirogue. Dans le tome 2, j’ai tout un chapitre sur le regain de faveur du va’a, des courses de va’a."

Elle a par ailleurs voulu insister sur l’influence de la mythologie polynésienne jusque dans l’approche des studios Disney. "C’est la raison pour laquelle je conclus par un chapitre sur Moana / Vaiana."

Tome 2
  • Tome 2
  • Tome 1

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 29 Septembre 2020 à 06:34 | Lu 2248 fois