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Cazeneuve: un discours de politique générale qui devrait rassembler assez largement à gauche


Paris, France | AFP | mardi 13/12/2016 - Bernard Cazeneuve, promis au bail à Matignon le plus court de la Ve République, devrait réunir une majorité assez large mardi autour de sa déclaration de politique générale, lui qui ne veut pas se contenter d'"éteindre la lumière" du quinquennat Hollande.

Une semaine après la passation de pouvoirs avec un Manuel Valls lancé dans la course à la primaire de la gauche, le nouveau Premier ministre est attendu à la tribune de l'Assemblée nationale à 15H00 pour environ une heure de discours. S'ensuivra un débat et un vote de confiance au résultat attendu vers 19H00.

Dans la soirée, l'ancien ministre de l'Intérieur défendra, dans le même hémicycle, une cinquième prolongation de l'état d'urgence, jusqu'au 15 juillet.

A 130 jours du premier tour de la présidentielle et deux mois et demi de la fin de la session parlementaire, M. Cazeneuve aurait pu renoncer à engager la responsabilité de son gouvernement.

Cela aurait assurément alimenté les critiques de la droite, qui raille déjà un Premier ministre devant "fermer les lumières" après la renonciation de François Hollande à briguer un second mandat. "A défaut d'avoir de la matière", M. Cazeneuve va "prendre un plaisir infini à s'écouter parler", a grincé mardi le patron des députés LR, Christian Jacob.

Egalement contre, les élus UDI ne veulent pas "servir de roue de secours dans les cinq derniers mois", selon leur président Philippe Vigier.

Lors de la passation à Matignon, Bernard Cazeneuve avait déjà essayé d'effacer cette image, lui qui va battre le record des dix mois à Matignon d'Edith Cresson: "Chaque jour est utile, chaque jour compte".

Le troisième Premier ministre de François Hollande a placé son quinquamestre sous le mot d'ordre de la "protection" des Français face à la menace terroriste mais aussi pour la protection sociale, alors que la gauche donne de la voix contre la "purge" du candidat de la droite, François Fillon.

- 'Standing ovation' -
Autre objectif, selon son entourage: "mener à son terme l'action de redressement engagée par ses prédécesseurs" en finalisant quelques dossiers (investissements d'avenir, compte pénibilité...) et en prenant les cruciaux décrets d'application de lois du quinquennat.

Il ne prononcera pas un discours d'annonces, mais Cazeneuve entend aussi "préparer l'avenir", notamment revenir sur la "transition énergétique" après le dernier pic de pollution.

Si l'enjeu reste limité, le vote aura aussi valeur de nouveau test pour la majorité.

Fidèle appui du chef de l'Etat, Bernard Cazeneuve crispe moins l'aile gauche que Manuel Valls, qui avait dû batailler avec les "frondeurs" du PS.

L'un d'entre eux glisse n'avoir "rien à lui reprocher", et "on peut discuter" avec lui. "On va voter la confiance", pronostique Pascal Cherki.

"C'est quelqu'un de très respectueux des différentes sensibilités dans l'hémicycle", renchérit André Chassaigne (Front de gauche), même si son groupe votera contre car Bernard Cazeneuve "ne sera que l'exécuteur testamentaire de la politique de François Hollande et Manuel Valls".

Les socialistes apporteront un "soutien plein et entier à un Premier ministre qu'ils respectent", a glissé Olivier Faure, tout nouveau président du groupe, dont l'élection a créé la surprise car il n'était pas le favori des légitimistes. M. Cazeneuve a eu droit à une "standing ovation" en réunion de groupe.

Voulant donner "une image de fierté" du travail accompli et créer "toujours les conditions du rassemblement" à l'approche de la primaire, le chef du gouvernement a aussi promis "une loyauté impeccable" envers François Hollande. Et si cette valeur est démodée, "comme on me dit que je le suis, je l'assume totalement", a-t-il souri, selon des propos rapportés.

M. Valls s'était soumis à deux déclarations de politique générale: début avril 2014 après sa nomination, en septembre suivant après l'éviction d'Arnaud Montebourg et Benoît Hamon du gouvernement.

Au premier vote, M. Valls avait réuni 306 voix pour lui. Au second, 269 voix, bien en-dessous du seuil des 289 de la majorité absolue.

En parallèle mardi après-midi au Sénat, le numéro deux du gouvernement, Jean-Marc Ayrault, lira la même déclaration, et il y aura mercredi après-midi dans la haute assemblée un débat, mais sans vote, en présence de M. Cazeneuve.

Rédigé par () le Mardi 13 Décembre 2016 à 05:06 | Lu 192 fois