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Caracas suspend des compagnies aériennes, Les Etats-Unis maintiennent la pression


Crédit Federico PARRA / AFP
Crédit Federico PARRA / AFP
Caracas, Venezuela | AFP | jeudi 27/11/2025 - L'Association internationale du transport aérien (Iata) a demandé jeudi à Caracas de reconsidérer sa décision de retirer les licences de six compagnies aériennes ayant suspendu leurs vols vers le Venezuela en raison de l'activité militaire dans la région après un avertissement des États-Unis, qui maintiennent la pression sur Caracas.

L'armée américaine a déployé dans les Caraïbes le plus grand porte-avions du monde, l'USS Gerald Ford, et son groupe aéronaval, officiellement pour des opérations antidrogue.

Donald Trump souffle le chaud et le froid sur la possibilité de frappes sur le territoire vénézuélien. Le président a autorisé des actions clandestines de la CIA au Venezuela et rappelé qu'il n'excluait pas une intervention militaire, tout en assurant qu'il allait parler avec le président vénézuélien.

Nicolas Maduro dénonce ce déploiement comme une menace visant à le renverser et à s'emparer des réserves de pétrole du pays. 

Jeudi, pour Thanksgiving, le ministre de la Défense américain Pete Hegseth, qui la veille avait obtenu que la République dominicaine prête ses installations pour les opérations, était justement sur le porte-avions Gerald Ford où il a servi la traditionnelle dinde aux "guerriers qui veillent à la sécurité" que ce soit aux États-Unis ou "en mer en luttant contre les cartels".

Ces derniers jours, une activité constante d'avions de combat américains a été enregistrée à quelques dizaines de kilomètres des côtes vénézuéliennes, selon des sites de suivi des aéronefs.

Les compagnies espagnole Iberia, portugaise TAP, colombienne Avianca, brasilo-chilienne Latam, brésilienne GOL et turque Turkish Airlines se sont vues retirer leurs licences leur permettant de desservir le pays "pour s'être jointes aux actes de terrorisme d'Etat promu par le gouvernement des Etats-Unis en suspendant unilatéralement leurs opérations aériennes commerciales", a annoncé l'Institut national de l'aviation civile (Inac) vénézuélien.

Le 21 novembre, l'Administration fédérale de l'aviation américaine (FAA) avait exhorté les aéronefs survolant l'espace aérien vénézuélien à faire preuve d'une extrême prudence en raison de la dégradation de la situation sécuritaire et de l'intensification des activités militaires au Venezuela et dans ses environs.

Plusieurs compagnies aériennes avaient suspendu leurs vols et plus de 8.000 passagers de plus de 40 vols ont été affectées, selon les données de l'Association nationale des agences de voyage et de tourisme (Avavit).

À l'aéroport de Maiquetia de Caracas, le principal du Venezuela, les bureaux des compagnies aériennes suspendues étaient fermés avec sur leurs portes des affiches comportant des indications sur les vols annulés, a constaté une équipe de l'AFP. 

"Il y a de l'incertitude", a commenté à l'AFP Glenis Trujillo, une ingénieure de 60 ans qui voyageait du Venezuela au Chili sur un vol de la compagnie panaméenne Copa et prévoit de revenir dans trois mois.

- "Disproportionnée" -

Le ministre portugais des Affaires étrangères, Paulo Rangel a qualifié jeudi de "totalement disproportionnée" la décision de Caracas, estimant ne pouvoir ignorer "une alerte indiquant qu'il n'y a pas de conditions de sécurité pour permettre que des vols atterrissent à Caracas".

Une source d'Iberia a déclaré à l'AFP que le souhait de la compagnie "est de reprendre les vols vers le Venezuela dès que possible, dès que les conditions de sécurité seront pleinement réunies".

Le ministre de l'Intérieur vénézuélien Diosdado Cabello a lui critiqué l'alerte de Washington, soulignant que des avions américains transportant des migrants expulsés continuent d'arriver chaque semaine au Venezuela. Mercredi, un avion arborant le drapeau américain est arrivé avec 175 expulsés.

Dans un message télévisé à l'armée, Nicolas Maduro, évoquant "17 semaines de guerres psychologiques" a estimé que "des forces étrangères impérialistes menacent continuellement de perturber la paix de la mer des Caraïbes, de l'Amérique du Sud et du Venezuela, sous des prétextes fallacieux et extravagants", appelant l'armée à rester "imperturbable" et "en alerte". 

Le ministre de la Défense du Venezuela, Vladimir Padrino Lopez, a lui critiqué la coopération militaire entre les États-Unis et certains de ses voisins des Caraïbes: "des gouvernements serviles qui se prêtent au jeu impérialiste, pour militariser les Caraïbes", en référence à la République dominicaine et à Trinité-et-Tobago, petit archipel anglophone situé à une dizaine de kilomètres du Venezuela qui a réalisé des exercices militaires avec les Etats-Unis ces dernières semaines.

Depuis septembre, les forces américaines ont ciblé plus de 20 navires soupçonnés de trafic de drogue dans la mer des Caraïbes et le Pacifique Est, faisant au moins 83 morts. 

le Vendredi 28 Novembre 2025 à 05:42 | Lu 201 fois