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Calédonie: Lecornu propose "une implication plus forte de l'Etat" dans la reprise de l'usine Vale


Nouméa, France | AFP | lundi 10/01/2021 - Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a proposé lundi "une implication plus forte de l'Etat" dans la reprise de l'usine de nickel de Vale en Nouvelle-Calédonie, qui suscite de vives tensions entre loyalistes et indépendantistes.  

"Parce que nous voulons tendre une dernière fois la main, je suis prêt au nom du gouvernement à faire une proposition nouvelle et forte. Je suis prêt à discuter d'une implication plus forte de l'Etat dans l'usine du Sud", a déclaré M.Lecornu, lors d'une allocution diffusée par Nouvelle-Calédonie La 1ère.     

Il a toutefois posé deux conditions à cette offre: "les leaders indépendantistes doivent revenir à la table des négociations" et "si la Nouvelle-Calédonie devient indépendante, la France se désengagera" de cette usine.       

"Une nouvelle implication de l'Etat sera inévitablement liée à l'avenir institutionnel (...). La proposition que je fais devra donc être assortie d'une clause résolutoire en ce sens", a précisé le ministre des Outre-mer. 

Un troisième référendum sur l'indépendance doit avoir lieu d'ici 2022, après celui du 4 octobre dernier, remporté par les pro-français (53,3%).      

Il n'a pas détaillé la forme de cette "implication" mais elle pourrait, selon des sources proches du dossier, s'incarner par une prise de participation au capital, qui s'ajouterait aux 60 milliards de francs Pacifique français (500 millions euros) déjà apportés en prêt, garanties et défiscalisation.     

La reprise de l'usine métallurgique du groupe brésilien Vale, adossée au riche et stratégique gisement de Goro (sud), menace de déstabiliser l'archipel et a déclenché une flambée de violences mi-décembre.      

Actuellement, l'unité classée Seveso, qui représente 3.000 emplois, est à l'arrêt et sous protection de forces de l'ordre, après avoir été prise d'assaut par des émeutiers et cible d'une multitude d'exactions.          

Vale a conclu le 9 décembre un accord ferme avec un consortium calédonien et international, incluant le négociant en matières premières Trafigura, soutenu par l'Etat et la province sud, dirigée par les non-indépendantistes.    

Or, les indépendantistes du FLNKS, ainsi que les chefferies kanak et plusieurs syndicats et associations écologistes, y sont farouchement hostiles et dénoncent "un projet de spéculation et de prédation des ressources".      

Ils ont récemment réclamé "une solution transitoire (...) pour permettre l'émergence d'un projet négocié", tout en réaffirmant leur opposition à la venue de Trafigura.       

Dans son allocution, M. Lecornu a toutefois insisté sur le fait qu'il n'y avait "qu'un seul repreneur" (le consortium avec Trafigura, ndlr) et que "dans l'hypothèse (qu'il) n'ose imaginer" où sa proposition "serait refusée, l'Etat prendra ses responsabilités et ceux qui cherchent à (la) faire échouer devront prendre les leurs".

le Lundi 11 Janvier 2021 à 05:05 | Lu 384 fois