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Calédonie: Ayrault "dans les pas" de ses prédécesseurs socialistes


Calédonie: Ayrault "dans les pas" de ses prédécesseurs socialistes
NOUMÉA, 26 juillet 2013 (AFP) - Jean-Marc Ayrault s'est inscrit, vendredi au premier jour d'un voyage en Nouvelle Calédonie, "dans les pas" de ses prédécesseurs socialistes Michel Rocard et Lionel Jospin, signataires des accords de Matignon (1988) puis de Nouméa (1998) qui ont instauré une paix durable sur le Caillou.

"Mon ambition est de m'inscrire dans les pas et dans la cohérence de Michel Rocard et de Lionel Jospin. Je serai le garant du processus politique engagé depuis 1988", a déclaré le Premier ministre devant le Congrès calédonien, les parlementaires et les membres du gouvernement.

Venu à l'occasion des 25 ans des accords de Matignon, qui ont mis fin à ce climat de guerre civile qui secouait cette collectivité du Pacifique sud, et des 15 ans de l'accord de Nouméa qui a étoffé le rééquilibrage économique entre Kanaks et Caldoches, M. Ayrault a rassuré les élus de tous bords sur la volonté de l'Etat "d'appliquer scrupuleusement" l'accord de Nouméa.

"Une émotion m'étreint", a-t-il lâché, lui qui avait accompagné Lionel Jospin en 1998, comme président du groupe PS à l'Assemblée nationale, à la signature de cet accord.

Il prévoit un processus de décolonisation dont le terme approche: le Congrès qui sortira des élections territoriales de 2014 aura la charge de fixer la date d'un référendum d'autodétermination d'ici 2018. Si cela n'est pas fait, il revient à l'Etat de l'organiser.

"L'Etat remplira ses obligations. Personne ne doit en douter", a affirmé M. Ayrault qui a aussi évoqué en incidente la possibilité que les Calédoniens puissent choisir une autre voie, "une solution consensuelle", autrement dit un nouvel accord qui éviterait un référendum, potentiellement porteur de tensions entre les communautés.

D'ici à ces échéances, l'Etat va continuer les transferts de compétences prévus et l'accompagnement ad hoc. A ce sujet, le prochain comité des signataires de l'accord de Nouméa, qui en suit l'application, se tiendra le 11 octobre à Paris.

M. Ayrault n'a eu de cesse, au cours de ses rencontres, de louer "la force de l'esprit de paix et de réconciliation" qui règne en Nouvelle-Calédonie, un territoire où un "destin commun" des communautés reste à inventer.

Rappelant "l'héritage inestimable" laissé par la "clairvoyance historique" en 1988 des leaders autonomiste Jacques Lafleur et indépendantiste Jean-Marie Tjibaou, M. Ayrault a exhorté les élus à ne "jamais rompre les fils du dialogue".

Le Premier ministre s'est rendu au Sénat coutumier, assemblée des représentants des aires coutumières kanakes, pour y "faire la coutume", cet échange rituel de cadeaux et de paroles, avant de s'entretenir avec les "sages" dans la grande case du Sénat, assis en tailleur sur des nattes.

Porte d'entrée symbolique du pays Kanak, le Sénat a ouvert à Jean-Marc Ayrault les "chemins du pays". Il les sillonnera samedi dans les deux provinces gérées par les Kanaks: celle du Nord pour visiter l'usine de nickel de Koniambo, preuve concrète du rééquilibrage économique, puis celle des îles Loyauté en allant se recueillir à Ouvéa, théâtre d'une sanglante prise d'otages en 1988.

Rédigé par () le Vendredi 26 Juillet 2013 à 05:52 | Lu 246 fois