Tahiti Infos

COPF – Tauhiti Nena : ‘Il nous faut ces Jeux du Pacifique de 2023’

La Polynésie est candidate pour l’organisation des Jeux du Pacifique de 2023 face aux îles Salomon. En cas de succès, le soutien de l’Etat pour renouveler les infrastructures serait de l’ordre de 12 à 15 milliards. Le COPF porte cette candidature et doit compter sur le soutien du Pays, de l’Etat et même des partis politiques de Polynésie. Une mission du comité des Jeux est à Tahiti pour trois jours afin de produire un rapport qui accompagnera le dossier de candidature.


Bernard Costa, Tauhiti Nena et Johann Bouit
Bernard Costa, Tauhiti Nena et Johann Bouit
PIRAE, le 7 mars 2016. Pour rappel, en début d’année le président du comité olympique de Polynésie française, Mr Tauhiti Nena, a été réélu pour un troisième mandat de quatre ans à la tête de cet organisme qui fédère l’ensemble des fédérations sportives de Polynésie Française. Le COPF fait face actuellement à un enjeu de taille : porter la candidature de la Polynésie pour l’organisation des Jeux du Pacifique de 2023, soit un an avant la candidature portée par la France pour les Jeux Olympiques de 2024.
 
Pour cette candidature, la Polynésie sera opposée aux îles Salomon, l’issue du vote des 22 Pays membres sera divulguée les 12 et 13 mai prochains. Comme la Ministre de l’Education et des Sports Nicole Sanquer a pu l’exposer lors d’une réunion avec les présidents de fédération jeudi dernier, la Polynésie se prépare à rénover ses infrastructures sportives et à en construire de nouvelles.
 
Si la Polynésie obtient l’organisation des Jeux de 2023, l’Etat français aidera la Polynésie à mettre à niveau ses structures en fonction de cet enjeu. Cet investissement profitera au mouvement sportif en général. Il y aura également un effervescence économique avant, pendant et pourquoi pas après ces Jeux, qui pourraient être de surcroit les premiers Jeux Continentaux de l’histoire de l’Océanie, avec la participation de l’Australie et la Nouvelle Zélande à toutes les disciplines.
 
L’autre enjeu derrière le succès espéré de la candidature de la Polynésie, est la reconnaissance de la Polynésie Française par le Comité Olympique International (CIO). Elle aurait pour conséquence le versement du CIO vers le COPF de 100 à 200 millions fcp de budget de fonctionnement annuel. Le statut autonome de la Polynésie a pour l’instant bloqué cette affiliation mais le COPF fait campagne et des ouvertures pourraient se créer puisque certains petits pays du Pacifique bénéficient de ce soutien du CIO.
 
Pour obtenir le vote d’au moins 12 Pays membres du ‘Pacific Games Council’ le COPF doit faire campagne. Salomon a bénéficié de 15 Mcp pour sa campagne, nous on a eu difficilement 2Mcp mais on va faire avec’ a déclaré M. Nena. Johann Bouit, le président de la fédération de foot US est anglophone, il a été chargé de faire une tournée de lobbying chez nos voisins du Pacifique qui voteront pour l’attribution des Jeux. La mission a été financée pour 2Mfcp par le Pays et pour 2Mcp par le COPF.
 
Pour Johan Bouit, il s’agira de profiter de ces déplacements pour faire du lobbying pour le vote mais également pour créer du contact avec nos cousins du Pacifique en vue de partenariats, d’échanges comme il a déjà pu le faire pour le foot US.
 
Une mission d’évaluation du comité des Jeux du Pacifique sera présente à Tahiti pour trois jours au frais du COPF (8,9 et 10 mars), elle visitera les infrastructures et assistera à plusieurs diners-débat avec les fédérations sportives de Polynésie en vue d’établir un rapport qui accompagnera le dossier de candidature de la Polynésie.
 
M. Nena a fini sa présentation au siège du COPF en regrettant que la fédération de rugby, de Dragon Boat n’aient pas eu le renouvellement de leur délégation de service public. La fédération de Paintball également a été remise en question. Ces fédérations ont jusqu’au 15 mai pour revoir ou compléter leur dossier avant que la Ministre n’entérine sa décision.

Le stade de Punaruu sera fermé du 14 mars au 31 juillet, la démonstration que nos infrastructures sportives ont besoin d'être remises à niveau
Le stade de Punaruu sera fermé du 14 mars au 31 juillet, la démonstration que nos infrastructures sportives ont besoin d'être remises à niveau
Bernard Costa trésorier général du COPF :
 
Quels sont les enjeux liés au comité olympique international ?
 
« Tahiti n’est pas affiliée au CIO par rapport au statut. Depuis 15 ans, pour être affilié, il faut être un pays indépendant et membre de l’Onu. Ce n’est pas le cas de Tahiti, par contre il y a plusieurs pays dans la région qui ne répondent pas à ces exigences parce qu’ils ont été affiliés avant que cette barrière soit mise. Il y a quelque part une rupture d’égalité au niveau juridique et c’est là dessus qu’on essaie de faire avancer notre dossier pour que Tahiti, comme les îles Cook, les îles Marshall ou Guam puisse être affiliée au CIO et puisse bénéficier des moyens que distribue la solidarité olympique, ce qui viendrait compléter les budgets d’investissement qu’on peut mobiliser en Polynésie. »
 
Quel type de dotation représenterait une affiliation au CIO ?
 
« Le CIO rétrocède, à partir des droits télévisuels et tout un tas d’autres ressources qu’il possède au niveau mondial, des budgets de 100 à 200 millions par an pour aider au fonctionnement. Il y a aussi à côté de ça, pour les pays émergents au niveau sportif, des budgets au titre de la solidarité olympique qui viennent soutenir les investissements pour compléter les équipements sportifs. C’est le cas de l’ensemble de nos voisins affiliés au CIO, ils reçoivent en plus des 100 à 200 millions de budget de fonctionnement à l’année, 40,50 à 60 millions pour l’investissement. »
 
Les Jeux de 2023 pourraient être les premiers Jeux continentaux de la zone Océanie ?
 
« Le mouvement olympique est structuré de façon pyramidale. Les Jeux Olympiques c’est le sommet de la pyramide, dessous il y a les Jeux Continentaux organisés par le mouvement olympique sur chaque continent et qui sont automatiquement qualificatifs pour les Jeux Olympiques. L’Océanie, jusqu’à ce jour, est le seul continent à ne pas posséder des Jeux Continentaux. Le comité olympique international, depuis quelques années, cherche une structure pour organiser ces Jeux Continentaux. Les Jeux du Pacifique existant depuis plusieurs dizaines d’années, il y a un rapprochement entre l’organisation de ces Jeux et le mouvement olympique international, pour que ces Jeux servent de support à des Jeux Continentaux. »
 
« Pour cela, il fallait intégrer l’Australie et la Nouvelle Zélande pour que l’ensemble des Pays de l’Océanie soient représentés. Au moment du vote, Tahiti a été prépondérant dans l’acceptation de l’intégration de ces deux Pays. Cela s’est joué à une voix et Tahiti a même fait du lobbying pour le oui. La première étape a été lors des Jeux de Papouasie, l’intégration de l’Australie et la Nouvelle Zélande sur 4 disciplines. Aux Jeux de 2019, il y a aura une dizaine de disciplines dans lesquelles l’Australie et la Nouvelle Zélande seront représentées et aux Jeux de 2023, ces deux pays seront présents dans l’ensemble des disciplines. Ces Jeux deviendront alors des Jeux Continentaux. »
 
Paris est sensible à l’importance des enjeux liés à l’organisation de ces Jeux ?
 
« Tout à fait, justement parce que ce seront les premiers Jeux Continentaux puisqu’avec l’ambition de Paris d’accueillir les Jeux de 2024, si Tahiti accède à l’organisation des Jeux Continentaux de 2023, cela va permettre à la France d’avoir un lobbying très favorable pour la candidature de Paris aux Jeux de 2024, après trois échecs. »
 
« La France s’engage, si la Polynésie obtient l’organisation des Jeux de 2023, à accompagner la Polynésie en terme de budget d’investissement pour l’ensemble des infrastructures qui seront à rénover ou à construire, pour un montant estimé de 12 à 15 milliards. »

12 à 15 milliards pourraient être investis par l'Etat pour la remise à niveau des infrastructures sportives de Polynésie, en cas de succès de la candidature portée par le COPF
12 à 15 milliards pourraient être investis par l'Etat pour la remise à niveau des infrastructures sportives de Polynésie, en cas de succès de la candidature portée par le COPF
Tauhiti Nena, président du COPF :
 
Pourquoi est-ce essentiel d’obtenir l’organisation de ces Jeux ?
 
« Il nous faut ces Jeux, c’est essentiel pour le mouvement sportif, pour le mouvement scolaire également car ce sera l’occasion de renouveler nos installations sportives. On a la chance d’avoir des clubs bâtisseurs qui ont un patrimoine important. Cela permettra de rénover les installations dans les communes mais aussi de créer de nouvelles structures, palais des sports et autres. Cela permettra de redynamiser tout le secteur sportif. »
 
« Si on prend l’exemple de la natation, si on construit une piscine à Taravao et une autre en zone urbaine, on doublera les licenciés, idem pour d’autres disciplines. Cela aidera le pays car on a plus d’une centaine de milliards de dépenses de santé par an, je le répète encore car j’en suis convaincu, on développera la Pays par le sport, la prévention. La pratique d’une activité sportive régulière règlera pas mal de points. »
 
« Au niveau scolaire également, les élèves manquent d’installations sportives. Au niveau de la représentativité du Pays, atteindre le haut niveau c’est également le moyen de promouvoir notre pays. Un autre point important, c’est que ce seront les premiers Jeux Continentaux avec la participation de la Nouvelle Zélande et l’Australie dans toutes les disciplines, on pourra être une vitrine pour le monde entier. »
 
Une mission est là pour évaluer la situation locale ?
 
« Tahiti et Salomon sont candidats pour 2023. A deux-trois mois de l’annonce des résultats, une mission composée du président du conseil des Jeux et des directeurs administratifs est là pour voir si on répond bien aux 316 points de la charte des Jeux du Pacifique. Aujourd’hui, il nous reste une dizaine de points à régler qui relèvent du Pays. Une rencontre avec le Président du Pays est prévue, le représentant de l’Etat et autres pour que des engagements soient signés, pour que notre dossier soit validé officiellement, pour que notre candidature soit éligible les 12 et le 13 mai. »
 
C’est un dossier primordial pour le COPF qui a été reconduit dans ses fonctions en début d’année ?
 
« Je remercie tous les présidents de fédé qui nous soutiennent. On est tous des passionnés, c’est ce qui fait qu’on arrive à se réunir. Même si politiquement on a pas les mêmes orientations, au niveau du sport on est tous d’accord pour que demain on puisse être affiliés au CIO, ce qui serait idéal, et surtout pour obtenir ces Jeux de 2023, les premiers Jeux Continentaux. C’est important que l’on puisse avoir une visibilité au delà du Pacifique, au niveau international. »
 
C’est important que le COPF soit bien en phase avec le Pays, avec le Ministère des Sports ?
 
« C’est une obligation au niveau de la charte. Pour cette candidature on a l’obligation d’avoir le soutien du Pays, de l’Etat et même des partis politiques qui sont dans l’opposition. Selon la charte, tout le monde doit être derrière notre candidature. J’ai eu l’occasion de rencontrer la Ministre, le Président du Pays, les représentants du Haut Commissaire ainsi que les trois groupes politiques représentés à l’assemblée. Aujourd’hui, on est tous unanimes et on soutient tous notre candidature pour ces Jeux de 2023. » SB

Rédigé par SB le Lundi 7 Mars 2016 à 14:26 | Lu 2761 fois