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CA de la CPS : Ronald Terorotua est mis sur la touche


CA de la CPS : Ronald Terorotua est mis sur la touche
Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Luc Tapeta a bien assuré ses arrières cette année. Lui, le grand perdant de la dernière élection à la présidence du CA, le 3 juin 2011, qui avait assisté dépité à l’élection d’un Ronald Terorotua triomphant, à la tête du Conseil. Bien qu’absent, puisqu’en déplacement à Paris, cette fois-ci le représentant du Medef au Conseil d’administration de la CPS a été choisi avec une coquette majorité pour en assumer la fonction de PCA, mardi matin 29 mai.
Luc Tapeta a été élu par 21 voix sur 26 à la tête d’un bureau dont il semble être l’architecte avec Patrick Galenon (CSTP-FO) élu par 16 voix comme vice-président. Charles Charles Beaumont (syndicat des restaurateurs) est élu secrétaire général par 21 voix et Cyril Le Gayic (CSIP), secrétaire adjoint ayant recueilli 17 voix.

Ronald Terorotua a présenté sa candidature pour être réélu président. Il recueille 3 voix. Il a présenté sa candidature pour le poste de vice-président et a recueilli 10 voix. Il se trouve sans mandat électif à la CPS.

A la CPS, on parle beaucoup de « gentlemen agreement ». Il est de coutume en effet que représentants du patronat et des salariés se partagent la présidence, tous les deux ans en alternance. L’usage indique aussi que le président sortant passe vice-président.
Mais c’est un tout autre « gentleman agreement » qui a valu à Ronald Terorotua d’être totalement évincé du bureau du CA de la CPS. Un de ces arrangements que l’on fait au coin d’une table de restaurant et qui n’est dévoilé qu’au dernier moment au principal intéressé. Cet arrangement a eu lieu mercredi dernier, dans un restaurant de Papeete. Luc Tapeta y a convié les principaux responsables syndicaux, sauf celui de O Oe To Oe Rima, pour asseoir une équipe sans faille à la tête du Conseil d’administration. « A chaque élection, il y a des arrangements qui se font », dédramatise Yves Laugrost, A Tia I Mua. « Pour faire une majorité, il faut avoir des voix du côté patronal et du côté syndical. Donc à un moment donné il faut que les gens s’entendent ».

Le Conseil d'administration de la CPS est composé de 28 personnes, 14 représentants des salariés et 14 du patronat. Sur 14 sièges acquis aux représentants de salariés, CSTP-FO en a 5 et CSIP, 3. Les trois autres représentations syndicales (A Tia I Mua, O Oe To Oe Rima et Otahi) se partagent équitablement les 6 sièges restants.

De son côté, dans le bureau de PCA qu'il s'apprête à quitter, Ronald Terorotua indiquait un peu amer, « La roue tourne ». Un président sortant qui n’hésite pas à parler de « complot » à son encontre. « Je reste au conseil d’administration de la CPS et je vous assure que je ne la fermerai pas. On m’a souvent reproché de dire tout haut ce que les gens pensent tout bas », a-t-il également précisé.

Ronald Terorotua, président sortant du CA de la CPS
Ronald Terorotua, président sortant du CA de la CPS
Ronald Terorotua : « Je souhaite bon vent à Tapeta avec Galenon comme vice-président : on les connait »


Regrettez-vous de ne pas avoir été soutenu, dans votre candidature ?

Ronald Terorotua : Non, pas du tout. J’écoutais ce matin à la radio Luc Tapeta dire que par ma candidature (à la présidence du CA, ndlr), je casserais les accords instaurés à la CPS et le « gentleman agreement », alors que le président sortant aurait dû être le vice-président du CA, aujourd’hui. Ce « gentleman agreement » a été cassé, non pas par M. Terorotua, mais bien par Luc Tapeta qui, il y a quelques jours de cela a invité les organisations syndicales sauf O Oe To Oe Rima, pour mettre en place la liste votée aujourd’hui : Luc Tapeta, président ; vice-président, Patrick Galenon ; secrétaire, Charles Beaumont ; et Cyril Le Gayic, secrétaire adjoint. C’est une liste composée par Tapeta lui-même, et c’est la première fois que les syndicats soutiennent la candidature d’un patron. Voilà, le « gentleman agreement » que M. Tapeta veut instaurer à la CPS. (…) Je souhaite bon vent à Tapeta avec Galenon comme vice-président : on les connait.

Vous avez été averti de la présence de Patrick Galenon sur la liste ?

Ronald Terorotua : Aucunement. J’ai appris ça ce week-end. J’ai essayé d’appeler les amis mais c’était trop tard. Ils ont scellé cela quelque part et aujourd’hui c’est le résultat. (…) Je suis peut-être le grain de sel qui dérange tout le monde.

Vous étiez assez fâché lors de ce Conseil. Pensez-vous qu’il y a eu complot ?

Ronald Terorotua : Bien sûr et je le répète. Lorsque Luc Tapeta invite les organsiation syndicales sauf O Oe To Oe Rima : comment appelle-t-on ça ? Lorsque Luc Tapeta impose aux uns et aux autres la constitution de ce bureau, la liste était déjà mijotée avec M. Galenon, ce n’est pas un complot ça ?
Mais ceci dit, il y a des dossiers en cours. Je ne resterai pas inactif et je dénoncerai ce qu’il faut dénoncer dans l’omerta qui sera certainement mise en place par ce bureau. N’oublions pas que le directeur de la CPS (Régis Chang, ndlr) vient du milieu bancaire ; l’actuel PCA de la CPS vient de la même boîte, la banque Socredo. J’espère qu’il n’y aura pas connivence entre ces deux là pour mettre en place certaines chose derrière notre dos. Et je pense notamment à la mutuelle. Cette mutuelle ne marchera pas ici. Les mutuelles sur place ont déjà du mal à exister parce que les taux de remboursement sont à 70%. L’idée serait alors de baisser le taux de remboursement à 40 ou 50%.

CA de la CPS : Ronald Terorotua est mis sur la touche
Patrick Galenon : Je ne vois pas pourquoi on aurait dû ne pas voter pour M. Tapeta.

Finalement Luc Tapeta a été jugé le plus apte à tenir ce rôle de PCA, même par les syndicats ?

Patrick Galenon :Oui et quoiqu’il en soit c’était au tour du patronat de prendre la présidence du Conseil d’administration. J’avais déclaré il y a quelques temps, que nous avions besoin de quelqu’un de compétent et avec qui ont peut travailler. C’est quand même lui qui s’est le plus impliqué dans la réforme de la PSG et je ne vois pas pourquoi on aurait dû ne pas voter pour M. Tapeta.

Quelles sont les qualités de Luc Tapeta ?

Patrick Galenon :Vous savez, moi je suis syndicaliste donc les qualités chez les patrons c’est dur à trouver. Mais je viens de vous le dire, nous avons travaillé avec M. Tapeta en bonne collaboration lorsqu’il s’agissait de penser aux réformes de la PSG et dans les négociations avec les médecins libéraux. Je pense que nous sommes en bonne voie de parvenir à faire en sorte que notre caisse puisse se relever.

Un usage du Conseil d’administration indique que le président sortant est élu vice-président. Pourquoi pas cette année ?

Patrick Galenon : L’usage voulait effectivement que le président devienne vice-président. Toutefois, il y a un autre usage qui veut que tous les deux ans la présidence soit alternée entre représentants du patronat et représentants des salariés. Comme M. Terorotua a présenté sa candidature comme président, je crois qu’il a lui-même rompu cet usage.

Les discussions avec les médecins libéraux pourront-elles mieux aboutir avec ce nouveau bureau ?

Patrick Galenon : Le président actuel dirigeait plus ou moins déjà les travaux. Le problème n’est une question de changement de bureau mais plutôt de savoir comment nous allons gérer notre caisse et comment les médecins libéraux vont y participer. (…) Le deal est simple, les dernières discussions que nous avons eues avec les médecins libéraux constituaient à chercher des niches d’économies pour trouver 575 millions Fcfp par an. Ils nous disent qu’il ne faut pas toucher à leurs honoraires. Dans ce cas il faut qu’ils contrôlent un peu mieux leur activité, notamment au niveau des prescriptions.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 29 Mai 2012 à 15:01 | Lu 2026 fois