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“C’est Moetai qui a fermé ces aérodromes”


Tahiti, le 30 juin 2025 – Ce mardi matin, le référé du Pays relatif à la légalité ou pas du mouvement de grève des pompiers d’aérodrome passera au tribunal. Les responsables de la Fraap se disent “sereins” et rappellent que “c’est Moetai (Brotherson) qui a fermé ces aérodromes”. Le directeur de l’aviation civile leur a même adressé des SMS vendredi dernier, précisant : “On se prépare à fermer tous les aéroports à 23 heures 59”, puis un peu plus tard : “On vient d’annuler les charters scolaires”.
 
Les agents de Te Fare Tauhiti Nui – La Maison de la culture, de la Direction de l’aviation civile, de l’Équipement, de la Santé, du Contrôle des dépenses engagées ou encore de la Direction des transports terrestres sont en grève depuis ce lundi. Une grève lancée par la Fédération de rassemblement des agents des administrations de Polynésie (Fraap).
 
Mais au-delà de tous ces mouvements, les projecteurs sont braqués sur le référé du Pays relatif à la légalité ou pas de la grève de la Fraap qui sera jugé en référé ce mardi, à 10 heures.
 
En effet, Me Thibaud Millet, embauché spécialement pour ce dossier par le Pays, a déclaré samedi en début de soirée que cette grève était “illégale” et que les “sanctions peuvent être très graves”. Il estime qu’un préavis aurait dû être redéposé et que la “grève a repris par surprise sans crier gare (…) en semant le chaos dans les aéroports (…) et c’est illicite”. Il a ensuite affirmé que le mouvement des pompiers d’aérodrome n’était pas “soutenu” par la Fraap car cette dernière ne l’a pas “notifié” au Pays, raison pour laquelle, toujours selon l’avocat, ce mouvement est doublement “illicite”.

“On se prépare à fermer tous les aéroports (…) on vient d’annuler les charters scolaires”

Concernant le référé de ce mardi matin, le secrétaire général de la Fraap, Jean-Paul Urima, indique : “Je ne me fais aucun souci, aucune inquiétude particulière par rapport à cette audience”. Il assure qu’il existe une “flopée de jurisprudences” relatives à des reprises de grève après une suspension. Selon lui, “une grève, après une suspension, peut redémarrer à n’importe quel moment”.
 
Jean-Paul Urima est d’ailleurs revenu sur le déroulé des actions qui ont été faites depuis vendredi dernier. Il assure que vendredi soir, il a appris “avec stupéfaction que les 43 aérodromes étaient fermés. Après investigations, j’apprends que c’est le directeur de l’aviation civile qui a donné les directives pour fermer tous les aérodromes”. Ce dernier ignore d’ailleurs pourquoi le Pays a pris la décision de fermer ces aérodromes puis de les rouvrir le lendemain, samedi, à minuit.
 
Le secrétaire général délégué de la Fraap, Jimmy Tehetia, souligne par ailleurs que le président du Pays, Moetai Brotherson, a tenu des propos “très lourds” à leur encontre samedi dernier. Alors même qu’ils ont des SMS émanant de leur directeur leur précisant, vendredi dernier à 20 heures : “On se prépare à fermer tous les aéroports à 23 heures 59”, puis un peu plus tard : “On vient d’annuler les charters scolaires”. Pour lui, la grève “n’avait pas encore débuté que le Pays avait pris la décision de fermer les 43 aérodromes”. “C’est Moetai qui a fermé ces aérodromes”, affirme avec détermination Jimmy Tehetia.
 
Ce dernier précise également que si une partie seulement des pompiers ont appelé pour prévenir qu’ils faisaient grève, “pourquoi avoir fermé tous les aérodromes ? Et personne non plus n’a appelé les pompiers pour savoir s’ils sont en grève ou pas”.  Jimmy Tehetia ajoute : “Comment voulez-vous que l’agent aille travailler si le directeur a fermé la porte ? Mais nos pompiers ne sont pas bêtes, ils se sont rendus sur leur lieu de travail et ont constaté que les portes étaient fermées.” Le secrétaire général délégué de la Fraap précise : “On n’a commis aucune faute”.
 

Pas de protocole à TFTN sans la négociation des trois derniers points du préavis

Le secrétaire général de la Fraap, Jean-Paul Urima, regrette également que lors de ces six derniers mois de suspension, le Pays ne se soit pas “approché”, “même pas appelé ou bien un simple petit mot” à l’adresse du syndicat pour continuer à travailler sur leurs points de revendication. Mais il précise tout de même qu’un mail leur a été envoyé en février dernier pour les inviter à une rencontre, “mais sans nous donner l’ordre du jour. Et quand c’est comme cela, on n’a pas envie de perdre notre temps”. Selon le secrétaire général, c’est une “stratégie pour essayer de nous déstabiliser”.
 
Le syndicat a d’ailleurs reçu un mail du Pays, lundi en début d’après-midi, l’invitant à la “signature” du protocole d’accord juste après le conseil d’administration de Te Fare Tauhiti Nui qui a eu lieu ce même jour. Le syndicat a demandé au Pays de reporter à mardi cette invitation, tout en sachant que les agents de Te Fare Tauhiti Nui ont assuré à Tahiti infos, dimanche, que les trois derniers points de leur préavis de grève étaient tout aussi important que les treize premiers et que les négociations devaient reprendre sur ces trois derniers points, à savoir : la revalorisation de la grille indiciaire des catégories D à partir du 1er échelon de chaque grade de 20 points ; la revalorisation du point d’indice dans une fourchette minimale de 1 300 francs à 1 500 francs ; et la mise en place d’un calendrier à dates fixes en 2025 concernant la revalorisation des grilles indiciaires des catégories C, B et A. 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 30 Juin 2025 à 20:22 | Lu 8558 fois