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Budget 2022: la Sécu sort un peu la tête du trou


FREDERICK FLORIN / AFP
FREDERICK FLORIN / AFP
Paris, France | AFP | vendredi 24/09/2021 - Sans économies ou presque, le dernier budget de la Sécu du quinquennat Macron affiche un déficit "en nette amélioration", grâce à la reprise économique et à la sortie de crise sanitaire, qui rendent indolore l'ultime salve de dépenses avant la présidentielle.

Les comptes se redressent tout seuls mais la convalescence sera longue. Après le record historique enregistré en 2020 (-38,7 milliards d'euros), le déficit sera ramené à 34,6 milliards en 2021, puis réduit à 21,6 milliards en 2022.

Un rebond vigoureux, d'abord dû à la reprise économique, avec "une croissance dynamique" attendue à 6% cette année et 4% l'an prochain, ce qui "aura des conséquences sur les recettes" de la Sécu, a souligné le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, lors d'une conférence de presse.

Cela se ressent déjà sur l'exercice 2021, avec une perte inférieure de 4 milliards à la dernière prévision de juin, malgré un nouveau dérapage des dépenses liées au Covid-19, désormais évaluées à près de 15 milliards.

L'épidémie devrait coûter trois fois moins cher en 2022, avec une provision de 5 milliards pour les tests et les vaccins, qui pourrait toutefois gonfler en cas de reprise épidémique.

Un soulagement pour la branche maladie, qui continuera de porter l'essentiel des pertes, durablement lestée par les 10 milliards de hausses de salaires du "Ségur de la santé". Son déficit est ainsi estimé à 19,7 milliards d'euros l'an prochain, et encore 14,8 milliards en 2025.

Pas question pour autant de serrer la vis. "Nous ne reviendrons pas aux méthodes du passé", a affirmé le ministre de la Santé, Olivier Véran, vantant au contraire un "effort exceptionnel pour l'hôpital" auquel "aucune économie se sera imposée, pour la première fois depuis des lustres".

Les retraites épargnées

Le gouvernement multiplie en outre les nouvelles dépenses, à sept mois de la présidentielle: 400 millions pour le "grand âge", autant pour les médicaments innovants, 140 millions pour le handicap, 20 millions pour la contraception féminine gratuite jusqu'à 25 ans.

Sans compter les annonces sur la psychiatrie, qu'Emmanuel Macron se réserve pour la clôture des Assises de la santé mentale mardi.

Ce budget de fin de mandat vise aussi à "poursuivre les réformes jusqu'au bout", a ajouté M. Véran: financement des hôpitaux de proximité, remboursement de la télésurveillance médicale, accès direct aux orthoptistes pour "désengorger" les ophtalmos, attribution "automatique" de la complémentaire santé solidaire pour les bénéficiaires du RSA et du minimum vieillesse... "Nous entendons finir ce qu'on avait commencé", a insisté le ministre de la Santé.

Aucun signe en revanche, de la réforme des retraites, dans les limbes depuis 18 mois. La branche vieillesse apparaît plutôt épargnée, avec un déficit attendu en repli à 2,5 milliards d'euros en 2022. Mais la tendance s'inverserait dès 2023 et la perte atteindrait 7,6 milliards en 2025. 

La Sécu pourra à l'inverse compter sur la bonne santé de ses branches famille et accident du travail, revenues dans le vert dès cette année (respectivement +1,7 milliard et +1,3 milliard) et qui devraient continuer à accumuler les excédents (+5,4 milliard et +2,5 milliard en 2025).

Au bout du compte, il restera tout de même un déficit global de plus de 13 milliards à combler chaque année. Le retour à l'équilibre passera donc par "une régulation modernisée des dépenses d'assurance maladie, une fois la crise sanitaire refermée", a déclaré M. Dussopt, évoquant aussi "le chantier des réformes structurelles".

"Il faudra conduire une réforme, qui pourrait toucher la branche retraite", a reconnu M. Véran, considérant cependant qu'il n'y a "pas d'urgence aujourd'hui" car "la plus grosse erreur que nous ferions serait de vouloir combler le déficit ou rattraper la dette d'un coup dès la sortie de la crise".

le Vendredi 24 Septembre 2021 à 05:52 | Lu 463 fois