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Budget 2015 du CHPF : 1,9 milliard de trésorerie et d’emprunts via les banques


Aucun des investissements prévus en 2015 n'a été effectué pour l'instant alors que les besoins du CHPF sont cruciaux allant même jusqu'au renouvellement de la literie de l'hôpital.
Aucun des investissements prévus en 2015 n'a été effectué pour l'instant alors que les besoins du CHPF sont cruciaux allant même jusqu'au renouvellement de la literie de l'hôpital.
PAPEETE, le 23 juin 2015. Le budget 2015 du principal établissement de santé de Polynésie française vient, enfin, d’être approuvé. D’un montant total de 22,3 milliards de Fcfp, il prévoit non seulement le recours à une ligne de trésorerie (1 milliard de Fcfp) mais aussi à l’emprunt (jusqu’à 900 millions de Fcfp) pour couvrir les dépenses courantes et les investissements de l'année.


Alors que le premier semestre de l’année est déjà écoulé, le budget principal 2015 du Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF) vient à peine d’être officiellement bouclé. Divers arrêtés ministériels ont été publiés en fin de semaine dernière sur les bilans financiers de l’hôpital et de ses services annexes. On y apprend que le budget 2015 de l’hôpital a été finalisé lors d’un conseil d’administration de l’établissement le 31 mars dernier portant le budget de l’année en cours à 22 milliards 372 millions de Fcfp. Ce budget 2015 du principal établissement de santé du Pays subit une hausse notable puisqu’en 2014, le budget du CHPF était de 20 milliards 890 millions de Fcfp.

Or, au cours des mois passés, les syndicats des praticiens ou agents hospitaliers s’étaient fortement mobilisés, allant jusqu’au recours à la grève, pour protester contre la baisse de 600 millions de Fcfp de la dotation globale de fonctionnement. Une dotation en baisse qui tombait particulièrement mal pour l’hôpital alors qu’un plan d’investissement conséquent, en vue de moderniser et d’améliorer les prestations de santé du CHPF, était prévu pour cette année.


Ligne de crédit et emprunts

Pour remédier à ses besoins de liquidités, le CHPF aura donc recours en 2015 au soutien des banques. Deux opérations financières distinctes sont prévues pour équilibrer le budget 2015. Tout d’abord l’ouverture d’une ligne de trésorerie (à court terme) d’un montant maximum d’un milliard de Fcfp “pour le financement de ses besoins ponctuels de trésorerie“, une ligne de crédit qui sera à négocier avec "un établissement bancaire de la place". Ensuite, c’est aussi le recours à l’emprunt, jusqu’à 900 millions de Fcfp “en vue de financer le plan d’investissement 2015 de l’établissement“.

Si le CHPF n’en est pas à ses premiers emprunts auprès des banques, la nature des relations avec le Pays a visiblement évolué. Car, face à ses difficultés chroniques de trésorerie notamment au cours des deux dernières années avec le manque de remboursement des actes effectués pour les bénéficiaires du RSPF, l’hôpital avait pu jusqu’à présent obtenir le soutien du Pays. Sous la forme notamment d’avances de trésorerie remboursables dont le montant est allé jusqu’à 3 milliards de Fcfp.

Cette fois le principal établissement de santé de Polynésie française ne pourra compter que sur lui-même pour aller négocier ces lignes de trésorerie et ces emprunts auprès des banques locales. Dans le même temps, la plupart des tarifs du CHPF pour les personnes qui ne sont pas des ressortissants de la Caisse de prévoyance sociale (CPS) du Pays augmentent encore (voir en encadré ci-dessous). Les recettes de l’hôpital qualifiées "hors CPS" avaient déjà bondi de 95% entre 2011 et 2014 : un moyen comme un autre de faire supporter les besoins de finances de l'hôpital à d'autres ressortissants que les bénéficiaires de la Protection sociale généralisée locale.

Des besoins non couverts

Ce recours à l’emprunt -jusqu’à 900 millions de Fcfp pour les investissements 2015 du CHPF- donne ainsi raison, à six mois d’intervalle, aux agents et praticiens hospitaliers qui avaient tiré la sonnette d’alarme à la fin de l’année 2014, à l’annonce de la coupe brutale de 600 millions de Fcfp de la dotation globale de fonctionnement de l’hôpital. “Les investissements prévus en 2015 sont absolument nécessaires pour remettre le CHPF à niveau. Si on ne les fait pas, on tombe dans la vétusté. Pour améliorer la prise en charge des patients, pour optimiser le fonctionnement, il faut investir pour rester dans une dynamique de progrès” explique Marc Lévy, le président du syndicat des praticiens hospitaliers.

Mais, faute de budget 2015 adopté jusqu’ici, aucun des investissements prévus pour cette année n’a encore été réalisé alors que le premier semestre est à présent écoulé. “En attendant que le budget soit effectif, nous avons vécu sous le régime des 12e , (en attribuant chaque mois une enveloppe équivalente à 1/12e du budget de l'an dernier NDLR) c’est extrêmement bloquant pour le fonctionnement des services. Des équipements qui doivent être changés ne le sont pas. C’est le cas par exemple des lits d’hospitalisation du CHPF qui sont anciens, qu’on ne parvient plus à décontaminer et qui entrainent un risque pour l’hygiène. Sur le terrain, le fait de fonctionner sans budget ça se traduit comme ça”.



Tarifs en vigueur "hors CPS" : entre 5 000 et 10 000 Fcfp d’augmentation

Pour l’exercice 2015, les prix de journée d’hospitalisation complète et autres tarifs des prestations des soins applicables au CHPF aux personnes qui ne relèvent ni du RGS, ni du RNS ou du RSPF ont quasiment tous augmenté. En médecine, la journée d’hospitalisation passe de 280 000 à 285 000 Fcfp (2394 euros) ; de 520 à 530 000 Fcfp la journée en cardiologie (4454 euros). Seul, le prix de la journée d’hospitalisation complète en réanimation néonatologie n’augmente pas de 2014 à 2015, mais reste le plus onéreux à 820 000 Fcfp la journée (6890 euros).

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 23 Juin 2015 à 22:35 | Lu 1167 fois