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Billy Besson a retrouvé le sourire


A Paris, le 23 septembre 2019 - Plus de trois ans après des Jeux Olympiques ratés pour cause de blessure, le voileux de Arue participait ce week-end à l’ultime étape du tour Sail GP à Marseille. A dix mois des jeux de Tokyo, il nous confie son enthousiasme et ses ambitions intacts.

On l’avait quitté sur des images de souffrance, obligé d’utiliser un fauteuil roulant pour se rendre sur son Nacra 17 : victime d’une méchante hernie discale, l’immense favori des Jeux de Rio, avec sa fidèle coéquipière Marie Riou, avait, à force de courage, terminé la compétition en sixième position. Il était dit que les quadruples champions du monde ne remporteraient pas l’or olympique qui leur était promis.

Pourtant, dans cette brasserie parisienne où Billy nous reçoit, trois jours avant la finale du Sail GP, ces mauvais souvenirs semblent bien loin. Il a retrouvé le sourire et, surtout, la niaque. Ce week-end à Marseille, « même si on ne joue plus pour la gagne au classement général*», il a tout donné sur ces bateaux qui tracent au-dessus des flots à des vitesses vertigineuses. « On atteint 50 nœuds (plus de 90 km/h, ndlr), c’est un truc de fou et on commence à dompter la bête », rigole celui qui visiblement se régale à nouveau sur la mer. Engagé, avec sa coéquipière Marie Riou, dans ce tout nouveau circuit, Besson a beaucoup appris. Et pas sur n’importe quel bateau. C’est le milliardaire américain Larry Ellison qui a imaginé cette nouvelle course mettant aux prises les bateaux les plus rapides de la planète et qui a récompensé d’un million de dollars le vainqueur du classement général ce dimanche à Marseille, l’Australie.

« Aujourd’hui tout le monde veut se mettre au foil ! »

Billy Besson à la barre du bateau français. Le skipper dirige le bateau grâce à 5 boutons et cinq pédales qui commandent des systèmes hydrauliques et électriques. (Photo : Eloi Stichelbaut/Sail GP)
Billy Besson à la barre du bateau français. Le skipper dirige le bateau grâce à 5 boutons et cinq pédales qui commandent des systèmes hydrauliques et électriques. (Photo : Eloi Stichelbaut/Sail GP)
A la tête de l’équipe qui représente la France, Billy Besson, 38 ans, assure que son objectif « n’était pas la performance, mais de travailler, d’apprendre : la voile c’est comme les échecs et il faut connaître les combinaisons. ». Face à la France, des équipages très expérimentés, dont beaucoup de marins ont déjà piloté ces Formule 1 des mers lors de la Coupe de l’America. Avec ses coéquipiers, Besson à, lui, découvert cette voile du XXIe siècle. « Ça se rapproche de l’automobile, on est dans une autre monde, celui de l’évolution. Aujourd’hui tout le monde veut se mettre au foil ! Il y a un côté tellement fun ! » S’il admet que c’est « complètement différent du Nacra 17 » il apprécie cette expérience qui lui sert à « mieux appréhender la vitesse »,  qui lui permet « d’être plus à l’aise sur un bateau » et « d’apprendre à gérer une équipe ». Bref, que du bonus et de l’expérience à emmagasiner pour les joutes olympiques à venir. Car Tokyo n’est plus si loin…

Mais Billy et Marie ne sont pas encore sûrs d’y être. Tout se jouera en Nouvelle-Zélande en décembre. « On n’a pas encore qualifié le pays », précise-t-il. Et, sur la ligne de départ il n’y aura pas que lui. D’autres équipages tricolores seront alignés. « Des jeunes qui poussent ! ». En fonction des résultats c’est la fédération qui décidera de qui défendra les chances de la France au Japon. « Et si on y est, on espère que ce sera une fin à l’américaine et pas à la Française comme la dernière fois ! » se marre Billy qui prend aujourd’hui avec dérision et recul sa mésaventure de Rio.

*Mettant aux prises six pays – Australie, Japon, Chine, Grande Bretagne, Etats-Unis et France – le Sail GP 2019 est une nouvelle compétition professionnelle qui s’est déroulée en cinq étapes à travers le monde. Les Français, dirigés par Billy Besson ont terminé à la 5e place. Ils seront à nouveau au départ l’an prochain.

« Tahiti me manque »

Billy Besson lors de notre rencontre à Paris (Photo GL).
Billy Besson lors de notre rencontre à Paris (Photo GL).
Entre Marie, sa coéquipière, et Marion, sa femme et mère de ses deux enfants, Billy Besson mène une vie bien remplie. Quand il n’est pas sur les mers à faire son métier, c’est à Sévrier, petit village des Alpes au bord du lac d’Annecy qu’il se pose en famille. Mais il garde toujours le fenua dans un coin de sa tête et de son cœur. « Le temps me manque pour venir plus souvent… On est tous attaché à l’endroit d’où on vient. Pour mon sport et pour les Jeux Olympiques j’ai fait beaucoup de sacrifices. Et c’est vrai, Tahiti me manque. »
Au fil de ses régates et ses voyages il est souvent rappelé aux bons souvenirs de ses amis et sa famille tahitienne. « C’est dingue, partout où je vais, comme en mai à San Francisco, je tombe sur des Tahitiens qui m’interpellent et me soutiennent. C’est extraordinaire. » Les heures passées sur Skype avec sa mère et ses copains, en direct de la marina de Arue, ne remplacent pas la douceur de vivre du fenua. « Ma fille Lili, elle ne jure que par le tamure… Ce qui est sûr c’est, qu’à un moment ou à un autre, je reviendrai m’installer là-bas… » Mais avant cela il y une médaille à aller décrocher.

Rédigé par Gabriel Luchon le Lundi 23 Septembre 2019 à 18:04 | Lu 1534 fois