Tahiti, le 9 octobre 2025 - Un an après l'ouverture du marché du kava, deux importateurs officiels dressent un bilan positif mais tempéré. Si l'engouement se confirme chez les communautés océaniennes, la démocratisation auprès des Polynésiens reste un défi.
“Le bilan est positif. Mais avec des difficultés à toucher les Polynésiens. Il manque de la pédagogie”, affirme Jenny Tehani de Kava Vanua Iti. “Les clients fidèles sont des Tongiens, Samoans, Wallisiens, ou des gens qui ont voyagé dans le Pacifique. Le Tahitien en lui-même, n'est pas un consommateur régulier.” Poerava de Kava Tahiti confirme : “Tout le monde ne connaît pas ce produit, notamment les locaux. Il faut démocratiser, faire un travail de fond. Ça porte ses fruits mais il faut encore du temps.”
“On ne gagne pas notre vie dessus. On l'a fait parce qu'on aime le kava”, reconnaît Sylvain Todman qui organise des “Nakamal éphémères” mensuels. “C'est plein tout le temps”, témoigne-t-il. Pour Poerava Bossuet, l'enjeu est identitaire : “Je veux me réapproprier la culture qu'on m'a enlevée. Je ne veux pas commercialiser le kava comme une canette de Coca”. Pour elle, le kava est lié au bien-être.
Le choc chinois
Un événement inattendu bouleverse l'équation : l'arrivée de la Chine. “Le prix du kava a triplé depuis deux mois”, lâche Sylvain. “La Chine importe massivement du kava depuis un an. C'est maintenant un des principaux pays importateurs.” En effet, en mai 2024, la Chine était le premier pays de destination pour les exportations de kava du Vanuatu. Et les chiffres donnent le vertige. “Direct producteur, c'était moins de 1 000 francs le kilo. Aujourd'hui, la racine fraîche se vend à 3 000 francs”, détaille-t-il. Sachant qu'il faut 6 à 7 kg de racines fraîches pour 1 kg de kava séché.
Les conséquences frappent jusqu'au Vanuatu. “Les nakamals à Port Vila n'arrivent plus à s'approvisionner. Il n'y a plus de kava. Certains font du kava en poudre”, rapporte Sylvain. La pénurie touche le pays producteur lui-même.
La production locale en ligne de mire ?
Face à cette flambée, la production locale devient une nécessité. “Le Vanuatu ne produit pas assez”, constate Sylvain. “On a des cultivars propres à la Polynésie, plus légers, très riches en kavaïne. On a une terre volcanique, des vallées riches. Au Plateau des Orangers, il y a du kava qui pousse librement. Vu le prix, c'est une filière à exploiter.” Mais les obstacles demeurent. Poerava évoque les difficultés : “Je connais quelqu'un qui a une plantation. Lors du bouturage, il a 30% à 50% de pertes !” Sans compter le temps : 4 à 5 ans de maturation avant récolte.
Malgré tout, l'optimisme demeure. “Chaque soirée est complète. On a des listes d'attente, beaucoup de demandes”, se réjouit Jenny. “Je suis sollicitée à droite et à gauche, les gens sont curieux”, confirme Poerava qui a mené récemment un atelier d’immersion Rautī Tumu Mā'ohi – Kava organisé avec la Maison de la culture. “Ça va se démocratiser. Il faut juste être patient.”
“Le bilan est positif. Mais avec des difficultés à toucher les Polynésiens. Il manque de la pédagogie”, affirme Jenny Tehani de Kava Vanua Iti. “Les clients fidèles sont des Tongiens, Samoans, Wallisiens, ou des gens qui ont voyagé dans le Pacifique. Le Tahitien en lui-même, n'est pas un consommateur régulier.” Poerava de Kava Tahiti confirme : “Tout le monde ne connaît pas ce produit, notamment les locaux. Il faut démocratiser, faire un travail de fond. Ça porte ses fruits mais il faut encore du temps.”
“On ne gagne pas notre vie dessus. On l'a fait parce qu'on aime le kava”, reconnaît Sylvain Todman qui organise des “Nakamal éphémères” mensuels. “C'est plein tout le temps”, témoigne-t-il. Pour Poerava Bossuet, l'enjeu est identitaire : “Je veux me réapproprier la culture qu'on m'a enlevée. Je ne veux pas commercialiser le kava comme une canette de Coca”. Pour elle, le kava est lié au bien-être.
Le choc chinois
Un événement inattendu bouleverse l'équation : l'arrivée de la Chine. “Le prix du kava a triplé depuis deux mois”, lâche Sylvain. “La Chine importe massivement du kava depuis un an. C'est maintenant un des principaux pays importateurs.” En effet, en mai 2024, la Chine était le premier pays de destination pour les exportations de kava du Vanuatu. Et les chiffres donnent le vertige. “Direct producteur, c'était moins de 1 000 francs le kilo. Aujourd'hui, la racine fraîche se vend à 3 000 francs”, détaille-t-il. Sachant qu'il faut 6 à 7 kg de racines fraîches pour 1 kg de kava séché.
Les conséquences frappent jusqu'au Vanuatu. “Les nakamals à Port Vila n'arrivent plus à s'approvisionner. Il n'y a plus de kava. Certains font du kava en poudre”, rapporte Sylvain. La pénurie touche le pays producteur lui-même.
La production locale en ligne de mire ?
Face à cette flambée, la production locale devient une nécessité. “Le Vanuatu ne produit pas assez”, constate Sylvain. “On a des cultivars propres à la Polynésie, plus légers, très riches en kavaïne. On a une terre volcanique, des vallées riches. Au Plateau des Orangers, il y a du kava qui pousse librement. Vu le prix, c'est une filière à exploiter.” Mais les obstacles demeurent. Poerava évoque les difficultés : “Je connais quelqu'un qui a une plantation. Lors du bouturage, il a 30% à 50% de pertes !” Sans compter le temps : 4 à 5 ans de maturation avant récolte.
Malgré tout, l'optimisme demeure. “Chaque soirée est complète. On a des listes d'attente, beaucoup de demandes”, se réjouit Jenny. “Je suis sollicitée à droite et à gauche, les gens sont curieux”, confirme Poerava qui a mené récemment un atelier d’immersion Rautī Tumu Mā'ohi – Kava organisé avec la Maison de la culture. “Ça va se démocratiser. Il faut juste être patient.”





































