TAHITI, le 6 septembre 2023 - Originaire de Sydney, Allegra Marshall a une affinité inexplicable avec Tahiti. Elle a découvert la Polynésie en 1973. Tout au long de sa vie, elle a fait escales plus ou moins longtemps au fenua. Depuis 2009, elle y séjourne plusieurs mois dans l’année. Passionnée par l’histoire qu’elle découvre en arpentant les cimetières, elle n’a de cesse de partager son savoir.
Depuis des années, Allegra Marshall arpente les cimetières polynésiens. “J’ai toujours aimé me promener dans ces lieux. Ils ne sont pas tabous pour moi. Ma mère déjà, quand j’étais petite, m’y emmenait.” Les cimetières sont comme des livres, des fenêtres qui ouvrent sur des histoires de vie. Ce sont des lieux de mémoire peu ou mal connus. Allegra Marshall y découvre des noms, des personnages qu’elle étudie ensuite en fouillant les récits et les archives. “J’ai un millier de livres sur Pacifique à Sydney, près de 300 ici à Tahiti”, affirme-t-elle. À l’image d’un détective, elle cherche des indices pour faire la lumière sur le passé. La moindre de ses rencontres à Tahiti et dans les îles, mais également en Nouvelle-Zélande, en Australie ou ailleurs dans le Pacifique lui donnent l’occasion de faire des liens.
Depuis des années, Allegra Marshall arpente les cimetières polynésiens. “J’ai toujours aimé me promener dans ces lieux. Ils ne sont pas tabous pour moi. Ma mère déjà, quand j’étais petite, m’y emmenait.” Les cimetières sont comme des livres, des fenêtres qui ouvrent sur des histoires de vie. Ce sont des lieux de mémoire peu ou mal connus. Allegra Marshall y découvre des noms, des personnages qu’elle étudie ensuite en fouillant les récits et les archives. “J’ai un millier de livres sur Pacifique à Sydney, près de 300 ici à Tahiti”, affirme-t-elle. À l’image d’un détective, elle cherche des indices pour faire la lumière sur le passé. La moindre de ses rencontres à Tahiti et dans les îles, mais également en Nouvelle-Zélande, en Australie ou ailleurs dans le Pacifique lui donnent l’occasion de faire des liens.
Anecdotes
Son savoir, qu’elle met généreusement à disposition, est aussi une source dans laquelle elle puise pour organiser des visites de cimetières. Elle invite le public à l’Uranie, Orofara, Pomare, Saint-Étienne à Punaauia ou encore à la Pointe des pêcheurs. Les déambulations durent deux heures et permettent d’en savoir plus sur les anciens mais aussi sur les temps forts de l’histoire du territoire. Allegra Marshal raconte toutes ses anecdotes “sans jamais me servir de mes notes”, précise-t-elle. “Cela me permet de m’adapter aux attentes des personnes présentes.” En revanche, elle a des photographies avec elle. Elle dit la vie “de ceux dont on ne parle pas très souvent”. Elle revient sur l’arrivée des explorateurs, des missionnaires, sur la mutinerie de la Bounty, les guerres, l’épidémie de grippe espagnole…
Son savoir, qu’elle met généreusement à disposition, est aussi une source dans laquelle elle puise pour organiser des visites de cimetières. Elle invite le public à l’Uranie, Orofara, Pomare, Saint-Étienne à Punaauia ou encore à la Pointe des pêcheurs. Les déambulations durent deux heures et permettent d’en savoir plus sur les anciens mais aussi sur les temps forts de l’histoire du territoire. Allegra Marshal raconte toutes ses anecdotes “sans jamais me servir de mes notes”, précise-t-elle. “Cela me permet de m’adapter aux attentes des personnes présentes.” En revanche, elle a des photographies avec elle. Elle dit la vie “de ceux dont on ne parle pas très souvent”. Elle revient sur l’arrivée des explorateurs, des missionnaires, sur la mutinerie de la Bounty, les guerres, l’épidémie de grippe espagnole…
Maths, astrophysique et anthropologie
Allegra Marshall est née en 1959 à Sydney d’une mère qui avait des origines françaises et d’un père australien. Elle est enfant unique. “Mes parents étaient deux êtres très différents.” Sa mère aimait “bouquiner”, visiter l’Europe et ses musées. “C’était une intellectuelle.” Son père était un homme plus “manuel”, plus aventureux, un ingénieur qui n’avait pas fait de grandes études. “Il avait appris sur le tas, ce qui prouve que certains n’ont pas besoin de diplômes pour faire de grandes choses.”
Elle a passé le début de sa vie avec sa mère, son père ayant vécu six mois en Antarctique et cinq ans en Papouasie. “Il aimait voyager modestement, être au contact de la population.” Petite, Allegra Marshall se décrit comme “un garçon manqué”. Elle n’aimait ni les robes à dentelles, ni les poupées. “Je préférais les Legos et les trains.” À l’école, elle avait une attirance pour les mathématiques.
Elle a entrepris des études, seule. “Mes parents pensaient que je perdais mon temps. Ils ne m’ont pas soutenue.” Elle a démarré par une année d’ingénieur aéronautique. Mais les cours n’étaient pas assez spécialisés. Elle a changé de filière, enchaînant avec une maîtrise en mathématique pure puis appliquée. Elle a fait de l’astrophysique, a étudié les trous noirs. Elle s’est intéressée également, quand elle l’a pu, au français et à l’anthropologie. Elle a terminé par un travail sur la théorie du chaos dans les marchés financiers.
Pour subsister à ses besoins, elle a dû chercher en parallèle des petits boulots. Elle a été serveuse, a livré des journaux, fait des heures dans un salon de coiffure. “Je prenais n’importe quoi pour gagner un peu d’argent.” Elle évoque cette période “difficile” avec pudeur.
Allegra Marshall est née en 1959 à Sydney d’une mère qui avait des origines françaises et d’un père australien. Elle est enfant unique. “Mes parents étaient deux êtres très différents.” Sa mère aimait “bouquiner”, visiter l’Europe et ses musées. “C’était une intellectuelle.” Son père était un homme plus “manuel”, plus aventureux, un ingénieur qui n’avait pas fait de grandes études. “Il avait appris sur le tas, ce qui prouve que certains n’ont pas besoin de diplômes pour faire de grandes choses.”
Elle a passé le début de sa vie avec sa mère, son père ayant vécu six mois en Antarctique et cinq ans en Papouasie. “Il aimait voyager modestement, être au contact de la population.” Petite, Allegra Marshall se décrit comme “un garçon manqué”. Elle n’aimait ni les robes à dentelles, ni les poupées. “Je préférais les Legos et les trains.” À l’école, elle avait une attirance pour les mathématiques.
Elle a entrepris des études, seule. “Mes parents pensaient que je perdais mon temps. Ils ne m’ont pas soutenue.” Elle a démarré par une année d’ingénieur aéronautique. Mais les cours n’étaient pas assez spécialisés. Elle a changé de filière, enchaînant avec une maîtrise en mathématique pure puis appliquée. Elle a fait de l’astrophysique, a étudié les trous noirs. Elle s’est intéressée également, quand elle l’a pu, au français et à l’anthropologie. Elle a terminé par un travail sur la théorie du chaos dans les marchés financiers.
Pour subsister à ses besoins, elle a dû chercher en parallèle des petits boulots. Elle a été serveuse, a livré des journaux, fait des heures dans un salon de coiffure. “Je prenais n’importe quoi pour gagner un peu d’argent.” Elle évoque cette période “difficile” avec pudeur.
Elle a obtenu un premier diplôme en 1982 après trois années d’études. Son père, n'a pu s'empêcher d'exprimer toute sa fierté. “Il m’a offert un voyage. Je pouvais choisir la destination que je voulais. J’ai choisi Tahiti.” Elle avait découvert la Polynésie quelques années auparavant lors d’une escale alors qu’elle était en route pour la France avec sa mère. “Je me rappelais l’odeur des fleurs, Moorea. Je m’étais toujours dit que j’y retournerais un jour. Il est clair que j’ai, depuis le début, une affinité inexplicable avec la Polynésie.” Depuis ce voyage, Allegra Marshall a séjourné de très nombreuses fois au fenua. Depuis 2009, elle partage sa vie entre Tahiti et Sydney.
Elle a obtenu son diplôme en pleine crise financière. Il lui a fallu deux années avant de décrocher un poste dans une compagnie d’assurance. Elle y est restée 15 ans, “en deux fois”, ajoute-t-elle. Elle a fait un break de six mois quand elle s’est aperçue qu’elle n’évoluait pas comme elle l’espérait. C’est une femme, Joanne, qui a fini par la rappeler après avoir constaté tout ce qu’elle avait fait pour la société. “Elle m’a permis ensuite de gravir les échelons. Les collaborateurs de cette période sont restés des amis proches, et fidèles”, détaille Allegra Marshall, visiblement émue.
Elle a obtenu son diplôme en pleine crise financière. Il lui a fallu deux années avant de décrocher un poste dans une compagnie d’assurance. Elle y est restée 15 ans, “en deux fois”, ajoute-t-elle. Elle a fait un break de six mois quand elle s’est aperçue qu’elle n’évoluait pas comme elle l’espérait. C’est une femme, Joanne, qui a fini par la rappeler après avoir constaté tout ce qu’elle avait fait pour la société. “Elle m’a permis ensuite de gravir les échelons. Les collaborateurs de cette période sont restés des amis proches, et fidèles”, détaille Allegra Marshall, visiblement émue.
“Tu dors avec un coupe-coupe à proximité”
À tout juste 40 ans, en 1999 elle a eu besoin de changement. La compagnie d’assurance où elle travaillait avait été rachetée par un gérant américain. Cela a été le déclic. Allegra Marshall, qui voyageait souvent, a pris la direction du Panama pour rejoindre un correspondant. “Je m’y suis plu. J’y suis restée jusqu’en 2006.” Sur place, elle a fondé le refuge Mono Feliz, un espace qui accueille une espèce de singe victime de trafic. “Il s’agit des singes écureuils. Ils ne sont pas plus gros qu’un chat à l’âge adulte, sont utilisés comme animaux de compagnie mais rapidement abandonnés.” Le refuge se trouve en pleine forêt, isolé. Comptez deux jours pour y arriver de Panama City : bus, camion, marche. “En route, tu dors avec un coupe-coupe à proximité du lit pour te protéger des serpents et des gens malfaisants.”
Finalement, Allegra Marshall est rentrée à Sydney où elle séjournait plusieurs mois par an “pour gagner de l’argent : ce n’est pas le refuge qui me permettait de vivre”. Elle a mis le cap sur Tahiti où elle a allongé la durée de ses séjours, petit à petit. Elle a eu, un temps, le loisir de visiter les îles. Elle empruntait les goélettes pour se rendre loin de la capitale. Elle voulait visiter la Polynésie avant qu’elle ne soit écornée par le tourisme. Elle connaît très bien le pays, mais aussi son histoire, les liens entre les familles. Elle surprend souvent ceux qu’elle rencontre et qui ne la connaisse pas encore. Il lui est arrivé de retrouver des tupuna, se rappelant par exemple l’image d’une stèle dans une allée de cimetière. Son objectif ? “Que personne ne soit oublié pour le Tumarara’a.”
Elle n’a jamais imaginé un jour faire des visites de cimetières. Ses connaissances se sont accumulées au fil du temps, naturellement. “Le plan s’est mis en place naturellement, mais je me rends compte que tout ce que j’ai fait ces dernières années me sert aujourd’hui.” En réalité, cela ne lui sert pas personnellement. Sa richesse bénéficie à toutes celles et tous ceux qui ont la chance de croiser son chemin.
À tout juste 40 ans, en 1999 elle a eu besoin de changement. La compagnie d’assurance où elle travaillait avait été rachetée par un gérant américain. Cela a été le déclic. Allegra Marshall, qui voyageait souvent, a pris la direction du Panama pour rejoindre un correspondant. “Je m’y suis plu. J’y suis restée jusqu’en 2006.” Sur place, elle a fondé le refuge Mono Feliz, un espace qui accueille une espèce de singe victime de trafic. “Il s’agit des singes écureuils. Ils ne sont pas plus gros qu’un chat à l’âge adulte, sont utilisés comme animaux de compagnie mais rapidement abandonnés.” Le refuge se trouve en pleine forêt, isolé. Comptez deux jours pour y arriver de Panama City : bus, camion, marche. “En route, tu dors avec un coupe-coupe à proximité du lit pour te protéger des serpents et des gens malfaisants.”
Finalement, Allegra Marshall est rentrée à Sydney où elle séjournait plusieurs mois par an “pour gagner de l’argent : ce n’est pas le refuge qui me permettait de vivre”. Elle a mis le cap sur Tahiti où elle a allongé la durée de ses séjours, petit à petit. Elle a eu, un temps, le loisir de visiter les îles. Elle empruntait les goélettes pour se rendre loin de la capitale. Elle voulait visiter la Polynésie avant qu’elle ne soit écornée par le tourisme. Elle connaît très bien le pays, mais aussi son histoire, les liens entre les familles. Elle surprend souvent ceux qu’elle rencontre et qui ne la connaisse pas encore. Il lui est arrivé de retrouver des tupuna, se rappelant par exemple l’image d’une stèle dans une allée de cimetière. Son objectif ? “Que personne ne soit oublié pour le Tumarara’a.”
Elle n’a jamais imaginé un jour faire des visites de cimetières. Ses connaissances se sont accumulées au fil du temps, naturellement. “Le plan s’est mis en place naturellement, mais je me rends compte que tout ce que j’ai fait ces dernières années me sert aujourd’hui.” En réalité, cela ne lui sert pas personnellement. Sa richesse bénéficie à toutes celles et tous ceux qui ont la chance de croiser son chemin.