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Aux îles Vierges britanniques, la mystérieuse société offshore de Manuarii Fritch


La fiche publiée par l'ICIJ sur laquelle est figuré le montage faisant apparaître le lien entre Manuarii Fritch et la société offshore Elite Success Investments Properties, basée aux îles Vierges britanniques.
La fiche publiée par l'ICIJ sur laquelle est figuré le montage faisant apparaître le lien entre Manuarii Fritch et la société offshore Elite Success Investments Properties, basée aux îles Vierges britanniques.
PAPEETE, 31 mai 2016 - Le site Outre-mer Première affirme ce mardi que Manuarii, le fils d’Edouard Fritch et petit-fils de Gaston Flosse, apparaît dans une des sociétés offshore dont l’existence avait été révélée par l’ICIJ avec l'affaire des Offshore leaks.

Le site Outre-mer Première publie mardi un sujet intitulé "Le fils d’Edouard Fritch et petit-fils de Gaston Flosse apparait dans les fichiers Offshore leaks" qui pose un lien entre Marc Manuarii Fritch et une société offshore basée aux îles Vierges britanniques.

Le journaliste y révèle la relation entre Marc Manuarii Fritch et la société Elite Success Investments Properties, inscrite dans l'archipel des Caraïbes avec la réputation de paradis fiscal. En tant qu'actionnaire principal de cette société offshore, le fils d'Edouard Fritch déclare son domicile à Pirae, Tahiti, vraisemblablement à l’adresse de Joann Flosse, sa maman, la fille de Gaston Flosse d’avec qui Edouard Fritch est aujourd’hui séparé depuis plusieurs années.

Interrogé vendredi 24 mai à l’aéroport de Roissy, à Paris peu avant d’embarquer pour Tahiti, Edouard Fritch a dit ne connaître ni le nom ni l’existence de cette société basée aux îles Vierges britanniques, tout en reconnaissant l’identité de son fils, sur le schéma mis en ligne par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) à l’occasion des révélations faites dans le cadre des Offshore Leaks en 2013.

Toujours en activité en 2010, cette société écran, ou offshore, aurait été créée en 2008, "à l’époque où Gaston Flosse se déclarait publiquement insolvable", constate le journaliste Serge Massau. Interrogé dans le cadre de cette enquête, l’inspecteur des impôts Raphael Dupenloux souligne que la proximité entre le détenteur d’un compte caché et un élu peut poser des questions légitimes. Le fonctionnaire estime à ce titre qu'"Il peut y avoir un conflit d’intérêt. C’est uniquement dans le cadre d’une procédure judiciaire que l’on pourra savoir si cela avait cet intérêt-là ou pas. Mais effectivement, s’il y a un lien entre cette personne et un élu, on peut se poser la question si elle n’a pas servi de prête-nom pour permettre de mettre de l’argent dans un endroit où personne ne saura où il se trouve".

"Tout cela sera vérifié, mais pour l'instant c'est un peu maigre comme révélations", indique le procureur de Papeete, José Thorel. Le magistrat rappelle que "pour l'instant, il n'y a pas le moindre début d'indice d'un délit quelconque", mais aussi que l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière est déjà saisie par le parquet de Papeete d'une demande visant à savoir si des enquêtes sont ouvertes visant des personnes domiciliées en Polynésie française. "Pour l'instant, on n'a pas de réponse".

Droit de réponse de Gaston Flosse

Le président du Tahoera'a Huiraatira a transmis un communiqué de réaction en fin d'après-midi, mardi : "Je regrette que des affaires privées soient débattues sur la place publique, mais je ne peux pas rester sans réagir, car je suis insidieusement mis en cause, une fois de plus. J’apprends par un article mis en ligne sur le site de Polynésie Première que Manuarii Fritch est mentionné comme détenant un compte à l’étranger. Manuarii Fritch est le fils d’Edouard Fritch et mon petit fils. Je ne vois plus depuis longtemps. J’ignore ce qu’il fait, tout comme j’ignore l’existence de la société dont il est question. Manuarii Fritch a utilisé l’adresse de sa mère à Vetea pour domicilier sa société, une adresse à laquelle il n’habite pas.

Cela n’autorise pas Edouard Fritch, ni le journaliste auteur de l’article, à se défausser sur moi, en laissant entendre que ce serait une affaire familiale. Il est de notoriété publique que Manuarii Fritch ne travaille pas et qu’il n’a pas de revenus fixes. Contrairement à ce qu’écrit le journaliste, de manière très tendancieuse d’ailleurs, je n’ai pas organisé mon insolvabilité en dissimulant de l’argent à l’étranger. Avec toutes les perquisitions et enquêtes diverses que j’ai eu à subir depuis des années, croyez bien que si j’avais un compte à l’étranger, la justice l’aurait débusqué.

J’ignore d’où proviennent les sommes d’argent déposées sur ce compte, mais je confirme que cet argent ne m’appartient pas.

Lorsque la question de l’indemnité du président de la Polynésie française s’est posée peu après sa prise de fonction en décembre 2014, Edouard Fritch avait déclaré ne pas disposer d’autres sources de revenus que ses indemnités dont il demandait la réévaluation. Or, il est notoire qu’il dispose de confortables revenus fonciers. Si une enquête devait être ouverte, il appartiendra au titulaire du compte de clarifier la provenance des fonds. J’espère et je souhaite qu’Edouard Fritch n’ait pas fait de fausses déclarations relatives à son patrimoine auprès de la HTVP, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique
".

Rédigé par JPV avec SM le Mardi 31 Mai 2016 à 11:55 | Lu 4493 fois