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"Autonomie" en Corse: un mot qui fait réagir dans les outre-mer


PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
Paris, France | AFP | jeudi 23/03/2022 - Après de violentes émeutes urbaines en Corse, le gouvernement s'est dit prêt "à aller jusqu'à l'autonomie" de l'île de beauté, un mot qui a une forte résonance dans certains territoires ultramarins, notamment en Guyane où des élus espèrent un même traitement pour leur territoire.

Alors que la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie ont acquis une certaine autonomie et ont leur propre gouvernement, Mayotte, la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane sont des départements, et/ou des régions d'outre-mer, parfois traversés par des envies de gagner en autonomie. 

Fin novembre, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu avait d'ailleurs évoqué "la question de l'autonomie" lors d'un déplacement en Guadeloupe, en pleine crise sociale aux Antilles.

En Guyane, la nouvelle mandature de la Collectivité a fait du changement statutaire l'un de ses chevaux de bataille.

Près de 60 élus guyanais se réunissent ainsi samedi à l'hôtel de la Collectivité Territoriale de Cayenne pour discuter de l'évolution statutaire du territoire.

La Collectivité souhaite travailler sur un statut sui generis, à la carte, et s'orienter vers "le choix d'une Collectivité territoriale dotée de l'autonomie, dénommée pays, dans le cadre de la Constitution", selon le document envoyé aux participants au congrès. 

Cependant, beaucoup de zones floues demeurent encore sur le cadre législatif de ce nouveau statut, comme le mode de consultation de la population et la question qui serait posée lors d'un éventuel scrutin pour entamer la transition, qui doit être sans équivoque.

Soutien "à la lutte du peuple corse" 

L'annonce du gouvernement a par ailleurs été saluée en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie, deux territoires qui disposent déjà d'une large autonomie, leur permettant notamment d'être compétents en matière économique et sociale, de politique de santé, enseignement scolaire, d'équipement et d'environnement.

Le président indépendantiste du Congrès de Nouvelle-Calédonie, Roch Wamytan, qui a signé en octobre 2019 une convention de partenariat entre le Congrès de Nouvelle-Calédonie et l'Assemblée de Corse a ainsi apporté vendredi son soutien "à la lutte du peuple corse", estimant que le statut du Caillou pourrait inspirer les discussions sur l'autonomie de la Corse, dans une déclaration à l'AFP.

"Je ne suis pas tout à fait étonné de ce qui est arrivé (…) car c'est ce qui se passe quand le pouvoir de tutelle ne veut pas discuter avec des peuples qui sont en lutte pour leur identité, pour leur dignité, pour leur indépendance ou pour leur autonomie", a déclaré M. Wamytan, figure historique de la lutte kanak et de l'Union Calédonienne (FLNKS).

Les électeurs de Nouvelle-Calédonie ont voté trois fois non à l'indépendance ces dernières années. Le troisième référendum du 12 décembre dernier, a été marqué par une victoire écrasante des partisans du maintien dans la France (96,5%) après le refus des indépendantistes de participer au scrutin.

"calmer les masses" 

La Polynésie suit de près la situation en Nouvelle-Calédonie, qui pourrait préfigurer une plus grande autonomie.

"L'Etat ne compte pas du tout se désengager. L'Etat s'est simplement engagé à discuter, pour calmer les masses", a tempéré le député indépendantiste de Polynésie, Moetai Brotherson, auprès de l'AFP.

"Entre être un département et une collectivité particulière, pour un souverainiste, c'est un pas en avant. Mais l'autonomie doit être une étape transitoire vers la pleine souveraineté. Elle peut être un piège: on n'est plus dans les mouvements de décolonisation des années 60, on est dans un monde post décolonisation où Macron dit +malheur aux petits, malheurs aux isolés+", soutient M. Brotherson.

Le député indépendantiste qui assure que ses relations avec les indépendantistes corses "ont toujours été chaleureuses, ce sont des frères de lutte, comme les Kanaks par exemple", estime que les Polynésiens ne peuvent que les conseiller, "la décision appartient aux Corses". Il prévient que "les Corses ont une haute intelligence politique et ne se contenteront pas d'une autonomie de pacotille". 

"Je leur dis: ne faites pas comme nous en acceptant les compétences sans obtenir les moyens. Ne vous laissez pas enfermer comme nous ad vitam aeternam dans ce statut d'autonomie", ajoute-t-il.

Rédigé par RB le Jeudi 24 Mars 2022 à 03:19 | Lu 471 fois