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Attentats: l'"éclaireur" du tireur du Thalys et du jihadiste Abaaoud visé par la justice


Paris, France | AFP | mardi 16/05/2017 - Sur ordre du jihadiste Abdelhamid Abaaoud, il aurait joué les "éclaireurs" en aidant le tireur du Thalys à s'infiltrer en Europe pour y commettre un attentat: un jeune Algérien a été mis en examen en France dans l'enquête sur l'attaque du train en 2015.
La mise en examen de Bilal Chatra laisse entrevoir de nouvelles perspectives dans l'enquête de la justice antiterroriste sur le parcours du jihadiste Ayoub El Khazzani jusqu'à cette journée du 21 août 2015, lorsqu'il avait fait irruption dans un Thalys armé d'une kalachnikov et de neuf chargeurs pleins.
Détenu en Allemagne depuis son arrestation en juillet dernier, Bilal Chatra, 21 ans, a été remis le 21 avril à la France en exécution d'un mandat d'arrêt d'un juge qui l'a mis en examen pour complicité de tentatives d'assassinats terroristes et association de malfaiteurs terroriste criminelle, a appris mardi l'AFP de source judiciaire. Placé en détention provisoire, le suspect doit désormais être interrogé.
Selon une source proche de l'enquête, "il est soupçonné d'avoir joué un rôle d'éclaireur" en aidant depuis la Turquie le tireur et son possible commanditaire, le jihadiste belgo-marocain du groupe Etat islamique (EI) Abdelhamid Abaaoud, à s'infiltrer en Europe depuis la zone irako-syrienne par la route des Balkans, en suivant le flux de réfugiés au plus fort de la crise migratoire. Bilal Chatra est connu des services antiterroristes français pour ses liens avec un membre d'une cellule dormante en France et pour son départ d'Algérie vers la Syrie, fin 2014.
Le Marocain El Khazzani a, lui, rejoint en mai 2015 la Syrie où il dit avoir reçu un entraînement avant de se décider à accomplir une mission en Europe.
Selon une note des services antiterroristes hongrois dont a eu connaissance l'AFP, il est arrivé le 1er août suivant à Budapest avec Abaaoud, le futur coordinateur des attentats du 13 novembre 2015, les plus meurtriers jamais commis en France (130 morts). Après lui, d'autres membres de la cellule des attentats parisiens et du 22 mars 2016 à Bruxelles (32 morts) ont aussi gagné l'Europe par la route des migrants.
 

- Des Américains dans le Thalys -

 
Des investigations en Allemagne, dans le cadre de la coopération, ont permis de retracer l'itinéraire des trois hommes. Selon une source proche du dossier, Abaaoud aurait chargé Bilal Chatra de "repérer les points de contrôle" et de passage "des différents pays, sur la route de l'Europe", jusqu'en Allemagne. Lors de sa mission qui l'a conduit en Grèce, en Serbie et en Autriche, "il rendait ainsi compte de ces repérages à Abdelhamid Abaaoud mais également, sur prescription de celui-ci, à Ayoub El Khazzani". Ce dernier réfute avoir reçu de telles indications. Les échanges, via Facebook, avaient notamment été confirmés par l'étude de leurs conversations et de la géolocalisation.
Au cours du périple, Bilal Chatra est arrêté le 16 juillet 2015 en Hongrie, et incarcéré. A sa sortie, le 4 août, il prend la route de Vienne en Autriche pour y rencontrer El Khazzani, selon les instructions d'Abaaoud, a rapporté une source proche du dossier. Puis les deux hommes se rendent à Cologne, où un mystérieux chauffeur les récupère pour les accompagner en Belgique dans une planque. Ils y retrouvent Abaaoud, désigné par El Khazzani comme son donneur d'ordre, dans les aveux livrés pour la première fois au juge le 14 décembre.
D'après son récit, Abaaoud lui aurait dit, ainsi qu'à "l'éclaireur", de se "préparer psychologiquement à faire une opération", après une consigne venue de Syrie, selon une source proche du dossier. Mais le lendemain, Chatra quitte l'appartement.
Quelques jours plus tard, El Khazzani ouvre le feu dans un train à grande vitesse Amsterdam-Paris, peu après son entrée en France, blessant grièvement un passager. L'intervention de militaires américains en vacances, qui le maîtrisent, permet d'éviter un potentiel carnage, sept mois après les attentats parisiens à Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher.
Selon El Khazzani, qui se pose en "noble combattant" et nie avoir voulu commettre une tuerie de masse, la mission intimée par Abaaoud était d'"attaquer des Américains". Mais cette version interroge au vu de l'importance de son arsenal.

le Mardi 16 Mai 2017 à 04:33 | Lu 267 fois