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Assises : Il violait leur fille de 11 ans, la mère qui fermait les yeux écrouée


Le procès, qui s'est déroulé à huis clos, s'est achevé ce mardi par la condamnation ferme des deux parents.
Le procès, qui s'est déroulé à huis clos, s'est achevé ce mardi par la condamnation ferme des deux parents.
PAPEETE, le 6 septembre 2017 - Les jurés ont condamné à de lourdes peines de prison ferme, avec mandat de dépôt pour la mère, le couple de parents jugés depuis lundi pour avoir fait "vivre l'enfer" à leur fille de 11 ans. Violée pendant deux ans par le compagnon de sa maman, qui savait, voyait mais ne disait rien, la petite avait trouvé seule le courage de révéler son calvaire auprès de son directeur d'école.


Le père incestueux, qui comparaissait détenu, a écopé de 15 ans de réclusion criminelle ce mardi en début de soirée pour ces viols et agressions sexuelles. Il reste en prison. La mère de l'enfant, elle, est condamnée à 2 ans de prison ferme. La maman, qui connaissait la situation et avait même surpris son compagnon en train d'abuser de sa fille, était jugée pour "abstention volontaire d'empêcher un crime" et "non dénonciation de mauvais traitement". Un mandat de dépôt a été décerné à son encontre. Jugée libre à l'audience, elle a quitté le palais de justice sous escorte policière, direction la maison d'arrêt des femmes à Nuutania. C'est néanmoins la seule qui s'est adressée à l'adolescente en clôture du procès, des trémolos dans la voix, pour lui demander pardon et lui souhaiter bonne chance pour la suite. Le père, lui, s'est contenté d'un : "Rien à ajouter", avant que les gendarmes ne l'emmènent dans la salle des détenus le temps pour les jurés de statuer sur son sort. Aucun des deux n'a semblé réellement prendre conscience de la gravité de leurs actes.

Agé de 32 ans, ce maçon de formation a reconnu les rapports sexuels avec la victime, cette fille qu'il n'a pas reconnue à la naissance mais dont il ne s'est pas privé d'abuser. Mais il refuse d'en assumer la pleine responsabilité. C'est la petite qui l'aurait provoqué. Elle aurait été consentante. Une façon d'expliquer les choses tristement habituelle dans ce genre de dossiers mais qui a toujours autant de mal à passer auprès de l'auditoire : "Comment peut-on penser qu'une enfant de 11 ans puisse avoir à l'idée de provoquer sexuellement celui qui est son père ?", s'est indigné l'avocat général dans son réquisitoire. "C'est impensable, c'est impossible ! Ça, c'est le discours d'un pédophile. La victime n'a pas varié d'un iota dans ses déclarations au cours de l'enquête". Des déclarations dont il ressort clairement qu'elle n'était pas d'accord avec ce qu'il se passait. Mais comment résister, à 11 ans, aux menaces d'un homme de 32 ans censé représenter l'autorité parentale, taillé comme un combattant de MMA, ce sport qu'il pratiquait à haute dose ? Et qui régnait en maître sur le foyer, rossait sa femme à l'occasion.

En fugue, elle erre la nuit dans le centre-ville de Papeete

La fillette qui, de surcroît, ne pouvait pas vraiment compter sur le soutien de sa mère, complice de son calvaire. "Vous les avez surpris, la première fois, dans la chambre conjugale !", tonne le représentant du ministère public. "Vous avez dit avoir assisté plusieurs fois aux actes sexuels, sans rien dire, ni l'empêcher, ni le dénoncer". Une maman qui rendra même sa fille responsable du placement en détention provisoire de son tane, au début de l'enquête, sur fond de survie économique. "Elle préfère son confort à la protection de sa fille !", tacle encore l'accusation. Modeste employée dans une entreprise de nettoyage, les revenus du papa étaient importants pour l'entretien du foyer et l'éducation du reste de la fratrie.

En rupture totale avec ses parents, la malheureuse avait multiplié les fugues, entre survie et mauvaises rencontres, à errer la nuit dans le centre-ville de Papeete. "La Cendrillon des temps modernes, dans ce pays où le viol de mineur est un fléau quotidien", n'a pu contenir l'avocat général. "Les gendarmes de la brigade de prévention de la délinquance juvénile réalisent 250 auditions de mineurs par an, une par jour ! L'envers de la carte postale…".

Le calvaire de l'enfant aura duré 2 ans. Paka, violence, scolarité en pointillé, changement de comportement avaient alerté la direction de son établissement scolaire une première fois, en 2014. Un juge des enfants avait même été saisi du dossier pour proposer la mise en œuvre de mesures d'assistance éducative. Mais les parents s'étaient montrés fuyants. Il faudra attendre le mois d'août 2015 pour que la jeune fille, écoutant son seul courage, aille finalement révéler son calvaire toujours dans le cadre scolaire. Quitte à se mettre au ban de sa famille. Comme une revanche, elle s'est depuis raccrochée à ses études qu'elle poursuit brillamment.



Rédigé par Raphaël Pierre le Mercredi 6 Septembre 2017 à 18:15 | Lu 10477 fois