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Assemblée : Quand on parle de sous, la tension monte


Assemblée : Quand on parle de sous, la tension monte
PAPEETE, samedi 24 novembre 2012. Vives discussions hier, à l’assemblée de Polynésie française entre les représentants des divers groupes, ainsi qu’avec les membres du gouvernement. Au menu, un nouveau collectif budgétaire, le 4e de l’année 2012. Il s’agissait de décider quelle affectation serait donnée aux 5,9 milliards de Fcfp, obtenus de l’Etat français, au titre de la dotation exceptionnelle d’ajustement pour la Polynésie française. Une aide qui apporte une bouffée d’oxygène aux finances du Pays. «Aujourd’hui la trésorerie du Pays est environ à 5 milliards de Fcfp, la situation de la trésorerie s’est nettement améliorée par rapport à 2011» reconnaissait Pierre Frébault, le ministre des finances.

La répartition qui a été proposée par les ministres Pierre Frébault et Antony Geros est la suivante : environ 2, 5 milliards de Fcfp pour le RSPF (régime de solidarité de la Polynésie française), 2 milliards pour le soutien à la défiscalisation, 850 millions pour le FRPH (Fonds de régulation des produits hydrocarbures), 480 millions pour le remboursement des crédits de TVA et enfin 30 millions de Fcfp pour les épiceries sociales de la Croix Rouge. Par ailleurs, le collectif budgétaire a prévu également le versement de 300 millions de Fcfp à la caisse de soutien au coprah, une somme prise sur les dotations du Sefi. L’attribution faite de ces recettes exceptionnelles et les ajustements de ce collectif budgétaire n’ont pas convaincu dans les rangs de l’opposition de l’assemblée. De son côté, Antony Geros, ministre en charge du budget rappelait que ces presque 6 milliards de recettes apportent du mieux dans les finances du Pays, mais qu’au cours des quatre dernières années, ce ne sont pas moins de 20 milliards de Fcfp de recettes qui ont été perdues. «Il va falloir regarder comment remplir ce déficit» avertissait-il.

Les réactions des élus

Armelle Merceron (Ia Ora Te Fenua)

«Concernant le FRPH, le déficit était estimé à 1,8 milliard de Fcfp au 1er novembre dernier et on ne met que 850 millions de Fcfp ; cela veut dire que l’on va finir l’année avec un déficit de 1 milliard et ce n’est pas réglementaire. Moi je dis que c’est inconscient, que l’on va dans le mur. On apprend par ailleurs que pour équilibrer le régime de l’assurance maladie on va baisser la dotation de l’hôpital de 500 millions de Fcfp, comment va-t-il fonctionner ?».

Eleanor Parker (Te Mana O Te Mau Motu)

«Ce projet de modification budgétaire démontre notre dépendance énergétique, la fragilité de notre économie et les problèmes de la viabilité des régimes sociaux polynésiens. Il va falloir réfléchir à des stratégies et sur les efforts de réforme. Car, il ne faut pas se leurrer sur le caractère exceptionnel de cette aide et surtout, faire en sorte de ne pas se transformer en quémandeur de l’Etat. Cela n’ouvre pas la voie du redressement».

Edouard Fritch (Tahoeraa Huiraatira)

«Nous voyons réapparaitre avec étonnement une subvention de 300 millions à la caisse de soutien des prix du coprah. Je vous rappelle que le 18 octobre dernier, lors de l’étude du collectif budgétaire n°3, nous étions intervenus pour dire que les 300 millions, déjà inscrits alors, ne seraient pas suffisants pour boucler l’année. Vous nous aviez assuré du contraire. Les faits sont têtus. Nous avions raison et vous faites une nouvelles fois preuve d’un grand amateurisme dans la gestion des fonds publics».

Victor Maamaatuaiahutapu (UPLD)

«Tenir un collectif budgétaire en fin d’année, c’est normal. Il ne peut y avoir de budget prévisionnel fixe, à moins d’avoir une boule de cristal. On ne peut pas savoir ce qui va se passer dans le futur. Les raisons de nos difficultés proviennent de l’impossibilité des gouvernements précédents à résoudre nos problèmes de l’économie. Durant le gouvernement Sarkozy, aucune goutte n’a coulé, aujourd’hui le robinet coule un peu mais l’Etat français sera attentif à l’utilisation des fonds publics».

Hirohiti Tefaarere (UPLD)

«Qui est à l’origine de nos problèmes d’aujourd’hui ? Qui est fautif ? Il faut analyser sérieusement l’histoire de notre pays et les erreurs commises alors et voir au sujet de notre développement, tout ce qui n’a pas été fait. Quand on entend l’opposition aujourd’hui prendre la parole, la faute en reviendrait à la majorité. Il faut arrêter de parler comme ça et revenir sur le collectif budgétaire qui est le sujet du jour».

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 23 Novembre 2012 à 16:03 | Lu 1426 fois