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Arts martiaux au Quai Branly: quand la culture fait vibrer une championne olympique


STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Paris, France | AFP | mardi 28/09/2021 - Des moines de Shaolin à Bruce Lee, les arts martiaux d'Asie s'exposent au musée du Quai Branly et évoquent la "perfection", subtile "danse" du corps et de l’esprit, pour la judoka Clarisse Agbégnénou, marraine de l’exposition.

"C'est la perfection, du début jusqu'à la fin, avec les plus belles histoires de la performance, la culture rejoint le sport, c'est grandiose", s'émerveille la double médaillée d’or de judo aux JO de Tokyo.

"Les arts martiaux sont un art, ils montrent la voie, ce que je fais est un art et c'est ce que l'exposition retranscrit de très belle manière", ajoute-t-elle, honorée de voir son kimono des JO exposé aux côtés de tenues séculaires de guerriers chinois et japonais.

Intitulée "ultime combat", l'exposition qui s'ouvre mardi, parle de maîtrise technique mais aussi d'une subtile "alliance de sagesse, tranquillité, souplesse", de "l'unité de l'esprit et du corps" qui font la force des grands sportifs, commente la championne interrogée par l'AFP.

"On me dit parfois, dans ta technique, on dirait que tu danses. Oui, il faut du tempo, pour moi c'est de l'énergie, tout se ressemble et tout s'assemble, rien ne va sans l'autre. Je vais chercher la grâce dans la danse", confesse-t-elle. 

Le voyage au musée du Quai Branly débute par le combat mythique des dieux contre les démons dans les arts hindous et bouddhiques venus d'Inde. Il explore les arts martiaux chinois popularisés par le cinéma hongkongais dans les années 70 et fait la part belle aux films de sabre, au judo et au karaté qui ont fortement marqué la vision actuelle du Japon. Comme une danse, calquée sur la calligraphie, ponctuée d'informations et d'anecdotes, parlant aussi du taï chi chuan et du qi gong.

Statues, armures de guerriers, sabres, poignards, bâtons, planches anatomiques d'acupuncture et objets rituels voisinent avec des écrans sur lesquels sont diffusés nombre d'extraits de films inspirés de l'histoire des arts martiaux.

Bruce Lee, Yip Man

Dans une salle consacrée à Bruce Lee, acteur, réalisateur, inventeur du jeet kune do, son propre art martial, devenu en quelques années une icône mondiale et un héros des luttes anticoloniales, la championne s'arrête et sort son téléphone portable.

Deux séries d'écrans, parallèles, comme un éventail fait de miroirs, montrent Bruce Lee dans "Jeu de la mort" ou "La Fureur du dragon". Ils magnifient la légende du kung-fu, poussant ses cris félins et maniant le nunchaku (bâtons à deux branches) à la perfection dans sa célèbre combinaison jaune à bandes noires.

"On a tous voulu être Bruce Lee !", dit en riant la jeune femme qui confesse "adorer regarder Yip Man (1893-1972, maître de Bruce Lee, incarné au cinéma dans "The Grandmaster" de Wong Kar-waï); d'un côté on sent la dureté, l'apprentissage et la défaite, qui fait rebondir, chercher comment on va assembler le corps et l'esprit", explique-t-elle.

"Ces deux dernières années, avec la préparation des JO, leur report, le confinement, mon énergie a baissé et il a fallu aller chercher cette force ailleurs", confesse la sportive, qui pratique "le yoga, la méditation, la respiration", souhaite devenir "coach de vie" et assure ne se soigner "qu'aux huiles essentielles".

L'exposition se conclut par l'extinction des samouraïs et la poursuite de leur combat légendaire dans l'imaginaire véhiculé par les super-héros des dessins animés japonais et du manga. 

Des dizaines de figurines sont exposées sous l'oeil d'un étrange robot géant thaïlandais, "Black Fire", spécialement créé pour l'exposition.

Le judo, comme il est rappelé dans un parcours didactique, très adapté aux enfants, a fait son entrée aux Jeux olympiques en 1964, 28 ans avant la naissance de Clarisse Agbégnénou, qui souhaite que "toutes les écoles viennent la voir" pour "susciter des vocations et mettre des étoiles dans les yeux des enfants".

le Mardi 28 Septembre 2021 à 05:03 | Lu 831 fois