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Argentine : les marchés hésitants après la victoire du péroniste Fernandez


Buenos Aires, Argentine | AFP | lundi 28/10/2019 - Les marchés se montraient hésitants lundi, au lendemain de la victoire du péroniste de centre gauche Alberto Fernandez à la présidentielle en Argentine, pays lourdement endetté et englué dans la récession.

Le peso et la Bourse ouvraient en hausse, avant de repartir à la baisse, sans pour autant plonger alors que les investisseurs redoutaient le retour au pouvoir des péronistes et de politiques interventionnistes, aux antipodes du président libéral sortant Mauricio Macri.
M. Fernandez, 60 ans, l'a emporté dès le premier tour, devant M. Macri, avec 48,1% des voix contre 40,3% à son adversaire, selon des résultats quasi-définitifs.
Au lendemain des élections primaires en août, considérées comme une répétition générale de la présidentielle et qui avaient vu triompher M. Fernandez, les marchés argentins avaient cédé à la panique. 
Lundi à la mi-journée, la réaction des marchés était plus mesurée: la Bourse  perdait 2,96%, après avoir ouvert en hausse de 6,21%. La monnaie s'est appréciée de 3% face au dollar, à 63 pesos pour un billet vert, avant de replonger.
Le Fonds monétaire international, qui a accordé à l'Argentine un emprunt de 57 milliards de dollars, s'est dit lundi "impatient" de travailler avec le nouveau gouvernement.
"Il y a une grande incertitude après la nette victoire d'Alberto Fernandez en Argentine, mais il faut souligner que sous sa présidence il sera inévitable de restructurer la dette élevée", ont commenté les analystes due cabinet Capital Economics.
 

- Contrôle des changes -

 
Signe de la nervosité ambiante, le gouvernement a durci lundi le contrôle des changes en vigueur depuis septembre pour freiner la chute des réserves monétaires du pays.
Raison invoquée: depuis les primaires en août, les réserves ont chuté de 22 milliards de dollars, a expliqué le président de la Banque centrale argentine Guido Sandleris.
Selon le nouveau régime en vigueur jusqu'au 10 décembre, date de la prise de fonctions du nouveau gouvernement sorti des urnes, les particuliers ne pourront acheter que 200 dollars par mois à des fins d'épargne, contre 10.000 auparavant.
Habitués aux bouleversements économiques, nombre d'Argentins s'étaient massés vendredi devant les banques et les bureaux de change pour acheter des dollars ou retirer leurs dépôts.
M. Fernandez, qui avait formé un ticket avec l'ex-présidente Cristina Kirchner (2007-2015), s'est efforcé de les rassurer. "Que les Argentins soient tranquilles, nous allons respecter vos dépôts", a-t-il déclaré, faisant allusion au spectre du "corralito", nom officieux des mesures prises en 2001 en Argentine pour mettre fin à une course à la liquidité et à la fuite des capitaux.
Depuis les primaires, les épargnants argentins ont retiré quelque 12 milliards de dollars de leurs comptes, soit environ 36,4% du total.
 

- "Pire crise depuis 2001" -

 
Le président sortant, Mauricio Macri, 60 ans, dont la popularité a fortement chuté l'année dernière en raison de la grave crise économique, avait estimé dimanche que deux "visions concurrentes de l'avenir (étaient) en jeu".
Après l'annonce de sa victoire, M. Fernandez, visiblement ému, a pris la parole devant plusieurs milliers de ses partisans. "Les temps qui viennent ne sont pas faciles", a-t-il déclaré. "L'unique chose qui nous préoccupe, c'est que les Argentins cessent de souffrir".
Mme Kirchner, à ses côtés, a appelé le président Macri à prendre dans les derniers jours de son mandat "toutes les mesures nécessaires pour atténuer la situation dramatique" de l'Argentine.
Le Mexique, le Venezuela et la Bolivie ont rapidement adressé leurs félicitations à Alberto Fernandez.
A l'inverse, pour le président brésilien Jair Bolsonaro, l'Argentine "a mal choisi" son nouveau président.
Le président sortant achève son mandat au milieu de la pire crise économique que l'Argentine ait vécue depuis 2001. En récession depuis plus d'un an, le pays connaît une inflation élevée (37,7% en septembre), une dette massive et un taux de pauvreté en hausse (35,4%, soit un Argentin sur trois).

le Lundi 28 Octobre 2019 à 10:12 | Lu 170 fois