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Après le temps des pionniers, la télémédecine va se banaliser

PARIS, 26 octobre 2010 (AFP) - Affaire aujourd'hui de pionniers, la télémédecine, qui permet la consultation à distance, va se banaliser pour répondre aux problèmes médicaux des régions peu peuplées et améliorer le suivi des malades.


Après le temps des pionniers, la télémédecine va se banaliser
"Il ne faut pas avoir une vision caricaturale, la télémédecine ce n'est pas +je vais sur un site et j'ai un médecin qui me fait mon diagnostic et envoie l'ordonnance+", souligne-t-on dans l'entourage de la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, après la publication d'un décret encadrant cette pratique.

La télémédecine veut en effet "répondre à un vrai besoin quand l'offre ne soins n'y répond pas bien, éviter le déplacement des patients, améliorer l'accès aux soins et le suivi des pathologies chroniques", précise-t-on.

Il ne s'agit pas de se substituer aux consultations des médecins, mais de renforcer les modalités de prise en charge.

Reconnue par la loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires), la télémédecine peut prendre diverses formes.

"Téléconsultation", elle permet à un médecin de consulter à distance. Un professionnel de santé, par exemple un infirmier, peut éventuellement assister le patient.

La "télésurveillance médicale" permet à un médecin d'interpréter à distance les données nécessaires au suivi médical d'un patient, qui dira comment il se sent, comment il supporte le traitement...

Les autres types de télémédecine concernent les seuls médecins. Ainsi un praticien pourra demander l'avis d'un médecin expert (c'est la téléexpertise), se faire aider au cours de la réalisation d'un acte (téléassistance) ou demander une "réponse médicale" dans le cadre de l'aide médicale d'urgence ou de la permanence des soins.

La télémédecine ne s'exercera que sur contrat avec les autorités nationales ou avec l'Agence régionale de santé (ARS), dans des zones où l'accès aux médecins est difficile.

Cette médecine se fera toujours par le biais d'un internet sécurisé et de messages cryptés, relève le Dr Jacques Lucas, vice-président du Conseil national de l'Ordre des médecins. Et donc probablement dans des structures de regroupement médicales bien équipées, plutôt que chez les médecins de ville.

Déjà, un suivi de patients psychiatriques dans des îles a été organisé à Vannes (Morbihan). A Paris, un hôpital gérontologique, l'hôpital Vaugirard, s'est relié aux services de pointe de l'hôpital Georges Pompidou, avec possibilité de transferts d'images. A ce jour, le système paraît surtout expérimenté en milieu hospitalier, les autres initiatives s'apparentant plutôt à de simples "conseils".

La tarification des actes se fera sur la base des tarifs habituels, mais on peut imaginer qu'elle varie en fonction de la quantité de travail demandé.

"Acte médical à part entière", la télémédecine permettra d'avoir "un avis spécialisé, sans déplacer le patient ou le spécialiste", alors même que "20% de la population vit sur 80% du territoire", note le Dr Lucas.

Mais elle ne pourra tout couvrir. "Si un patient souffre d'une douleur abdominale, il faut que le médecin palpe le ventre", dit-il. Et la télémédecine "ne remplacera pas la rencontre entre le médecin et des patients, qui en ont besoin".

Certains médecins s'inquiètent par ailleurs du processus de rémunération. La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) note que les modalités relèveront "du pouvoir discrétionnaire des seules ARS". Ce qui pourrait faire varier les rémunérations d'une région à l'autre et induire "une insupportable injustice pour les médecins mais également pour les patients".

chc/fa/phb

Rédigé par Par Christine COURCOL le Mardi 26 Octobre 2010 à 05:54 | Lu 299 fois