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Après le juge, Benalla de nouveau face aux sénateurs


Paris, France | AFP | lundi 21/01/2019 - Des voyages en Afrique, une utilisation abusive de passeports: Alexandre Benalla, ex-collaborateur d'Emmanuel Macron, se retrouve à nouveau lundi devant le Sénat qui enquête sur des dysfonctionnements qualifiés par le gouvernement d'"incompréhensibles pour les Français".

L'audition très attendue de l'ancien chargé de mission de l'Elysée, 27 ans, a commencé à 14H00. En costume sombre, rasé de près, Alexandre Benalla est arrivé accompagné de son avocate, sous une nuée de photographes et de caméras.
Alexandre Benalla avait déjà été entendu le 19 septembre par cette commission d'enquête sénatoriale créée cet été après sa mise en examen pour des violences sur des manifestants le 1er mai, alors qu'il "observateur" aux côtés de la police.
Il a de nouveau été mis en examen vendredi, cette fois pour utilisation abusive de passeports diplomatiques après son licenciement.
"La justice dira si M. Benalla a commis un délit, mais nous dirons si l'État a bien fonctionné. Si l'État n'a pas facilité d'une certaine façon la commission d'un éventuel délit en ne retirant pas avec plus d'énergie tous les attributs de la fonction de M. Benalla" après son limogeage par l'Élysée fin juillet", a déclaré quelques heures avant l'audition le président de la commission, Philippe Bas (LR). 
Il est "totalement faux" de dire que la commission sénatoriale ne peut l'interroger en raison d'une procédure judiciaire en cours, assure Jean-Pierre Sueur (PS), corapporteur avec Muriel Jourda (LR). De même pour son acolyte Vincent Crase, un ex-employé du parti présidentiel LREM et chef d'escadron dans la réserve opérationnelle de la gendarmerie, qui doit lui aussi être entendu lundi, après M. Benalla.
De source proche de la commission, M. Crase devrait demander le huis clos au début de son audition, ce que selon toute vraisemblance la commission refusera.
 

- Port d'armes -

 
Lors de la première audition, les sénateurs s'étaient efforcés de cerner les fonctions exactes de M. Benalla à l'Élysée et le rôle qu'il avait pu avoir dans la protection du président, normalement du ressort exclusif de services spécialisés de l'État. 
Le port d'arme dont disposait l'ancien chargé de mission, qui a réfuté tout rôle de garde du corps, avait été longuement questionné et les réponses avaient laissé les sénateurs dubitatifs.
Depuis, d'autres questions se sont accumulées, au fur et à mesure de nouvelles révélations sur les activités de l'ex-proche collaborateur d'Emmanuel Macron, notamment en Afrique où il a rencontré le président tchadien Idriss Déby.
Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a reconnu dimanche des "dysfonctionnements", notamment à l'Élysée, qui doivent être réglés car ils sont "insupportables et incompréhensibles pour les Français". 
"Il faut aller au bout de l'enquête", a plaidé lundi la secrétaire d'État Emmanuelle Wargon.
La commission d'enquête du Sénat s'interroge sur la façon dont Alexandre Benalla a pu obtenir et utiliser des passeports diplomatiques et de service. Un "collectionneur", relève M. Sueur, un brin ironique.
Il souligne aussi "qu'il a fallu attendre le 4 octobre pour que l'Élysée se rende compte" qu'il n'avait pas rendu un téléphone hypersécurisé (Teorem) auquel peu de personnes ont accès.

- "Arrêter les fantasmes" -

 
Le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, entendu mercredi au Sénat, a chargé M. Benalla, comme les ministres Christophe Castaner (Intérieur) et Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères).
M. Strzoda a révélé que M. Benalla avait utilisé "presque une vingtaine de fois" ses passeports après son licenciement, entre le 1er août et le 31 décembre.
Il a affirmé que M. Benalla avait aussi été en possession de deux passeports de service, soupçonnant que l'un d'eux ait été obtenu, le 28 juin 2018, via une "falsification".
"L'Élysée l'a lâché", a jugé lundi sur BFMTV la sénatrice écologiste Esther Benbassa, qui compte l'interroger sur ce point.
Pour l'heure, la justice ne l'a pas mis en examen pour "faux".
La commission s'intéresse aussi aux activités extérieures qu'aurait pu exercer M. Benalla lorsqu'il était en fonction à l'Élysée.
Que va répondre l'intéressé qui a affirmé récemment qu'il ne se "tairait plus"? Sachant aussi qu'il parle, comme les autres, sous serment et qu'un faux témoignage est passible de cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende.
"Il faut arrêter les fantasmes. Ce n'est pas +Le bureau des légendes+", a affirmé M. Griveaux, en référence à la série télévisée à succès mettant en scène des espions de la DGSE.

le Lundi 21 Janvier 2019 à 03:23 | Lu 277 fois