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Apprendre le toucher vaginal sur des patientes endormies: des médecins alertent le gouvernement


Paris, France | AFP | vendredi 06/02/2015 - "Doit-on enseigner aux jeunes médecins le toucher vaginal ou rectal sur des patient-e-s endormi-e-s au bloc ?": une cinquantaine de médecins, journalistes et féministes, ont publié vendredi une tribune contre des pratiques "faisant fi" du consentement des malades, appelant les pouvoirs publics à réagir.

"Pratique jusqu'alors largement niée", le toucher vaginal ou rectal sur des patient-e-s inconscient-e-s et non informé-e-s à des fins pédagogiques est "évoqué dans plusieurs blogs, par des témoignages de futurs médecins et même attesté par des documents", affirment les signataires.

Or ce ne sont pas des "gestes anodins", ni pour les patients, ni pour le futur médecin.

"Négation" des droits du malade, le toucher vaginal "effectué sans consentement pourrait même être assimilé, au sens pénal, à un acte de pénétration sexuelle commis sur la personne d'autrui par contrainte ou par surprise, c'est-à-dire un viol", poursuivent-ils.

Parmi eux, Clara de Bort, directrice d'hôpital, l'association Osez le féminisme ou encore le médecin et écrivain Martin Winckler.

Un article de Metronews publié en début de semaine relayait un document publié sur le site de la Faculté de médecine Lyon Sud Charles-Mérieux, laissant penser que ces méthodes étaient employées par ses étudiants.

Des allégations fermement démenties par l'établissement dès mardi soir. Selon une porte-parole de l’université Claude-Bernard Lyon 1, dont dépend la faculté, le document cité par Metronews est ancien et figurait par erreur sur son site.

"Il n'a jamais été organisé de formation sur des patientes endormies (...) Ce n'est pas possible, ce n'est pas éthique, ce serait inacceptable", a affirmé mercredi le chef du service de Lyon Sud, François Golfier.

De leur côté, les auteurs de la tribune assurent que "bon nombre de professionnels de la santé et d'internes" ont justifié ces pratiques, expliquant "qu'ils doivent apprendre leur métier, et qu'il est préférable que la patiente ne sente rien, ne se souvienne pas que plusieurs inconnus sont passés la +voir+".

Ils demandent donc aux ministres Marisol Touraine (Santé) et Najat Vallaud-Belkacem (Enseignement supérieur) "de faire toute la lumière sur cette affaire et les conditions de l'apprentissage pratique des futurs médecins".

Contacté par l'AFP, le président de section éthique et déontologie de l'Ordre des médecins, Jean-Marie Faroudja, a rappelé que ces pratiques ne pouvaient avoir lieu sans le "consentement libre et éclairé du patient". "C'est un devoir déontologique de recueillir l'accord du patient avant tout examen", a-t-il déclaré.

Rédigé par () le Vendredi 6 Février 2015 à 06:36 | Lu 2209 fois