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Alerte à la bombe à l'aéroport d'Auckland: le touriste rapportait un souvenir "explosif" de Vanuatu


Alerte à la bombe à l'aéroport d'Auckland: le touriste rapportait un souvenir "explosif" de Vanuatu
AUCKLAND, mardi 23 octobre 2012 (Flash d’Océanie) – Une alerte a dû être déclenchée samedi 20 octobre 2012 à l’aéroport international d’Auckland, après qu’un passager ait été découvert en possession, dans ses bagages, d’un engin explosif non désamorcé datant de la seconde guerre mondiale, et ramené d’un voyage à Vanuatu.
L’engin, une douille de mortier, avait été récupéré par ce touriste lors d’une plongée en bouteilles sur un site réputé pour recéler des vestiges américains de la guerre du Pacifique.
Le touriste a finalement déclaré l’engin aux douanes néo-zélandaises, à son arrivée à l’aéroport d’Auckland à bord du vol air Vanuatu, sur un Boeing 737 avec à son bord quelque 162 passagers.
Dans un premier temps, il a évoqué la présence dans ses bagages, d’une « grenade ».
Par précaution, l’aéroport a alors été bouclé pendant une heure environ, en attendant qu’une équipe déminage ait achevé son travail de récupération et de destruction sécurisée de l’engin.
La police néo-zélandaise, pour sa part, n’a pas envisagé de poursuites particulières à l’encontre de l’individu, qu’elle a néanmoins qualifié de « cas intéressant de stupidité ».
Depuis cet incident, la compagnie aérienne Air Vanuatu, sur laquelle avait voyagé ce touriste, a exigé des explications de la part de l’aéroport de Port-Vila, afin de savoir comment et pourquoi il avait été possible d’embarquer sur un vol un tel engin sans que celui-ci ait été détecté par les systèmes de sécurité, rapporte la presse néo-zélandaise.
Air Vanuatu hésite, concernant d’éventuelles explications de cette atteinte grave à la sécurité de l’embarquement, entre une erreur humaine et une défaillance des matériels et portiques de détection.

Durant la seconde guerre mondiale et son chapitre Guerre du Pacifique, entre 1941 et 1945, de nombreux sites de la Mélanésie (Vanuatu, alors condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides, la Nouvelle-Calédonie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les îles Salomon) ont été soit des bases stratégiques de l’armée américaine, pour contrée l’avancée des troupes impériales japonaises.
Les principaux théâtres mélanésiens des combats ont été les îles Salomon (bataille de Guadalcanal) et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
De nombreux sites, dans ces pays, recèlent toujours depuis d’énormes quantités, sur terre ou sous la mer, de matériel de guerre, y compris des armes et munitions.

Des accidents se produisent toujours régulièrement, notamment ces dernières années aux îles Salomon, impliquant la manipulation d(‘engins explosifs datant de cette époque et qui, pour certains, ont explosé entre les mains de personnes tentant de les récupérer.

En septembre 2011, le gouvernement américain, à l’occasion de sa participation au sommet des dirigeants du Forum des Îles du Pacifique, évoquait cette initiative directement liée au passé américain dans le Pacifique, à l’occasion de la guerre éponyme : un programme de déminage et de récupération des vestiges de la seconde guerre mondiale, que ce soit en Mélanésie (îles Salmon, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Vanuatu) ou en Micronésie.
Des opérations similaires avaient eu lieu ces dernières années notamment en Nouvelle-Calédonie (importante base militaire américaine durant la Guerre du Pacifique), en coopération avec l’armée française sous le nom de code « Lagoon MinEX ».

Mi-octobre 2011, les armées australienne, néo-zélandaise et papoue ont mené l’une de ces opérations de recherche et de déminage afin de retrouver des armes et munitions datant de la seconde guerre mondiale, avec pour terrain d’opérations la ville de Rabaul et ses environs.
Cette opération, baptisée « Render Safe » (sécuriser), a duré environ deux semaines.
Les moyens engagés comprenaient au total plus de cent cinquante soldats des armées des trois pays engagés, et de leurs unités spécialisées dans le déminage.
Les forces armées ont une nouvelle fois ciblé des engins de type grenades, bombes voire torpilles, dont de nombreux exemplaires non désamorcés dorment depuis plus de soixante cinq ans dans la jungle et sur le littoral papous.
Outre Rabaul, point focal de l’édition 2011 de ces manœuvres, un détachement avait aussi effectué des recherches similaires dans la région de la piste historique de Kokoda, au Nord-ouest de la capitale Port-Moresby, haut lieu de la résistance alliée à l’avancée japonaise pendant la guerre du Pacifique.
Les effectifs humains étaient épaulés logistiquement par deux bâtiments de la marine australienne (les HMAS Gascoyne et Diamantina) et de deux autres de la marine néo-zélandaise (les HMNZS Resolution et Wellington), équipés de moyens de vision sous-marine.

« Lagoon Minex » en Nouvelle-Calédonie

En novembre 2009, en Nouvelle-Calédonie, deux semaines durant, cette opération conjointe réunissant d’importants moyens matériels et humains combinés des armées française, américaine, australienne et néo-zélandaise, avait permis, de localiser puis ensuite de déplacer, neutraliser et « océaniser » quelque soixante dix mines datant de la présence américaine dans ce territoire français du Pacifique Sud.
Ces mines avaient été posées dans le lagon néo-calédonien par les forces américaines, entre 1942 et 1945, afin de protéger l’entrée maritime de Nouméa, qui était lors une base stratégique des États-Unis pour stopper l’avancer nippone.
L’opération avait alors été baptisée « Lagoon Minex ».

Déminage de la Guerre du Pacifique : interminable tâche

En juillet 2010, un détachement de l’armée australienne, spécialisé dans le déminage d’engins explosifs, achevait aussi une mission similaire sur l’île de Nauru
Il s’agissait d’une mission exploratoire afin de localiser la présence soupçonnée de plusieurs engins datant de la Seconde Guerre Mondiale et de son volet Guerre du Pacifique.
Une bonne partie des premiers engins a été localisée tout près du site d’exploitation d’une mine de phosphate en voie de réaffectation.
« Les engins non encore détonnés sont un problème récurrent dans les nations insulaires du Pacifique Sud-ouest, c’est un héritage lourd », avait alors précisé le Général de corps d’armée Mark Evans, qui supervisait cette mission.
Des opérations similaires de la part du même groupe de déminage ont déjà eu lieu dans plusieurs autres États insulaires de la région.
Début juillet 2010, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, un drame a été évité de justesse lorsque deux bombes datant de la seconde guerre mondiale ont explosé dans un champ adjacent à un campus universitaire de la ville de Kokopo (île de Nouvelle-Bretagne, au Nord-est de la Grande Terre), ne faisant toutefois aucun blessé.
Le bureau provincial de gestion des catastrophes naturelles, alerté pour l’occasion, a précisé que les explosions avaient eu lieu dimanche matin entre sept et huit heures locales (GMT+10), alors que des riverains avaient entrepris d’allumer un feu sur cette parcelle qu’ils destinaient ensuite à la culture.
Une fois alertées, les autorités ont dépêché sur place une équipe qui a rapidement bouclé le périmètre.
Une fois le feu éteint, pas moins de cinquante huit autres engins similaires et toujours potentiellement mortels ont été déterrés.
Ils ont été identifiés comme étant des mortiers de calibre 75mm de fabrication japonaise.
Cette région de Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais aussi les îles Salomon (en particulier sur l’île de Guadalcanal), Vanuatu (ancien condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides) et son île d’Espiritu Santo (Nord) et, plus au Sud, la Nouvelle-Calédonie, ont été des bases des troupes américaines envoyées pour arrêter la progression des troupes impériales japonaises, entre 1942 et 1945, au cours de la Guerre du Pacifique.
Les combats les plus violents entre Américains et Japonais ont eu lieu à Guadalcanal et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, véritables lignes insulaires de front à la fois maritime, terrestre et aérien.

Bombes à retardement ….. plus de 65 ans après

Fin décembre 2009, aux îles Salomon, trois personnes ont été tuées dans la province salomonaise du Centre, après que l’engin explosif de la seconde guerre mondiale dont ils tentaient de récupérer la poudre leur ait explosé à la figure.
Les trois victimes (deux adultes et un enfant) étaient accompagnées de deux autres pêcheurs qui ont été gravement blessés.
Cet accident, qui a connu de nombreux précédents dans cet archipel, théâtre d’un des chapitres les plus violents de la guerre du Pacifique, entre 1942 et 1945, a une nouvelle fois impliqué des personnes qui avaient pour intention d’utiliser ces explosifs pour pêcher.
« Ils sont partis à deux pirogues, avec leur équipement de pêche, et aussi des marmites », indiquait alors un témoin.
Les marmites étaient censées être utilisées pour faire bouillir les mortiers et ensuite en extraire la poudre, a expliqué le témoin, apparemment très coutumier de cette technique très répandue dans cette région.

« Bouilleurs » de bombes

« Les pêcheurs s’en servent pour faire de la dynamite et pour pêcher (…) Là, ils avaient déjà bouilli cinq bombes et il en avait encore trois dans la marmite quand ‘accident s’est produit. C’est une autre bombe, non encore mis dans l’eau, qui a explosé quand l’un des pêcheurs était en train de la manipuler », a expliqué Samani Ramo, résident du village voisin de Yandina.
La police, alertée, a envoyé une équipe de la capitale pour mener l’enquête, tout en rappelant une nouvelle fois que d’une part la pêche à la dynamite était interdite, et que d’autre part ces explosifs, vestiges de la seconde guerre mondiale, ne devaient en aucun cas être manipulés.
En juin 2009, un accident similaire avait eu lieu, blessant grièvement quatre Salomonais alors qu’ils tentaient eux aussi de récupérer le contenu d’un mortier de la seconde guerre mondiale, qui leur a explosé à la figure.
Cet accident intervenait alors que la police salomonaise, quelques jours avant l’accident, avait justement exhorté la population à ne plus s’approcher et a fortiori à manipuler ces vestiges de la seconde guerre mondiale, qui jonchent encore le sol et le sous-sol en de nombreux points de toute la chaîne des îles de la Mélanésie.
Le Néo-zélandais Peter Marshall, chef de la police salomonaise, avait d’ailleurs interdit à la circulation les abords de l’aéroport international d’Honiara, et en particulier, à sa limite Est, le lieu-dit de « Hells Point » (la Pointe de l’Enfer) où se trouve un important stock de ces anciennes munitions, dont des grenades, mais aussi des mortiers.
Cette zone est aussi utilisée comme point de stockage provisoire de ces objets, rassemblés après récupération en d’autres points de l’archipel et dans l’attente de leur neutralisation.
Or, ces vestiges de la seconde guerre mondiale sont aussi convoités par des individus qui les utilisent pour, entre autres usages, la pêche à l’explosif en tentant d’ouvrir ces bombes pour en récupérer la poudre.
Plusieurs accidents avec pour résultat de graves mutilations ont déjà eu lieu par le passé.

pad

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Rédigé par PAD le Mardi 23 Octobre 2012 à 05:08 | Lu 1134 fois