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Air Tahiti Nui : Etienne Howan a « l’espoir de sortir de ce conflit au plus vite »


Air Tahiti Nui : Etienne Howan a « l’espoir de sortir de ce conflit au plus vite »
Sous la contrainte de débrayages massifs des Personnels naviguants commerciaux (PNC), à l’appel des syndicats maison SYNACO ATN et SPNC UNSA ATN depuis le 6 août, la compagnie Air Tahiti Nui tente de faire face à la crise mais sait qu’elle ne sortira pas indemne de ce conflit.
Jeudi soir, le mouvement de grève chez ATN, s’il demeure, handicapera près de 2.000 passagers dans les diverses escales que dessert la compagnie. La moitié de ces passagers étant bloqués à Tahiti.
Les vols affrétés par ATN chez Air New Zeland, mercredi et probablement chez Quantas, jeudi, pour remédier partiellement à la situation, coûtent 3 fois plus cher à la compagnie qu’un vol maison.
Près de 400 chambres d’hôtel ont été réservées, mercredi, auprès des hôtels de Tahiti pour héberger les passagers touristes bloqués à Tahiti en raison du mouvement social.
En termes d’image, les effets de cette crise sont difficiles à estimer mais ils vont « affecter nos résultats et la confiance que nos partenaires ont dans l’entreprise. Et cela n’est certainement pas anodin », précise, réaliste, Etienne Howan.
Une nouvelle rencontre avec les syndicats s’est tenue jeudi 9 août à 11 heures.

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Sur les dix points de revendication du préavis déposé le 1er août par les syndicats de salariés, la compagnie a accepté de suspendre la mesure de réduction de l’effectif PNC sur ses vols, consécutivement au passage des avions en bi-classe, dès mars 2013 : la suppression de la 1ère classe à bord rendait possible une réduction de l’effectif PNC de 10 à 9 personnes sur les vols, offrant une économie de charges annuelles évaluée par la compagnie à 120 millions Fcfp.
Les négociations achoppent sur la question du 13e mois de salaire des PNC. Les syndicats acceptent de renoncer à cet avantage financier en contrepartie d’une introduction des PNC dans le capital de l’entreprise et de l’engagement du Pays à soutenir financièrement la ligne Japon, déficitaire. Ces demandent placent le Pdg, Etienne Howan, dans une situation délicate parce qu’étrangères à ses prérogatives.
Une action devant le Tribunal du travail pourrait être engagée pour dénoncer ces nouveaux points de revendication, si les syndicats persistent dans cette voie.

A 10 heures, jeudi matin, la direction générale de la compagnie a fait un point sur la crise, par la voix de son Pdg, Etienne Howan :

Où en est le conflit ce matin ?

Etienne Howan : Malheureusement la grève (des personnels naviguants commerciaux, ndlr) se poursuit, malgré de nombreuses heures de négociation. La direction a fait des concessions importantes sur la modification des équipages, puisque le projet a été suspendu en accord avec le conseil d’administration. Concernant l’effort demandé sur le 13e mois, notre partenaire salarié pose des conditions assez difficiles à résoudre pour l’entreprise, dès lors qu’il conditionne cet effort à une entrée au capital et à une participation financière du Pays, sous la forme de subvention, visant spécifiquement le soutien de la ligne Japon, qui est déficitaire. Sur ces points là, je suis dans l’impossibilité de négocier puisque ces décisions ne relèvent pas de la direction générale de l’entreprise.

Sur le plan pratique, combien de passagers sont bloqués par cette grève ?

Etienne Howan : Compte tenu de la configuration de notre réseau et du fait que les personnels naviguant ne peuvent pas se mettre en grève à Paris, ni à Los Angeles, les vols vers Papeete ne sont pour l’instant pas concernés. Au départ de Papeete, nous subissons fortement la grève et n’avons pu faire pour l’instant qu’un départ avec des personnels non grévistes. La situation se dégrade de jour en jour, pour nos passagers et nous présentons nos excuses aux personnes qui subissent des désagréments.
Le nombre de passagers bloqués devait être autour de 400 hier soir (8 août, ndlr) et si nous n’arrivons pas à réaliser de départ ce soir, on sera plus proche des 900.
Jusqu’à présent nous faisons le maximum pour faire partir nos passagers sur d’autres compagnies (…), nous avons pris en charge l’hébergement des passagers touristes dans les hôtels de la place. Mais cette solution a ses limites dans la mesure où il n’y a plus beaucoup de chambres disponibles. Ce soir nous ne pourrons loger tout le monde.


Quel coût ce conflit engendre-t-il pour la compagnie ?

Etienne Howan : C’est assez difficile à chiffrer. Il y a d’abord un gros problème en termes d’image. Ces perturbations génèrent des annulations : les agents de voyage ne font pas partir leurs clients. Il y a des coûts d’hébergement : 170 chambre le premier soir ; le double hier. Les coûts d’affrètement des appareils que nous prenons en compensation sont extrêmement chers.
Nous avons l’espoir de sortir de ce conflit au plus vite. Nous avons fait des concessions importantes, en renonçant à un équipage réduit à 9 personnes : cela représente la renonciation à une économie de charge de près de 120 millions Fcfp par an.


Cela suscite-il des incertitudes pour l’avenir d’ATN déjà en difficultés financièrement ?

Etienne Howan : Il est clair que persister dans ce genre de conflits est particulièrement négatif et va affecter nos résultats et la confiance que nos partenaires ont dans l’entreprise. Et cela n’est certainement pas anodin.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 9 Août 2012 à 13:18 | Lu 1892 fois