Tahiti Infos

Air France Polynésie : "On est dans une ambiance de doute, de pression et de menace"


Air France Polynésie : "On est dans une ambiance de doute, de pression et de menace"
Les négociations entre les représentants syndicaux et la direction régionale d’Air France, dans le cadre du plan Transform Papeete, d’économies de charges, se sont achevées fin octobre sans réelle entente, alors que Philippe Barbieri, directeur régional, insistait à l’ouverture de ces discussions, mi septembre, sur leur caractère déterminant pour l’avenir des 116 emplois sous contrat avec Air France Polynésie et menaçait une possible fermeture de la ligne Tahiti dès avril 2013.
Divergence d'opinion et de méthode, du côté des partenaires sociaux, la délégation syndicale CSIP s’est désolidarisée du syndicat maison UNSA au cours de ces négociations, et a déposé plainte contre la direction régionale, accusée de rétention d’informations et d'attitude discriminatoire.
"On nous annonce que la compagnie est dans le rouge depuis 10 ans. Nous avons demandé les documents comptables certifiés qui établissent cette situation, il y a plus de 15 jours", explique Alain Bonno, délégué syndical CSIP, qui conteste l’analyse comptable proposée par la direction régionale. "On ne nous a toujours rien transmis".

Vous qualifiez ces négociations de "monologue informel". Qu’entendez-vous ?

Alain Bonno : On souhaitait un échange et des propositions de chacune des parties. On nous a proposé deux voies permettant une économie de 3 millions d'euros (360 millions Fcfp, ndlr), soit une baisse de charges de 39% sur la ligne Tahiti, passant par un plan d’accroissement de la productivité que l’on devait accepter en six semaines, sous la menace, après mars 2013, d’abandonner la ligne Papeete. Et ce alors qu’en cas d’acceptation, l’emploi ne pouvait pas être garanti au-delà de 2014.

Vous pensez que cette série de rencontres était vouée à l’échec consensuel ?

Alain Bonno : La barre est très haute. Le plan Transform 2015 planche sur 20% d’économies de charges. On nous demande 39%, soit près du double dans le cadre du plan Transform Papeete.

Ces efforts sont-ils réalisables par le personnel Air France Tahiti ?

Alain Bonno : Tout est possible. On nous pousse à faire un maximum d’efforts, mais respectons d’abord la transparence des chiffres et l’équité. Là, on nous met la pression au dernier moment, en sectorisant le problème à la base Papeete, en menaçant de sa fermeture et on nous donne six semaines pour accepter faute de quoi on ferme.

Selon vous Air France organise-t-elle délibérément la fermeture de la ligne Papeete ?

Alain Bonno : On ne sait pas trop. On est dans une ambiance de doute, de pression et de menace sur l’emploi. Forcément beaucoup de gens ont peur face à cette incertitude. Certain ont des engagements bancaires, familiaux, et sont donc prêts à faire tout et n’importe quoi pour pouvoir conserver leur emploi. Mais quand on passera à la phase réalisation on se rendra bien compte que ce n’est pas viable, ni à courts, ni à moyens termes.

Transform 2015 : Air France/KLM supprime 5.122 postes à l'horizon 2014

Alors qu'en Polynésie française, la compagnie négocie avec les partenaires sociaux un plan de réduction de charges draconien, sans exclure la fermeture de la ligne au bénéfice d'un partenariat avec ATN, la direction du groupe Air France/KLM a confirmé fin juin dernier, sa volonté de réduire les effectifs de la compagnie en supprimant 5.122 postes entre décembre 2011 et décembre 2013, soit près de 10% des 53.000 salariés du groupe aéronautique, pour redresser la barre d'ici 2015.
Air France-KLM a initié en janvier 2012 un plan de restructuration avec l'objectif de réduire de deux milliards d’euros (240 Mds Fcfp) la dette du groupe tout en économisant deux milliards d’euros à l'horizon 2015.
Pour y parvenir, le groupe entend améliorer sa productivité.

La compagnie tricolore a déjà annoncé une réduction de sa flotte aérienne et une montée en puissance de sa filiale à bas coûts, Transavia.

Des syndicalistes n'excluent pas à terme des transferts de contrats au sein du groupe.

L’envolée du prix du carburant et la concurrence féroce des compagnies à bas coût ont placé le groupe Air France/KLM dans une situation difficile, avec des pertes de plus de 800 millions d'euros (96 Mds Fcfp) en 2011 et une lourde dette de 6,5 milliards d’euro (780 Mds Fcfp).


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 7 Novembre 2012 à 10:36 | Lu 3076 fois