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Agriculture : " Tous les dispositifs mis en place restent d'actualité"


PAPEETE, le 3-11-15 - Après la démission de Frederic Riveta, le ministre de l'agriculture, de nombreux agriculteurs sur le terrain s'interrogent sur la poursuite des dossiers. Thierry Nhun Fat, conseiller spécial du Président Edouard Fritch fait le point.

Première question d'importance, le ministre de l'Agriculture va-t-il être remplacé ?

Le Président, Edouard Fritch, prend la suite de Frederic Rivetta : tous les dispositifs mis en place restent d'actualité. Le Président veut "dynamiser", il considère que l'agriculture fait partie des secteurs importants car c'est un secteur pourvoyeur d'emploi. 6 000 personnes sont en activité (selon les données du recensement agricole de 2012). Pour le Président, les agriculteurs sont au centre des préoccupations. Le service de développement durable (SDR), l'Epic Vanille, la Chambre d'agriculture, toutes les structures publiques et parapubliques doivent être au service de la profession. Aujourd'hui, il y a encore des gens qui fonctionnent en électron-libre, ce n'est pas satisfaisant.

Comment venir en aide aux agriculteurs ?

Pour faire de l'agriculture, il faut du foncier. Le président va amplifier cette volonté d'aménagement rural. Nous avons le souci de venir en accompagnement, en soutien aux agriculteurs. Frederic Rivetta a déjà mis à disposition 40 hectares.
Nous voulons également former les agriculteurs, notamment par le CFPPA, qui est une structure de formation pour adulte à Opunohu. Les agents du SDR doivent également faire office de vulgarisateur auprès des agriculteurs. Ils bénéficient de la technicité, des recherches faites par nos laboratoires.

Ces derniers temps, il était question de restructurer le SDR ?

C'est en cours, le Président va mettre son poids de manière à ce que cette force de travail représentée par 250 personnes soit mise au service des agriculteurs et des professionnels.

Est-ce qu'il y a assez d'agents au SDR ?

Largement. Ce n'est pas une question du nombre d'agents. On fait un travail à la hauteur du nombre de personnes. Produisons un travail au bénéfice des agriculteurs !

RECHERCHE VARIETALE

Où en est-on de la recherche sur les variétés ?

Nous savons qu'en Polynésie, nous consommons beaucoup de concombres, de salades, de tomates, de choux. On a identifié les produits. Par rapport à ces productions existantes, le travail des ingénieurs est de dire quelles sont les variétés de tomates, de concombres, de navets qui sont les plus adaptées au sol polynésien. L'objectif est de tendre au maximum de production par rapport à notre climat. Pour toutes les plantes qui poussent en Polynésie, on peut se satisfaire à 100 % de la production locale. En revanche, pour les oignons et l'ail, par exemple, notre climat ne nous permet une production en assez grande quantité, il faut accepter l'idée d'importer. Pour toutes les productions maraichères, nos ingénieurs doivent continuer les recherches et faire des fiches techniques pour chacune des variétés.

Concernant l'agriculture biologique et l'agriculture raisonnée, quelle est votre position ?

Nous n'avons pas décidé. La raison nous recommande de promouvoir l'agriculture raisonnée ou biologique. Ce n'est pas à nous, pouvoir public d'imposer quoi que ce soit. Si une personne trouve que l'agriculture raisonnée est plus rentable, c'est à lui de faire le choix. S'il estime qu'il peut faire du bio, il fera le choix, on poussera les deux. C'est au porteur de projet de faire leur choix.

Zoom sur les productions agricoles

Le miel
Il y a quelques mois, l'annonce de l'ouverture de l'importation de miel de l'étranger a beaucoup fait parler les producteurs et les consommateurs. "L'importation n'est toujours pas rouverte", répond Thierry Nhun Fat. "Nous consommons aujourd'hui uniquement du miel local. Nous savons qu'il y a de gros porteurs de projet sur le territoire en faveur du miel", continue-t-il.

Le coprah
L'objectif du gouvernement est de favoriser l'huile de coco vierge. "Pour l'agriculteur qui a l'habitude de faire du coprah, on pense qu'il gagnera plus en vendant de l'huile de coco vierge", commente Thierry Nhun Fat. L'huile de coco vierge est tirée à partir du lait de coco. Economiquement, l'huile de coco vierge a plus de valeur ajoutée que l'huile de coprah. "Le propriétaire de cocoteraie vendra son coco sec en plus grande quantité et à la fin du mois, il gagnera beaucoup plus" continue le conseiller du Président. Les coprahculteurs vendront leurs cocos à des unités de transformation où pourront installer une unité sur leur exploitation grâce à des "kits". "Dans une première estimation, il est évident que les propriétaires de cocoteraies gagneraient plus", explique Thierru Nhun Fat. "L'intérêt pour le Pays, c'est que cette huile ne sera pas subventionnée, pas comme le coprah", ajoute-t-il.

La vanille
La filière a démarré en 2003, "un peu sur les chapeaux de roue, de manière un peu précipité", commente Thierry Nhun Fat. "On a lancé un programme vanille sans avoir tous les éléments. Dix ans après, on découvre que la liane a un cycle de vie, que la liane meurt alors qu'on pensait que c'était increvable. En fait le cycle de vie était de six ou sept ans". Cette année la production de vanille se situe autour de 14 tonnes, l'année prochaine elle devrait augmenter à 30 tonnes car la production va repartir, le cycle de régénération de la liane touchant à sa fin.

L'ananas
L'importation de la purée d'ananas a été rouverte à cause de la pénurie. L'ananas produit en Polynésie a pour vocation soit la consommation de bouche, soit l'usine de jus de fruits. Dernièrement, une parcelle de 60 hectares d'ananas a fermé à la Presqu'île. Ces fruits étaient principalement destinés au marché de bouche. L'ananas de bouche est vendu à 100 francs le kilo et 56 francs le kilo pour l'usine. De nombreux producteurs qui ont l'habitude de fournir à l'usine s'en sont détournés pour vendre sur le marché de bouche car il y a une pénurie à cause de la diminution des surfaces. Pour remédier au problème, le Président a débloqué 15 hectares qui sont actuellement en défrichage à Moorea.

Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Mardi 3 Novembre 2015 à 15:52 | Lu 1289 fois