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Affluence aux urgences du Taaone pour cause de chikungunya


PIRAE, le 13 novembre 2014. Depuis le début de ce mois de novembre, l'épidémie de chikungunya fait grimper les chiffres des consultations aux urgences du Centre hospitalier de Pirae. Pour faire face à cet afflux de malades relevant de la médecine générale et "non urgents", l'hôpital a mis en place un accueil renforcé.
Le Centre hospitalier du Taaone reçoit, en situation normale -hors épidémie-, une moyenne de 120 patients aux urgences chaque jour. Depuis le début du mois de novembre, cette moyenne dépasse régulièrement les 200 passages quotidiens aux urgences, dont une bonne moitié concerne des personnes atteintes de chikungunya. Les pics de fréquentation sont particulièrement sensibles les week-ends et les jours fériés : 214 personnes accueillies par exemple le mardi 11 novembre.

Une situation qui illustre la couverture insuffisante du dispositif des médecins de garde sur Tahiti alors que les dispensaires de santé sont fermés le week-end (et en semaine dès 15h30). Faute de trouver un cabinet médical ouvert durant le week-end, ou pour être pris en charge sans avoir à couvrir le tiers payant, de nombreuses personnes se retrouvent aux urgences du Centre hospitalier. Pour éviter un encombrement et prioriser les situations, le CHPF a donc renforcé le personnel des urgences avec une file de garde supplémentaire, des infirmiers d'accueil et d'orientation, des aides-soignants. Pour les malades atteints du chikungunya qui relèvent de la médecine générale, une filière courte a été ouverte spécialement avec des salles de consultation réservées.

Une organisation qui n'empêchera pas ces malades de devoir parfois patienter plusieurs heures avant d'être admis en consultation, car les urgences vitales doivent continuer à être traitées par l'hôpital, comme à l'accoutumée. "L'activité est soutenue mais nous gérons la situation. Nous avons connu bien pire en 2009 avec la grippe H1N1 avec des passages aux urgences qui dépassaient les 300 personnes par jour" explique Jean-Marie Savio, secrétaire général du CHPF. Ces consultations aux urgences pour le chikungunya n'engendrent pas, en revanche, d'augmentation des hospitalisations. En un mois, environ 100 personnes ont été brièvement hospitalisées en raison de cas de chikungunya, associé à une autre pathologie lourde.

Combien de malades ?

Alors que l'épidémie de chikungunya est déclarée en Polynésie française depuis un mois, le nombre de cas suspects est estimé entre 4000 et 5000, selon une déclaration du responsable de la veille sanitaire, mercredi soir à l'AFP. Le pic de l'épidémie devrait se produire en début d'année 2015, ce qui laisse donc encore quelques mois de progression à la maladie aussi bien à Tahiti que dans les différents archipels ensuite.

La Polynésie rencontre quelques soucis pour mesurer précisément l'impact de cette épidémie : à Tahiti, les chiffres sur les cas (confirmés ou suspects) sont devenus parcellaires. En fin de semaine dernière, le Bureau de veille sanitaire était ainsi dans l'impossibilité de fournir des chiffres précis "en raison d'un faible retour des données de surveillance". Dans le même temps, compte tenu de la situation épidémique répandue sur toute l'île, la direction de la santé a demandé aux médecins de Tahiti de limiter les demandes de confirmation de diagnostic par analyses sanguines aux seuls cas graves ou atypiques.

A noter également que depuis que cette épidémie a été déclarée en Polynésie française, il y a donc plus d'un mois désormais, il n'y a eu aucune conférence de presse organisée par le ministère de la santé à ce sujet.

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 13 Novembre 2014 à 12:30 | Lu 1780 fois