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Accusé de menacer les droits LGBT, Budapest sur la défensive au sommet de l'UE


Bruxelles, Belgique | AFP | jeudi 24/06/2021 - La Hongrie s'est défendue jeudi de discriminer les personnes LGBT avec une nouvelle loi dénoncée par une majorité des pays de l'UE, au début d'un sommet des Vingt-Sept à Bruxelles censé aborder bien d'autres sujets épineux dont le dialogue avec Moscou.

La législation controversée a conduit 17 pays membres, dont la France, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie, à interpeller dans une lettre commune les chefs de l'UE et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres (invité au sommet) sur la nécessité de faire respecter les valeurs européennes.

Sans mentionner la Hongrie, la lettre déplore des "menaces contre les droits fondamentaux et en particulier le principe de non-discrimination en raison de l'orientation sexuelle".

Le sujet devrait animer le dîner jeudi soir entre les chefs d'Etat et de gouvernement réunis jusqu'à vendredi, avec un Premier ministre hongrois Victor Orban sommé de s'expliquer et appelé à revoir son texte.

La nouvelle loi hongroise prévoit que "la pornographie et les contenus qui représentent la sexualité ou promeuvent la déviation de l'identité de genre, le changement de sexe et l'homosexualité ne doivent pas être accessibles aux moins de 18 ans".

"La loi ne porte pas sur les homosexuels. Elle concerne la façon dont les parents veulent faire l'éducation sexuelle de leurs enfants", s'est défendu M. Orban, à son arrivée à Bruxelles, accusant ses homologues européens de ne pas l'avoir lue.

Cette loi "ne me paraît pas conforme à nos valeurs", lui a rétorqué le président français Emmanuel Macron, espérant pouvoir convaincre M. Orban "de porter lui-même un changement de ce texte".

"Dialogue exigeant avec Moscou"

Autre gros sujet au menu du dîner: les relations de l'UE avec la Russie, qui n'ont cessé de se détériorer depuis l'annexion de la Crimée et le début du conflit en Ukraine en 2014, et sont actuellement "au plus bas", selon le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell.

Angela Merkel et Emmanuel Macron jugent nécessaire d'organiser des rencontres avec le président russe Vladimir Poutine pour traiter des sujets d'intérêt majeur pour l'UE, malgré les différends et les tensions.

La chancelière allemande a estimé que l'Union européenne devait nouer un "contact direct" avec Moscou, une semaine après le sommet Biden-Poutine. "Il ne suffit pas que le président américain parle au président russe", a-t-elle martelé.

"C'est un dialogue nécessaire à la stabilité du continent européen mais exigeant parce que nous ne cédons rien de nos valeurs, ni de nos intérêts", a appuyé Emmanuel Macron.

Cette initiative est soutenue par Vladimir Poutine. "Nous la percevons positivement", a affirmé son porte-parole.

Mais elle suscite le rejet de plusieurs pays de l'UE, dont la Pologne et les pays baltes.

Le sommet a commencé avec un déjeuner avec Antonio Guterres. Les Européens doivent ensuite discuter de la coordination contre le Covid-19 et de l'inquiétante propagation du variant Delta.

Angela Merkel a mis en cause l'attitude du Portugal qui connaît une recrudescence de cas. Le pays avait ouvert ses frontières aux touristes du Royaume-Uni entre mi-mai et début juin alors que ce variant y circulait déjà.

Elle a déploré l'absence "d'attitude commune" des Etats membres sur les règles de voyage. 

Le contrôle des frontières relevant d'une compétence nationale, l'UE agit par recommandations -non contraignantes. Elle a toutefois réussi à mettre en place un certificat sanitaire commun aux 27, qui doit être pleinement opérationnel à partir du 1er juillet pour faciliter les voyages au sein du bloc.

Détente avec Ankara

Les dirigeants doivent aussi se pencher, pour la première fois depuis juin 2018, sur le sujet de la migration, également source de fortes divisions.

Terre d'accueil pour près de 4 millions de réfugiés syriens, la Turquie est un partenaire important pour l'UE qui a signé avec elle en 2016 un accord destiné à stopper l'afflux de migrants en échange notamment d'une aide financière aux associations humanitaires sur place.

Les chefs d'Etat et de gouvernement vont discuter d'une proposition de la Commission de consacrer 5,7 milliards d'euros pour financer l'aide aux Syriens réfugiés en Turquie, au Liban et en Jordanie jusqu'en 2024. Dont 3,5 milliards pour la Turquie.

L'UE a déjà alloué plus de 6 milliards d'euros dans le cadre de l'accord de 2016, dont 4,1 milliards ont été décaissés.

Les Européens souhaitent normaliser les relations avec la Turquie après une année 2020 marquée par les tensions, mais demandent au président turc Recep Tayyip Erdogan des gages, pour une reprise de la coopération. "Nous allons clarifier les lignes d'un réengagement du dialogue", a déclaré Emmanuel Macron.

le Jeudi 24 Juin 2021 à 06:22 | Lu 143 fois