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APRP : les travailleurs attendent leur salaire de novembre


Des travailleurs d'APRP ont arrêté jeudi le travail pour réclamer le versement de leur salaire du mois de novembre.
Des travailleurs d'APRP ont arrêté jeudi le travail pour réclamer le versement de leur salaire du mois de novembre.
PAPEETE, le 16 décembre 2014. Les salariés d'Ateliers pour la réinsertion professionnelle (APRP) n'ont pas reçu leur salaire de novembre. La banque n'a pas autorisé la société à dépasser son découvert bancaire. APRP attend notamment le versement d'une partie de ses subventions par le Pays. Des salariés ont arrêté le travail ce mardi pour protester.

Des salariés de la société Ateliers pour la réinsertion professionnelle (APRP) ont arrêté hier matin le travail. Ils dénoncent le non-paiement de leur salaire du mois de novembre. Le chèque qui leur a été donné le 8 décembre par la direction a été rejeté par l'établissement bancaire. « Les salaires du mois de novembre ont été versés, mais ils ont tous été rejetés au niveau de l'établissement bancaire », explique Candice Simier, la directrice de l'entreprise.
Gisèle Teheiura, secrétaire générale de la CSIP, indiquait mardi matin que le travail ne reprendrait pas tant que les salaires n'auraient pas été versés.

« Nous faisons face à des difficultés importantes. Nous sommes confrontés à des dettes qui sont anciennes. La situation est grave, c'est vrai, mais elle est sous contrôle », assure la directrice. « Les chèques ont été rejetés, car on a dépassé l'autorisation de découvert. On est dans le cadre d'un incident technique parce que l'établissement bancaire ne va pas offrir une garantie avec une étendue dont il ne pourrait pas mesurer la fin. » Pour ne plus dépasser l'autorisation de découvert, la société attend une partie des subventions versées par le Pays. Mais le versement, comme pour d'autres associations tardent (lire ci-dessous).


« Je ne veux pas que mes enfants manquent de quelque chose »


Assis dans la société, des salariés demandaient hier matin simplement à être payés. Sandra travaille depuis 5 ans à APRP. « C'est la première fois que je ne reçois pas mon salaire », explique-t-elle. « C'est très difficile. Je ne veux pas que mes enfants manquent de quelque chose. Je veux pouvoir leur acheter de la nourriture », insiste-t-elle.
A ses côtés, Micka travaille depuis 4 ans dans la société de la vallée de Titirio. Il est le père de cinq enfants, âgés de 4 à 14 ans. « Ma femme ne travaille pas. Il n'y a que moi qui travaille. C'est difficile de ne pas avoir nos salaires. Comment va-t-on faire alors que les fêtes arrivent ? », interpelle-t-il.


« On se mobilise pour trouver des solutions »


La direction se veut rassurante sur un règlement rapide du problème. « On se mobilise pour trouver des solutions. La situation est grave, mais elle est sous contrôle », explique Candice Simier. « On est une société où on a une mission sociale bien spécifique. On œuvre pour l'intégration professionnelle de travailleurs salariés handicapés, qui ont déjà une vulnérabilité. Il n'est pas question de les précariser encore plus. »
« Il y a un retard dans le versement de la subvention du Pays, mais trouvez-moi une association qui ne soit pas en retard sur les perceptions de ses subventions. La ministre est bien informée de la solution. J'espère que ça va se résoudre au plus tôt. En tout cas, je m'y emploie et je vais y arriver ».

APRP a pour but de permettre à des personnes reconnues travailleurs handicapés par la Cotorep, de se (ré)entraîner professionnellement afin de trouver un emploi en milieu ordinaire ou pour certains en milieu protégé.

Les activités d'APRP se concentrent principalement sur des tâches de montage, collage, façonnage, conditionnement, reprographie et numérisation-indexation. Depuis 2012, la société dispose d'un atelier de démantèlement des déchets d'équipements électriques et électroniques (D3E).

Quelles sont les sources de revenus de l'APRP ?

APRP, en tant qu’entreprise adaptée, bénéficie de deux sources de revenus :

1. Deux subventions attribuées par le Fonds d’insertion des travailleurs
handicapés (FIPTH), géré par la Direction du travail sous couvert de son ministère :
- Une aide au développement permettant à l’entreprise d’investir dans de petits équipements et une partie du salaire de l’encadrement.
- Une aide au poste qui couvre 80% du salaire brut des ouvriers de production reconnus Travailleurs handicapés et orientés par la Cotorep (Commission technique d'orientation et de reclassement professionnel).
Un arrêté du conseil des ministres, en date du 10 septembre, indique que l'aide au poste à été fixée pour l'année 2014 à 23,234 millions de Fcfp. Pour l'aide au développement, la subvention a été fixée à 27,425 millions de Fcfp cette année.

2. Un chiffre d’affaires lié à sa production.

Le versement des subventions perturbé par les changements de gouvernement

Des associations en font depuis quelques mois la longue et douloureuse expérience. En dépit de subventions accordées et d'une publication de l'accord sur cette subvention par arrêté ministériel dans le Journal Officiel, l'argent prévu n'est pas versé aux bénéficiaires. Habituellement nous répond-on au service de la jeunesse et des sports, entre la publication de l'arrêté ministériel au JO et le versement effectif de l'argent de la subvention sur le compte d'une association, il se passe un délai de trois semaines à un mois. Mais certains versements peuvent être bloqués en raison d'un changement de gouvernement. "Il faut modifier la rédaction de l'arrêté. On est obligé de refaire tout le circuit en interne" précise le service qui reconnaît que "beaucoup d'associations sont en difficulté en raison de ça". Aussi, certaines subventions de fonctionnement accordées pour 2014 ne seront effectivement versées qu'en 2015.

Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 16 Décembre 2014 à 12:11 | Lu 1605 fois