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À quoi ressemble le budget 2023


Tahiti, le 23 novembre 2022 – Plus de recettes fiscales, des mesures contre l'inflation à financer, une dette qu'il faut désormais rembourser et quelques subventions plus conséquentes qu'à l'accoutumée pour les investissements communaux en année électorale… Le projet de budget 2023 a été transmis à l'assemblée.
 
Le gouvernement a transmis à l'assemblée son projet de budget pour l'année 2023, dernier exercice du genre pour l'actuelle mandature d'Édouard Fritch. Un budget construit pour une année électorale et dans un contexte “d'indicateurs au vert” en raison d'un “redressement inattendu de la crise en l'espace de moins de trois ans”, insiste le gouvernement dans son projet de budget. L'enjeu annoncé pour l'année à venir sera de stimuler l'activité au fenua face aux “facteurs exogènes” que sont la guerre en Ukraine, le taux de change de l'euro, les tensions sur l'approvisionnement en matières premières ou encore la fluctuation des cours du pétrole. Un contexte extérieur qui pourrait “gripper la machine économique”, met en garde le gouvernement. Les objectifs, quant à eux, sont loin d'être révolutionnaires : “poursuivre la lutte contre l'inflation et asseoir notre résilience pour consolider les fondamentaux de notre économie”.
 
+8 milliards de recettes fiscales
 
Sur les quelques chiffres globaux, le budget de fonctionnement pour 2023 s'établit à 146 milliards de Fcfp. C'est 8 milliards de plus qu'en 2022. Les recettes de fonctionnement sont d'ailleurs en hausse d'un peu plus de 8 milliards, grâce aux recettes fiscales : TVA, droits de douane, CSIS et impôts sur les plus-values immobilières notamment… Ce sont les fameux “indicateurs au vert”, qui permettent davantage de rentrées fiscales. Les dépenses, de leur côté, augmentent surtout en raison de la quote-part du FIP en hausse de 4 milliards et – dans une mesure assez notable – des charges de personnel en hausse de 735 millions. Pour le FIP, c'est l'effet attendu de deux années Covid aux recettes fiscales dégradées qui s'étaient ensuite réajustées en 2022. Pour les charges de personnel, c'est la faute aux revalorisations de salaires liées à l'inflation, indique le gouvernement.
 
Dans les dépenses de fonctionnement, on notera tout de même l'impact des mesures budgétaires pour “faire face à l'inflation”. Cette année, pas moins de 7 milliards de Fcfp ont été versés au Fonds de régulation des prix des hydrocarbures (FRPH). L'année prochaine, la participation du Pays à ce fonds n'est estimée qu'à 700 millions de Fcfp “du fait de la baisse progressive des cours du pétrole depuis le mois de juin”. C'est ce qu'on appelle de l'optimisme. Une enveloppe de 1,6 milliard – en hausse de 600 millions – est également allouée à la prise en charge du fret maritime pour les PPN et autres produits détaxés, après la hausse de ces tarifs en faveur des armateurs et l'élargissement de la liste des PPN. Enfin, le soutien au prix de la farine pour les boulangers va coûter de nouveau 800 millions de Fcfp à la collectivité en 2023. C'était déjà le cas en 2022 et c'était déjà 500 millions de Fcfp en 2021, avant la guerre en Ukraine.
 
Les communes bien servies
 
Un mot du budget d'investissement. Celui-ci s'élève à 41 milliards de Fcfp et il est marqué par une volonté “d'infléchir la trajectoire de la dette afin d'assurer sa soutenabilité sur le long terme” (lire ci-après). Hors dette, les dépenses d'investissement atteignent 35 milliards avec 362 opérations nouvelles toutes jointes en annexe au projet de budget. Et, surprise en année électorale, on y retrouve quelques nombreuses “subventions aux communes” chiffrées en plusieurs tranches pour la plupart au-delà de la centaine de millions de Fcfp. La comparaison avec le budget 2021 est éclairante. Le volet “partenariat aux collectivités” passe notamment de 3 à 9 milliards d'autorisations de programmes nouvelles entre les budgets 2022 et 2023.
 
Parmi les plus notables de ces opérations nouvelles, on relèvera 870 millions de “cessions immobilières à titre gratuit au profit de la commune de Punaauia”. Un montant de 880 millions est prévu pour le terrassement et le remblai pour le Village Tahitien, des crédits à plusieurs centaines de millions également pour la création du futur abattoir de Raiatea, la réhabilitation du terrain et de la piste du stade Pater, l'aménagement du domaine Boubée-Barrier à Raiatea pour 400 millions, la reconstruction de l'infirmerie de Tiputa pour 630 millions, ou encore la construction d'un nouveau bâtiment pour l'hôpital Louis Rollin pour 730 millions.
 
Sur les réseaux et infrastructures enfin, on y retrouve des travaux d'aménagements routiers à Moorea pour 350 millions de Fcfp et de bétonnage de la route à Mangareva pour 300 millions. Sur Tahiti, près de 800 millions de travaux routiers, auxquels s'ajoutent notamment le réaménagement du Carrefour du PK15 à Punaauia pour 300 millions. Dans les îles, figurent encore 410 millions pour l'aérodrome de Katiu, 330 millions pour l'aérogare de Rurutu, 300 millions pour celui de Tikehau, 700 millions pour l'aérodrome de Takaroa. Et enfin, toujours sur les opérations d'ampleur, on relève 400 millions pour la marina de Anau à Bora Bora, 450 millions pour la marina de Avera à Raiatea ou 360 millions pour deux hangars à Farepiti à Bora Bora… La liste étant évidemment non-exhaustive.
 

​La dette a presque doublé en trois ans

Ce n'est pas pour rien si l'objectif du gouvernement est “d'infléchir la trajectoire de la dette”. Au 31 décembre 2022, l'encours de la dette est estimé à 156 milliards de Fcfp. Entre 2017 et 2019, cet endettement de la Polynésie française était passé de 86 à 79 milliards de Fcfp. Mais depuis la crise Covid, avec les deux prêts garantis par l'État (PGE1 et PGE2) et plusieurs autres emprunts contractés par la collectivité, cette dette a grimpé à 111 milliards fin 2020, puis 116 milliards fin 2021, pour atteindre donc 156 milliards en 2022…
 
L'annuité de la dette en 2023 est estimée de son côté à 16 milliards de Fcfp. C'est la somme que le Pays va rembourser l'année prochaine pour payer ses différents emprunts. Un montant réparti en 12 milliards de frais financiers et 4 milliards de capital. D'aut   ant qu'en 2023, arriveront le remboursement de la première annuité du PGE1 et celui des intérêts de la première tranche du PGE2 pour un total de 2,2 milliards.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mercredi 23 Novembre 2022 à 20:23 | Lu 1794 fois