Pointe-à-Pitre, France | AFP | mardi 22/04/2024 - "Je viens de l’apprendre maintenant seulement. Je vais rentrer chez moi, j’habite à côté": comme Israël, 14 ans, les mineurs sont désormais soumis à Pointe-à-Pitre à un couvre-feu nocturne, d'une durée d'un mois renouvelable, censé endiguer la délinquance.
Il est un peu plus de 20H00 ce lundi dans la capitale économique de la Guadeloupe. L’air un peu perdu, Israël, T-shirt rouge et sac plastique à la main, doit justifier, face aux policiers, sa présence sur une place, seul.
"J’achetais juste un bokit", un sandwich local, dit-il. "Sinon, je n’ai pas trop l’habitude d’être dehors le soir".
Israël est le premier à être contrôlé par les agents déployés pour l'entrée en vigueur du couvre-feu, annoncé la semaine dernière par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et visant les moins de 18 ans dans certaines zones des Abymes et de Pointe-à-Pitre, où la délinquance juvénile est à la hausse.
"C’est le premier soir, donc on essuie un peu les plâtres, on va voir dans la durée comment ça se passe, mais je pense qu’il n’y aura pas trop de difficultés à faire respecter cet arrêté", assure le commissaire Jérôme Durand, chef du service territorial de sécurité publique, alors que les rues sont plutôt désertes.
"C'est un enjeu d’ordre public car il y a une délinquance assez forte des mineurs à Pointe-à-Pitre", dit-il.
"Beaucoup de bêtises"
Saluée par le préfet, Xavier Lefort, qui déambule avec les forces de police, Déborah Placide, 30 ans, soutient la mesure, depuis sa roulotte: "Les jeunes, c’est des clients à nous, mais quand ils sont dans la rue, ils font beaucoup de bêtises, alors je suis tout à fait d’accord", confie-t-elle.
Quelques mètres plus loin, Edwige, 44 ans, qui souhaite rester anonyme, boit une bière avec un ami, accoudée à une voiture. Cette mesure est "très intéressante, parce qu’il y a beaucoup d’ados dehors, et je ne sais pas ce qu’ils font dans la rue", juge-t-elle.
La première adolescente qu’elle ne comprend pas, c’est sa fille, 15 ans: "Elle sort le soir, elle a un style de vie qui n’est pas le mien, je ne sais pas ce qu’elle fait, ça m’inquiète".
Pour elle, le couvre-feu "va l’empêcher" de sortir, "ça peut lui faire peur", quand Edwige n’arrive plus à la retenir: "Elle ne me respecte pas, elle croit qu’elle est une adulte comme moi". Edwige craint "les mauvaises fréquentations, la prostitution et la drogue" et fustige "les soirées organisées pour les 13/17 ans, c’est pas normal!".
A quelques rues de là, nouveau contrôle, pour une jeune femme. "Qu’est ce que vous faites ici, si vous habitez à Baie-Mahault"? demande le policier. La jeune femme décline son identité mais n’a ses papiers, elle ne peut pas prouver sa majorité.
Sa mère confirme finalement son âge par téléphone: 20 ans, "Vous pouvez circuler".
Jusqu'à 750 euros d'amende
Avant de partir rejoindre ses amis, dispersés à la vue des policiers, elle s'enquiert de la sanction encourue par les mineurs: "Qu’est-ce qu’ils ont? Une amende?". Oui, d'un montant maximal de 750 euros.
Au pied d’une barre d’immeuble, Nicolas, brigadier chef à la BAC jour à Pointe-à-Pitre, répond aux questions des journalistes qu'il invite à se mettre à l’abri, sous un balcon, pour éviter d’éventuels projectiles : "On ne sait jamais".
Faire appliquer le couvre-feu "fait manifestement partie de nos missions", dit-il. Mais "c’est une grande première donc on s’adapte, on improvise par rapport aux instructions et à la situation".
Lui estime qu’il y a "beaucoup" de mineurs dans la rue, habituellement. "Ca a toujours été un peu le cas, il y a beaucoup de familles monoparentales, c’est très souvent la maman qui élève seule les garçons et c’est difficile de les tenir à la maison, ils veulent sortir avec les copains".
L’arrêté est pris pour un mois, “renouvelable”.
Le maire EELV de Pointe-à-Pitre, Harry Durimel, qui avait qualifié sa ville de "coupe-gorge" fin mars a salué la mesure. Selon lui, le taux de mineurs dans la commission des délits est passé de 12% à 38%, dans un département ultramarin en proie à une forte criminalité selon la préfecture.
Il est un peu plus de 20H00 ce lundi dans la capitale économique de la Guadeloupe. L’air un peu perdu, Israël, T-shirt rouge et sac plastique à la main, doit justifier, face aux policiers, sa présence sur une place, seul.
"J’achetais juste un bokit", un sandwich local, dit-il. "Sinon, je n’ai pas trop l’habitude d’être dehors le soir".
Israël est le premier à être contrôlé par les agents déployés pour l'entrée en vigueur du couvre-feu, annoncé la semaine dernière par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et visant les moins de 18 ans dans certaines zones des Abymes et de Pointe-à-Pitre, où la délinquance juvénile est à la hausse.
"C’est le premier soir, donc on essuie un peu les plâtres, on va voir dans la durée comment ça se passe, mais je pense qu’il n’y aura pas trop de difficultés à faire respecter cet arrêté", assure le commissaire Jérôme Durand, chef du service territorial de sécurité publique, alors que les rues sont plutôt désertes.
"C'est un enjeu d’ordre public car il y a une délinquance assez forte des mineurs à Pointe-à-Pitre", dit-il.
"Beaucoup de bêtises"
Saluée par le préfet, Xavier Lefort, qui déambule avec les forces de police, Déborah Placide, 30 ans, soutient la mesure, depuis sa roulotte: "Les jeunes, c’est des clients à nous, mais quand ils sont dans la rue, ils font beaucoup de bêtises, alors je suis tout à fait d’accord", confie-t-elle.
Quelques mètres plus loin, Edwige, 44 ans, qui souhaite rester anonyme, boit une bière avec un ami, accoudée à une voiture. Cette mesure est "très intéressante, parce qu’il y a beaucoup d’ados dehors, et je ne sais pas ce qu’ils font dans la rue", juge-t-elle.
La première adolescente qu’elle ne comprend pas, c’est sa fille, 15 ans: "Elle sort le soir, elle a un style de vie qui n’est pas le mien, je ne sais pas ce qu’elle fait, ça m’inquiète".
Pour elle, le couvre-feu "va l’empêcher" de sortir, "ça peut lui faire peur", quand Edwige n’arrive plus à la retenir: "Elle ne me respecte pas, elle croit qu’elle est une adulte comme moi". Edwige craint "les mauvaises fréquentations, la prostitution et la drogue" et fustige "les soirées organisées pour les 13/17 ans, c’est pas normal!".
A quelques rues de là, nouveau contrôle, pour une jeune femme. "Qu’est ce que vous faites ici, si vous habitez à Baie-Mahault"? demande le policier. La jeune femme décline son identité mais n’a ses papiers, elle ne peut pas prouver sa majorité.
Sa mère confirme finalement son âge par téléphone: 20 ans, "Vous pouvez circuler".
Jusqu'à 750 euros d'amende
Avant de partir rejoindre ses amis, dispersés à la vue des policiers, elle s'enquiert de la sanction encourue par les mineurs: "Qu’est-ce qu’ils ont? Une amende?". Oui, d'un montant maximal de 750 euros.
Au pied d’une barre d’immeuble, Nicolas, brigadier chef à la BAC jour à Pointe-à-Pitre, répond aux questions des journalistes qu'il invite à se mettre à l’abri, sous un balcon, pour éviter d’éventuels projectiles : "On ne sait jamais".
Faire appliquer le couvre-feu "fait manifestement partie de nos missions", dit-il. Mais "c’est une grande première donc on s’adapte, on improvise par rapport aux instructions et à la situation".
Lui estime qu’il y a "beaucoup" de mineurs dans la rue, habituellement. "Ca a toujours été un peu le cas, il y a beaucoup de familles monoparentales, c’est très souvent la maman qui élève seule les garçons et c’est difficile de les tenir à la maison, ils veulent sortir avec les copains".
L’arrêté est pris pour un mois, “renouvelable”.
Le maire EELV de Pointe-à-Pitre, Harry Durimel, qui avait qualifié sa ville de "coupe-gorge" fin mars a salué la mesure. Selon lui, le taux de mineurs dans la commission des délits est passé de 12% à 38%, dans un département ultramarin en proie à une forte criminalité selon la préfecture.