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A Moorea, des monceaux de terre qui menacent le lagon


Dépôt de terre dans la baie de Vaianae (PK 21).
Dépôt de terre dans la baie de Vaianae (PK 21).
MOOREA, le 20 août 2014. Une parcelle communale de la baie de Vaianae à Moorea, située en bordure de lagon, a reçu au cours des dernières semaines d’importantes arrivées de terre en vue de la préparation du terrain pour un projet communal. Des riverains s’inquiètent pour le lagon, car aucune protection n’a été prévue.
«Il y a sur cette parcelle communale un projet municipal à venir. La terre a été posée là car c’était un gite à moustiques, il fallait assainir» voilà les seules explications que la municipalité de Moorea a livrées lorsque Tahiti Infos a cherché à avoir des explications sur ce qui inquiètent des riverains de la baie de Vaianae.

Pour la mairie il n’y a pas eu de remblai à proprement parlé mais un terrassement avec l’apport de terre en provenance d’un autre chantier. Mais, en bordure de lagon, la crainte d’un remblaiement sauvage si petit soit-il est réel ou tout au moins d’un débordement, d’autant que cet apport de terre fraîche n’a pas été précédé de la mise en place d’une protection ou d’un enrochement pour éviter que cette terre, encore meuble, ne finisse par couler doucement dans le lagon, au gré des épisodes de forte houle ou lors de pluies importantes. A minima une autorisation aurait été nécessaire. La réglementation impose que pour tout déplacement de plus de 60 m3 de terre, un permis de terrassement est nécessaire, que l’opérateur soit privé ou public. A Moorea, en particulier il faut aussi une autorisation du PGEM (plan de gestion de l’espace maritime) mis en place justement sur la commune pour la protection de son lagon. De plus, selon les riverains, l’apport de terre a été réalisé sur place après la destruction d’une partie de mangrove, véritable nurserie pour certaines espèces de la faune.

Par conséquent, il est à craindre qu’une modification du profil du littoral et une dégradation des récifs coralliens s’opèrent dans cette zone. Un scénario malheureusement fréquent en Polynésie française où ces dégradations, parfois inconscientes, sont des pratiques répétées avec, le plus souvent, une régularisation a posteriori des travaux effectués, mais trop tard déjà pour la protection de l’environnement.

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 20 Août 2014 à 18:35 | Lu 2227 fois