Mamoudzou, France | AFP | mercredi 22/02/2022 - A Mayotte, pour protester contre une flambée de violences des habitants barrent les accès à leur quartier voire tentent de bloquer des axes de circulation, dans une île marquée par déjà cinq meurtres ou tentatives en 2022.
A l'origine de ces violences, des affrontements entre jeunes de quartiers rivaux ou contre les forces de l'ordre quand elles interviennent pour les séparer.
Automobilistes et passants font aussi les frais de ces violences. C'est ainsi qu'un habitant du quartier de M'Tsapéré, au sud de Mamoudzou, a été tué au début du mois, avec un coupe-coupe. Un mineur de 16 ans a été mis en examen et écroué.
En tout, ce sont cinq meurtres ou tentatives de meurtre que le procureur Yann Le Bris dénombre depuis le 1er janvier 2022.
Un premier blocage a eu lundi lieu à Vahibe, sur une route du centre de Mayotte confrontée à ces affrontements récurrents entre bandes rivales.
Depuis lundi, les habitants du village de M'Tsapéré ont également décidé de bloquer les accès routiers à leur quartier, en signe de protestation. Dans la nuit de lundi à mardi, plusieurs d'entre eux ont tenté de couper la circulation sur la route nationale qui contourne la commune, entraînant une intervention des forces de l'ordre.
Sur les réseaux sociaux apparaissent des appels à une opération "ile morte" ce mercredi via l'intensification des blocages.
"Ce n'est pas normal que des gens meurent !", clame Dayane, un habitant du quartier de M'Tsapéré qui ne décolère pas, devant la mairie de Mamoudzou où se tenait mardi une réunion d'urgence entre le maire, le préfet et le procureur de la République. Comme les autres habitants, il a refusé de participer à la réunion organisée pourtant à leur demande.
Selon le commissaire Laurent Simonin, directeur territorial de la police nationale de Mayotte, vingt-cinq grenades lacrymogènes ont été tirées pour empêcher une quinzaine de tentatives de bloquer cette route nationale.
"Notre message, c'est de dire qu'on n'est pas d'accord avec la façon de faire. A chaque fois, c'est nous qui sommes tapés et les délinquants sont là en train de rigoler", explique Dayane pour qui "ces jeunes-là sont déterminés à tuer, ces jeunes-là sont des délinquants, des terroristes".
"Utopie"
Une colère accentuée par l'intervention lundi sur l'antenne de Mayotte La 1ère du préfet Thierry Suquet qui a assuré que "penser qu'on peut éradiquer la violence et la délinquance, ça fait partie de l'utopie" avant d'ajouter que "lutter contre la violence et la délinquance, c'est, avec persévérance, être présent sur le terrain".
A l'issue de la réunion mardi, le maire Ambdil Wahedou Soumaïla reconnaissait "un mal extrêmement profond", dont "les solutions ne viendront pas uniquement des institutions" car selon lui "il faut des solutions globales".
Il dénonce toutefois la méthode des habitants: "Il ne faut pas non plus bloquer l'économie du territoire, ces fauteurs de trouble profitent de la situation pour racketter les gens qui sont bloqués. Il ne faut pas que les barrages aillent compliquer la situation".
Déjà en 2018, une grave crise sociale avait éclaté pour dénoncer l'insécurité sur l'île et s'était traduite par sept semaines de blocage des routes et un ralentissement de l'économie locale.
Un plan d'1,3 milliard d'euros avait alors été mis sur la table, mais ses effets peinent à se faire sentir au quotidien.
En 2021, le parquet de Mamoudzou a enregistré une augmentation de 25 % des saisines pour des faits criminels à Mayotte et de 21% pour des délits.
Un tiers des délits sont le fait de mineurs, selon le parquet de Mamoudzou dans une île qui manque de classes pour prendre en charge tous les jeunes du territoire.
Le maire de la ville-préfecture estime que la situation pourrait encore se dégrader. "Si nous n'apportons pas de solutions immédiates, ça peut inciter un certain nombre de citoyens à se rendre justice eux-mêmes, ce serait une ligne rouge et la rupture du pacte républicain", prévient-il.
A l'origine de ces violences, des affrontements entre jeunes de quartiers rivaux ou contre les forces de l'ordre quand elles interviennent pour les séparer.
Automobilistes et passants font aussi les frais de ces violences. C'est ainsi qu'un habitant du quartier de M'Tsapéré, au sud de Mamoudzou, a été tué au début du mois, avec un coupe-coupe. Un mineur de 16 ans a été mis en examen et écroué.
En tout, ce sont cinq meurtres ou tentatives de meurtre que le procureur Yann Le Bris dénombre depuis le 1er janvier 2022.
Un premier blocage a eu lundi lieu à Vahibe, sur une route du centre de Mayotte confrontée à ces affrontements récurrents entre bandes rivales.
Depuis lundi, les habitants du village de M'Tsapéré ont également décidé de bloquer les accès routiers à leur quartier, en signe de protestation. Dans la nuit de lundi à mardi, plusieurs d'entre eux ont tenté de couper la circulation sur la route nationale qui contourne la commune, entraînant une intervention des forces de l'ordre.
Sur les réseaux sociaux apparaissent des appels à une opération "ile morte" ce mercredi via l'intensification des blocages.
"Ce n'est pas normal que des gens meurent !", clame Dayane, un habitant du quartier de M'Tsapéré qui ne décolère pas, devant la mairie de Mamoudzou où se tenait mardi une réunion d'urgence entre le maire, le préfet et le procureur de la République. Comme les autres habitants, il a refusé de participer à la réunion organisée pourtant à leur demande.
Selon le commissaire Laurent Simonin, directeur territorial de la police nationale de Mayotte, vingt-cinq grenades lacrymogènes ont été tirées pour empêcher une quinzaine de tentatives de bloquer cette route nationale.
"Notre message, c'est de dire qu'on n'est pas d'accord avec la façon de faire. A chaque fois, c'est nous qui sommes tapés et les délinquants sont là en train de rigoler", explique Dayane pour qui "ces jeunes-là sont déterminés à tuer, ces jeunes-là sont des délinquants, des terroristes".
"Utopie"
Une colère accentuée par l'intervention lundi sur l'antenne de Mayotte La 1ère du préfet Thierry Suquet qui a assuré que "penser qu'on peut éradiquer la violence et la délinquance, ça fait partie de l'utopie" avant d'ajouter que "lutter contre la violence et la délinquance, c'est, avec persévérance, être présent sur le terrain".
A l'issue de la réunion mardi, le maire Ambdil Wahedou Soumaïla reconnaissait "un mal extrêmement profond", dont "les solutions ne viendront pas uniquement des institutions" car selon lui "il faut des solutions globales".
Il dénonce toutefois la méthode des habitants: "Il ne faut pas non plus bloquer l'économie du territoire, ces fauteurs de trouble profitent de la situation pour racketter les gens qui sont bloqués. Il ne faut pas que les barrages aillent compliquer la situation".
Déjà en 2018, une grave crise sociale avait éclaté pour dénoncer l'insécurité sur l'île et s'était traduite par sept semaines de blocage des routes et un ralentissement de l'économie locale.
Un plan d'1,3 milliard d'euros avait alors été mis sur la table, mais ses effets peinent à se faire sentir au quotidien.
En 2021, le parquet de Mamoudzou a enregistré une augmentation de 25 % des saisines pour des faits criminels à Mayotte et de 21% pour des délits.
Un tiers des délits sont le fait de mineurs, selon le parquet de Mamoudzou dans une île qui manque de classes pour prendre en charge tous les jeunes du territoire.
Le maire de la ville-préfecture estime que la situation pourrait encore se dégrader. "Si nous n'apportons pas de solutions immédiates, ça peut inciter un certain nombre de citoyens à se rendre justice eux-mêmes, ce serait une ligne rouge et la rupture du pacte républicain", prévient-il.