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A Marseille, la crainte d'un "effet domino" après la découverte d'un sixième corps


Marseille, France | AFP | mercredi 07/11/2018 - Le corps d'une sixième victime, un homme, a été retrouvé mercredi en fin de matinée sous les gravats des trois immeubles vétustes qui se sont disloqués lundi au cœur de Marseille, et plusieurs immeubles voisins sont désormais totalement interdits d'accès, par crainte d'"un effet domino".

Les corps de trois autres hommes et deux femmes avaient déjà été retrouvés dans les gravats depuis mardi matin. Parmi ces six victimes, trois ont été identifiées comme étant des locataires du 65 rue d'Aubagne, a précisé Xavier Tarabeux, le procureur de la République de Marseille, à l'AFP, qui a annoncé une conférence de presse à 17h00 pour faire un point sur l'enquête judiciaire.
Plus de 48 heures après l'effondrement des deux premiers immeubles, aux 63 et 65 de la rue, l'espoir de retrouver des survivants est de plus en plus mince. "Très, très vraisemblablement cinq personnes", ainsi que "trois visiteurs", se trouvaient au 65 rue d'Aubagne, le seul des trois immeubles écroulés officiellement habité au moment de la catastrophe, avait précisé le procureur de Marseille mardi soir. Deux personnes pourraient donc encore se trouver sous les décombres.
Mais il y a "peu de chance que l'on puisse trouver des poches de survie", avait prévenu dès lundi soir le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, l'effondrement du troisième immeuble, au 67 de la rue, lundi après-midi, ayant écrasé les gravats des deux premiers.
Les secouristes craignent également désormais "un effet domino" dramatique rue d'Aubagne, une rue en pente du quartier très populaire de Noailles, "où les immeubles sont appuyés les uns sur les autres, en épi", comme l'a expliqué mardi matin un marin-pompier de Marseille à l'AFP.
 

- "Souvenirs de la guerre au Liban" -

 
De nombreux immeubles de la rue ont été évacués après le drame, mais dans certains, les habitants peuvent encore récupérer rapidement quelques affaires, un par un, accompagnés par les marins-pompiers.
Safina Athomani est la dernière habitante du 73 à avoir pu aller chercher quelques objets dans son appartement. Dans un baluchon fabriqué avec des draps, cette mère de famille d'origine comorienne, casque de chantier sur la tête, a récupéré des vêtements et des peluches de ses deux enfants. Le pompier qui l'accompagne porte lui une lourde valise, ainsi qu'une petite gazinière dans un sac plastique.
"Ça m'a fait remonter à la surface des souvenirs de la guerre, quand j'étais enfant", explique Yoanna, étudiante libanaise de 27 ans, après être allée chercher quelques objets personnels dans son appartement, au 89: "Jamais je n'avais quitté un appartement aussi vite". 
Les 105 personnes évacuées par mesure de sécurité ont été relogées dans une soixantaine de chambres d'hôtels du centre-ville, a indiqué la mairie, pointée du doigt par les habitants de la rue d'Aubagne et du quartier, qui fustigent depuis lundi le mauvais état des immeubles.
Une affichette collée sur les murs du quartier appelle d'ailleurs les habitants, commerçants et associations de Noailles à se réunir mercredi à 18H00 pour exiger "un toit digne pour toutes et tous": "Assez du mal-logement, marre de l'habitat insalubre", plaide ce texte, signé par "des habitant.es et associations de Noailles".  
Parmi les trois immeubles effondrés, le 63 était "fermé et muré", selon la mairie, qui l'avait racheté après avoir pris un arrêté de péril en 2008. Tout comme le 67, abandonné et muré depuis l'été 2012.  
En revanche, au numéro 65, 9 appartements sur 10 étaient habités. En copropriété, il avait fait l'objet le 18 octobre d'une "expertise" suivie de "travaux de confortement permettant la réintégration des occupants", a assuré la mairie.
La mairie qui a avancé l'hypothèse des fortes pluies des derniers jours pour expliquer la catastrophe, s'est défendue en soulignant "l'énorme travail" fait (pour) l'éradication de l'habitat indigne".
La municipalité a engagé depuis 2011 un vaste plan de requalification du centre-ville, mais sans pouvoir véritablement remédier au problème. Selon un rapport remis au gouvernement en 2015, le logement indigne menace la santé ou la sécurité de 100.000 habitants de Marseille. 

le Mercredi 7 Novembre 2018 à 04:55 | Lu 286 fois