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A Breil-sur-Roya, recouverte de boue, les habitants appellent à l'aide


Breil-sur-Roya, France | AFP | dimanche 04/10/2020 - La boue est entrée dans les maisons et les commerces, a recouvert la place centrale et enterré des voitures à Breil-sur-Roya, à la frontière italienne, et sa population "manque de tout" selon son maire dimanche.

Deux jours après les pluies diluviennes qui se sont abattues en quelques heures dans l'arrière-pays niçois, la place de ce village de montagne était dévastée: des voitures enterrées parfois jusqu'au toit sous la boue, immeubles aux entrées bloquées par des gravats, des troncs d'arbres enchevêtrés dans la rivière...

"Le village est méconnaissable", décrit une habitante, Lydie Valsecchi, 44 ans. "Vendredi c'était affreux, c'était comme une tornade, on ne voyait plus le toit des maisons". Son appartement a été inondé après que le toit de son immeuble est "parti en sucette". 

Samedi soir, quand la route du col de Bruis a enfin rouvert, offrant une porte de sortie aux habitants de Breil, la quadragénaire a décidé de rester au village "pour (ses) parents". 

"Mes enfants ont été évacués en urgence avec le papa qui est rentré à Nice (...) c'était affreux de préparer les valises en tremblant pour les enfants".

Le maire de ce village de 2.000 habitants, Sébastien Olharan, a profité de la réouverture de cette route tortueuse samedi pour se rendre à Sospel, à 20 km de Breil, "pour téléphoner et alerter sur la situation de la vallée de la Roya qui est dramatique". 

"On a une population qui manque de tout: d'eau, d'électricité, d'alimentation", a-t-il expliqué à l'AFP. 

"On n'aurait jamais imaginé qu'une crue puisse arriver sur le village", a raconté l'élu, qui ajoute que quatre ponts ont été emportés par le cours d'eau. Ni l'eau courante, ni l'électricité n'étaient revenues dans le village deux jours après les intempéries.

 "Une seule bouteille par personne"

Samedi, des secouristes et la SNCF ont acheminé des milliers de bouteilles d'eau. "Mais on en manque encore, et quand on dit aux gens qu'on peut leur donner qu'une seule bouteille par personne, ils ne comprennent pas", déplore M. Olharan, qui demande "un pont aérien". 

Le maire déplore surtout que les forces de sécurité civile, très nombreuses à Breil, "n'arrivent pas à accéder aux autres villages de la vallée", ni même à certains quartiers de Breil sans accès routier.

A ses côtés, une conseillère municipale de Tende, Elise Ferrari, essaie en vain de rentrer chez elle depuis vendredi, alors que son village, collé à la frontière italienne, est totalement coupé du monde depuis vendredi. Même le téléphone satellitaire fourni au maire de Tende ne fonctionne que par moments, a constaté l'AFP.

"Les familles en bas sont extrêmement stressées de ne pas avoir de nouvelles de leurs proches", a raconté Mme Ferrari, "on a vraiment besoin de rentrer, d'être auprès des nôtres".

La route étant "tombée", elle envisageait dimanche midi de parcourir à pied, en suivant la voie ferrée, les 20 kilomètres qui la séparent de Tende.

Elle se disait toutefois rassurée par les nouvelles distillées par les secouristes revenus de Tende. "Il y a une sorte de résilience naturelle je crois quand on habite dans la montagne, c'est un peuple assez solidaire", a-t-elle assuré.

Dimanche, les élus étaient toutefois inquiets d'un "bilan humain qu'on n'est pas en mesure de chiffrer", selon M. Olharan, qui dénombrait sur sa commune "plus d'une dizaine de personnes" dont il n'avait pas de nouvelles.

le Dimanche 4 Octobre 2020 à 11:56 | Lu 260 fois