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À Bora Bora, une conférence pour savoir tout sur les motu


Dans le cadre des mercredis du savoir, le professeur Lucien Montaggioni, ancien chercheur au Criobe a présenté une conférence sur la création et la datation des motu en Polynésie française.
Dans le cadre des mercredis du savoir, le professeur Lucien Montaggioni, ancien chercheur au Criobe a présenté une conférence sur la création et la datation des motu en Polynésie française.
Bora Bora, le 6 novembre 2021 - Les conférences du mercredi du savoir, organisées à Bora Bora par le Criobe, ont repris mercredi. Ce rendez-vous du 3 novembre portait sur l’origine et la datation des motu en Polynésie française. Sur certains atolls comme à Rangiroa, ils seraient apparus entre 11 000 et 6 000 ans de ça. Ceux de Bora Bora seraient plus récents, environ 2 500 ans. Leur avenir est incertain, les avis des scientifiques sont partagés sur le sujet, certains plus pessimistes que d'autres.
 
Mercredi, le Criobe, en partenariat avec la Polynésienne des eaux et l’association Ia vai ma noa Bora Bora, a organisé une conférence à Bora Bora sur le thème Âge et mode d’installation des îlots récifaux (motu) en Polynésie française. Elle était animée par le professeur Lucien Montaggioni, ancien chercheur au Criobe. Le géologue a apporté quelques éclairages sur les origines, la formation et la datation des motu, îlots de sable coralliens situés sur la couronne récifale d'un atoll ou à l'arrière d'un récif barrière d'île volcanique. À l’exception des Marquises, dépourvues de récifs coralliens, les îles polynésiennes, hautes ou basses (atolls) possèdent des motu.
 
Le professeur a, tout au long de sa présentation, établi un parallèle entre les motu à feo, calcaire corallien, vestige d’ancien récifs (comme ceux de Rangiroa, Tikehau, Mataiva, Kaukura ou encore Makatea) et le reste : les atolls, comme Takapoto et les îles hautes, comme Bora Bora, qui s’enfoncent également et dont l’histoire géologique est différente. En effet, une fois leur activité éteinte, les îles volcaniques s’enfoncent, contrairement à ces îles du nord/ouest des Tuamotu qui se soulèvent.

Le Criobe organise les conférences du mercredi du savoir en partenariat avec la Polynésienne des eaux et l'association Ia vai ma noa Bora Bora.
Le Criobe organise les conférences du mercredi du savoir en partenariat avec la Polynésienne des eaux et l'association Ia vai ma noa Bora Bora.
Des motu nés il y a 11 000 ans
 
Le professeur compare Takapoto et Rangiroa : “Fixés sur des plateformes subhorizontales généralement bien cimentées, composées de fragments coralliens, des conglomérats aussi appelés papa [ndlr débris coralliens arrachés par l’action cyclonique et déposés puis accumulés à l’arrière du front du récif, forant des dalles qui se sont cimentées et qui forment le support actuel des motu]. Les motu n’excèdent généralement pas plus de trois ou quatre mètres d’altitude. Certains, comme Takapoto, ont vu le jour il y a environ 2 500 ans. Mais d’autres atolls possédant des feo, comme Rangiroa, où la mise en place des motu aurait été localement plus précoce, en relation avec la remontée du niveau marin, ont entre 11 000 et 6 000 ans. “Ce sont sur ces papa que les motu se sont formés, accordant une place à la végétation dans sa partie la moins dense, plus meuble.
 
Il y a 8 000 ans, le niveau de la mer était à moins 25 mètres par rapport au niveau actuel. En 2 000 ans, le niveau de la mer est monté pour atteindre le niveau actuel. Le récif est resté légèrement en dessous du niveau de la mer mais a croît pour émerger. Le conglomérat s’est alors formé, pour ensuite laisser place au motu, fait des sédiments meubles.

Bernard Salvat montrant un relief de motu à Lucien Montaggioni (chemise bleue), sous le regard de Gilbert Poli.
Bernard Salvat montrant un relief de motu à Lucien Montaggioni (chemise bleue), sous le regard de Gilbert Poli.
La technique de datation
 
La technique est simple pour la datation, les experts font des trous dans le récif et analysent de deux manières les éléments prélevés : datation par le carbone 14 (datation approximative) et par l’uranium-thorium (datation plus précise, + ou – 10 ans). Les expertises sont confiées au bureau de recherches géologiques et minières. Concernant Bora Bora, Lucien Montaggioni, aidé de deux autres professeurs, Bernard Salvat et Gilbert Poli, raconte que l’équipe s’est déplacée récemment sur un motu pour faire deux excavations dont les résultats seront bientôt révélés. Il précise que l’étude sur l’âge de formation des motu de Bora Bora dévoilera vraisemblablement la même datation que partout ailleurs, c'est-à-dire il y a environ 2 500 ans.
 
L’avenir des motu incertain
 
Les avis sont partagés et les experts se disent optimistes pour certains mais pessimistes pour d’autres. Quand les uns s’accordent à dire que la nature va prendre le dessus sur la hausse du niveau de mer et se régénérer d’elle-même, d’autres s’alarment en annonçant que certains motu risquent probablement de disparaître à moyen terme, c'est-à-dire dans un siècle environ.

Rédigé par Nij le Samedi 6 Novembre 2021 à 15:25 | Lu 1675 fois