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8 Mars: le gouvernement appelle la société à s'impliquer, les féministes dans la rue


Paris, France | AFP | jeudi 08/03/2018 - Le gouvernement a appelé la société à "se saisir" de la question de l'égalité hommes-femmes, jeudi lors de la 41e journée internationale des droits des femmes, un "devoir" à la fois "politique et moral" pour Emmanuel Macron, dont les promesses en la matière ont été moquées lors d'un karaoké géant à Paris.

"L'égalité hommes-femmes rend les entreprises plus performantes et plus innovantes", a déclaré le chef de l'Etat en visitant à Paris Gecina, une société foncière présentée comme un modèle en matière de féminisation et d'égalité salariale. 
M. Macron a annoncé la mise en place d'"un système de +name and shame+", qui consiste à rendre publics les noms des entreprises ne respectant pas leurs obligations légales, "parce que la stigmatisation fait changer les comportements".
Peu auparavant, Édouard Philippe avait prévenu à l'issue d'un comité interministériel que "la promotion de la culture de l'égalité entre les femmes et les hommes ne se fera pas seulement par des déclarations officielles, des discours ex catedra à l'école". "Il faut que tous ceux qui ont quelque chose à dire dans la société s'en saisissent", a ajouté le Premier ministre en présentant "une cinquantaine de mesures" destinées à faire progresser l'égalité femmes-hommes.
"Paroles, paroles": sur l'air de la célèbre chanson de Dalida, des militantes féministes ont moqué les promesses de l'exécutif, lors d'un rassemblement de plusieurs centaines de personnes dans l'après-midi, place de la République à Paris. "Paternel, Macron est bla bla bla", ont-elles chanté. 
Rubans blancs au revers de leur manteau, hommes et femmes se sont placés derrière une banderole "nous voulons l'égalité" à 15h40, heure à laquelle pour une journée théorique de 8 heures, les femmes ne sont plus payées, au vu de leurs salaires inférieurs à ceux des hommes.
L'Assemblée nationale a suspendu brièvement ses travaux à cette heure symbolique. 
Des rassemblements étaient également prévus dans plusieurs villes de France, pour faire de cette journée "une lutte collective", pas "une fête".

- 'Tolérance zéro' -

 
Parmi les mesures annoncées par le gouvernement, un "référent égalité" sera nommé dans chaque établissement scolaire à la rentrée 2019. Concernant la lutte contre les violences faites aux femmes, Edouard Philippe a annoncé que "5.000 places d'hébergement seraient garanties en 2018" pour les victimes. Certains centres d'hébergement seront spécialisés pour la mise en sécurité de demandeuses d'asile victimes de violences ou de traite.
Une plateforme de géolocalisation des hébergements d'urgence des femmes victimes, accessible seulement aux professionnels, sera développée pour les aider à trouver un refuge. 
Pour une meilleure conciliation vie professionnelle-vie privée, l'éventuel allongement du congé paternité (11 jours calendaires ou 18 jours pour une naissance multiple actuellement), sera tranché "en juin", a précisé le chef du gouvernement.
Dès mercredi, des mesures visant à résorber d'ici trois ans l'écart salarial de 9% existant entre hommes et femmes à poste équivalent avaient été annoncées.
Les entreprises de plus de 50 salariés présentant des écarts "injustifiés" de salaires hommes-femmes seront sanctionnées à partir de 2022 avec une pénalité financière pouvant aller jusqu'à 1% de leur masse salariale. L'exécutif prévoit également le quadruplement des contrôles de l'inspection du travail sur l'égalité de salaires hommes-femmes.
Des mesures qui "vont dans le bon sens" mais "malheureusement, il y a moins d'inspecteurs du travail" pour les appliquer, a dit le numéro un de la CGT, Philippe Martinez. 
Jean-Claude Mailly (FO) a prôné "la tolérance zéro" pour les inégalités salariales, estimant qu'il faudrait aller "plus vite" sur les sanctions financières voulues par l'exécutif car "2022, c'est un peu loin".
Le Medef a de son côté déploré le "triptyque infernal et tellement français du +contraintes, contrôles, sanctions+".
A Perpignan, des élus de La République en marche ont symboliquement recouvert les plaques des rues de nom de femmes illustres. Dans le Nord, les pompiers ont lancé un plan de féminisation des effectifs avec l'idée de "démystifier (l'importance) de la condition physique" dans un métier très largement masculin. "Pour certains de nos collègues, il ne faudrait pas qu'on ne parte au feu qu'avec des femmes, parce que le physique n'est pas le même", déplore Virginie Allion, pompier volontaire de 26 ans.

le Jeudi 8 Mars 2018 à 06:45 | Lu 225 fois