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56 cas en 2022, la tuberculose circule toujours en Polynésie


Crédit photo : Greg Boissy.
Crédit photo : Greg Boissy.
 Tahiti, le 23 mars 2023 – À l'occasion de la Journée mondiale de la tuberculose le docteur Ngoc Lam Nguyen, responsable du centre de consultation spécialisé en maladies infectieuses et tropicales (CCSMIT) au CHPF, revient sur la situation de la maladie au fenua. En 2022, 56 nouveaux cas ont été identifiés.
 
Elle est aussi appelée “peste blanche”. En 2022, 56 nouveaux cas de tuberculose ont été identifiés en Polynésie. Depuis vingt ans, la prévalence de cette maladie infectieuse ne diminue plus au fenua et s'est stabilisée à 20 cas pour 100 000 habitants. À l'occasion de la Journée mondiale de la tuberculose ce vendredi, l'épidémiologiste Ngoc Lam Nguyen, responsable du centre de consultation spécialisé en maladies infectieuses et tropicales (CCSMIT) au CHPF est revenu sur cette bactérie contagieuse qui se transmet par voie aérienne. “C'est une maladie que l'on pense être apparu avec l'arrivée des Européens. Depuis une vingtaine d'années, on a stabilisé le nombre de nouveaux cas détectés par an sur le territoire qui reste relativement bas. Mais on se base seulement sur le nombre de malades recensés, donc c'est un chiffre forcément en-deçà de la réalité : il y a certainement plus de cas”, estime le Dr Nguyen. “Malheureusement, c'est présomptueux de penser pouvoir l'éradiquer. C'est comme une courbe logarithmique : elle n'attendra jamais vraiment zéro.”

Si le nombre de malades chaque année reste peu élevé, ce qui inquiète vraiment le docteur Nguyen, ce sont les souches multirésistantes qui ont déjà fait leur apparition au fenua : “Si elle est prise en charge à temps – et bien que le traitement soit long –, on guérit facilement de la tuberculose. Et sans séquelles. Mais on voit depuis quelques années des souches que l'on appelle multirésistantes. Elles résistent aux antibiotiques qui sont habituellement prescrits, ce qui complique considérablement la prise en charge. Heureusement nous n'avons pas encore vu de souches ultrarésistantes en Polynésie.” La tuberculose, malgré son statut de maladie ancienne, reste l'une des plus meurtrières. En 2022, 1,6 million de personnes en sont mortes dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dont trois en Polynésie.
 
Une prévalence plus importante qu'en France
 
Alors que la France métropolitaine recense, en valeurs relatives, deux fois moins de cas avec 10 malades pour 100 000 habitants, le docteur Nguyen souligne que nous ne sommes pas pour autant des “mauvais élèves” en Polynésie : “Nous sommes dans la moyenne des pays développés. D'autant que si l'on compare la prévalence avec les grandes villes de métropoles, où il y a beaucoup de passagers et d'immigration, on se rend compte que nous avons quasiment le même ratio qu'elles.”  Les pays en voie de développement, comme l'Inde, le Nigéria ou encore le Bangladesh et l'Indonésie concentrent le plus important nombre de cas, en raison semble-t-il de la conjonction d'éléments socioéconomiques. “Au fenua, la plupart des gens que l'on traite ne viennent pas d'un milieu social élevé. La précarité, la promiscuité mais également la malnutrition sont des facteurs qui accroissent les chances d'attraper la tuberculose. Mais ça ne veut pas dire que le reste de la population ne peut pas l'attraper.” D'autant que l’on peut être infecté par la bactérie sans que, pour autant, la tuberculose se déclare. Statistiquement, la maladie se déclare chez 10% des porteurs : “Ce sont les personnes âgées, immunodéprimées... qui ont le plus de chance de la déclencher”.
 
Dans un souci de prévention, le responsable du CCSMIT tient cependant à mettre en garde la population : “Si vous avez un peu de fièvre tous les jours, des sueurs, une toux chronique, des douleurs dans la poitrine et si vous remarquez que vous vous amaigrissez, il faut venir consulter à l'hôpital.” Car, avec une prévalence constante depuis des années de 20 cas pour 100 000 habitants, pour les autorités sanitaires de Polynésie, la tuberculose “reste un problème de santé publique majeure sur le territoire".


 

Le docteur Ngoc Lam Nguyen, responsable du centre de consultation spécialisé en maladies infectieuses et tropicales (CCSMIT) au CHPF. Crédit photo : Thibault Segalard.
Le docteur Ngoc Lam Nguyen, responsable du centre de consultation spécialisé en maladies infectieuses et tropicales (CCSMIT) au CHPF. Crédit photo : Thibault Segalard.

Rédigé par Thibault Segalard le Jeudi 23 Mars 2023 à 15:23 | Lu 1452 fois