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50 ans de la mairie de Faa'a : un district rural devenu une cité urbaine


Oscar Temaru ce jeudi 8 janvier 2015. Sur les 50 ans d'existence de la mairie il a déjà assuré 32 ans comme tavana.
Oscar Temaru ce jeudi 8 janvier 2015. Sur les 50 ans d'existence de la mairie il a déjà assuré 32 ans comme tavana.
FAA'A, le 8 janvier 2015. A l'occasion de la présentation des festivités du cinquantenaire de la fondation de la mairie de Faa'a qui auront lieu fin janvier, Oscar Temaru tavana depuis 32 ans de la commune, évoque ses souvenirs d'enfance, sa nostalgie de ce "district rural" qui a grandi trop vite.
Il évoque un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître. Là où se dresse actuellement la mairie, des bœufs placides paissaient. Plus loin, une source où l'on pêchait les chevrettes. Quelques centaines de mètres encore, et le bord de mer, le lagon nourricier, terrain de jeux préféré des enfants. Mais ce petit Eden a très vite disparu avec l'ouverture de l'aéroport en 1963. "Pour le CEP, (Centre d'expérimentation du Pacifique) il fallait des structures portuaires et aéroportuaires pour les essais nucléaires à Moruroa et Fangataufa. Cette piste qui nous a pris toute notre littoral" raconte Oscar Temaru. Pour celui qui préside aux destinées de sa commune depuis 32 ans, le district de Faa'a -autrefois Tefana i Ahurai- a été la victime collatérale de ce débordement de modernité.

En raison du CEP, de l'arrivée des militaires, des besoins logistiques de l'armée il a fallu construire, à la hâte, lotissements et logements sociaux pour héberger "toute cette immigration massive des populations de nos îles et de France". Au point que "Faa'a et ses 3 000 âmes où tout le monde se connaissait" est devenue une ville de 30 000 habitants. "Cette croissance démographique de +1000% en 50 ans n'est pas une croissance démographique normale".
Oscar Temaru ne nie pas les difficultés de cette trop rapide évolution : "bien sûr qu'il y a des problèmes à Faa'a comme partout : des problèmes sociaux, liés au manque d'emploi, aussi je pense qu'il faut réadapter notre système. Il faut qu'il y ait une réelle volonté politique de mettre en place les réformes qu'il faut". L'ex président du Pays rêve toujours d'un développement endogène. Pour lui, la fin de l'exploitation des phosphates de Makatea avec l'arrivée du CEP marque la mutation contre nature "d'une économie de marché à une économie de comptoir, une économie de consommation".

Mais, même devenue cette cité tentaculaire, dont les quartiers ont envahi les vallées et grapillé les montagnes, Oscar Temaru, qui a entamé son 6e mandat de maire en mars 2014, a l'amour de sa ville chevillé au corps. Alors oui, il a fallu construire les infrastructures : 5 écoles maternelles, 7 écoles élémentaires entre autres et la cuisine centrale qui sert 3500 repas par jour ! Il a fallu fournir l'eau potable, organiser le ramassage des déchets, construire des stades et enrober les 120 km de voies communales qui sillonnent le territoire de sa commune. Quand il pense à ces 50 ans écoulés du district à la commune de Faa'a, le tavana ne peut s'empêcher d'être nostalgique. "On ne payait pas l'eau, tout était gratuit" dit-il dans un grand sourire. "On n'avait pas de problème d'argent : on n'en avait pas" ! Et il conclut : "Il y a de quoi être nostalgique. J'ai vécu cette époque. Je suis né à Faa'a : mon cordon ombilical a été coupé ici et on a planté dessus un arbre à pain. Tout ça est parti aujourd'hui : on a construit dessus".

Le combat pour réclamer l'indépendance de la Polynésie française, Oscar Temaru le démarre dans le milieu des années 70 et partage régulièrement ce message avec les leaders kanak.
Le combat pour réclamer l'indépendance de la Polynésie française, Oscar Temaru le démarre dans le milieu des années 70 et partage régulièrement ce message avec les leaders kanak.
L'indépendance, le vrai combat d'Oscar

Quand on interroge Oscar Temaru sur le fait marquant de ses 32 ans comme maire de Faa'a. Il répond : "la réinscription de notre Pays sur la liste de l'ONU des territoires non autonomes" obtenue de longue lutte en mai 2013. Pourtant rien ne semble lier ce combat pour l'indépendance à l'administration de la commune la plus peuplée de Polynésie. Et pourtant cette réinscription est la première étape d'un "travail acharné de 35 ans auprès de la communauté internationale, des pays du Pacifique, des confessions religieuses, obtenu sans que ne soit versée la moindre goutte de sang". La suite du chemin sera peut-être tout aussi longue : "la prochaine étape est le pas décisif que cette population doit faire". En attendant, Oscar Temaru continuera de faire entendre la voix de Maohi Nui à l'ONU lors des réunions du comité spécial de décolonisation.

La mairie de Faa'a a été inaugurée en 1989. Une mairie en pandanus mal vue au moment de son édification par les autorités administratives. "Mais c'est la plus belle mairie de Tahiti non ? Celle de Pirae et de Papeete manque tellement d'imagination ! Là, c'est notre âme" explique Oscar Temaru, le maire de la commune.
La mairie de Faa'a a été inaugurée en 1989. Une mairie en pandanus mal vue au moment de son édification par les autorités administratives. "Mais c'est la plus belle mairie de Tahiti non ? Celle de Pirae et de Papeete manque tellement d'imagination ! Là, c'est notre âme" explique Oscar Temaru, le maire de la commune.
Les tavana de Faa'a




Ils ne sont qu'au nombre de trois en raison de la réélection, depuis plus de 30 ans du 3e du nom, à savoir Oscar Temaru. Avant lui, le premier tavana de Faa'a en 1965, "le fondateur" fut Francis Sanford, jusqu'en 1977. C'est lui qui est l'artisan du statut d'autonomie interne de la Polynésie en 1977 au moment où il devient vice-président du Conseil de gouvernement.

Alfred Helme "le constructeur", succède à Francis Sanford en 1977. Un maire qui a laissé sa trace selon celui lui ravit le poste de premier magistrat en 1983 !


Une semaine d'anniversaire du 26 au 31 janvier 2015


Le cinquantenaire de la mairie de Faa'a sera célébré sur une semaine du 26 au 31 janvier. Du 26 au 30, la mairie accueillera diverses expositions sur l'évolution institutionnelle ; l'évolution sociale, démographique et économique ; l'évolution du sport et des associations; l'évolution culturelle ; l'historique des confessions religieuses. Au programme des photos anciennes notamment : des guides seront à la disposition des visiteurs par groupes de 10 à 15 personnes. Les visites seront ouvertes sur inscription (du 8 au 22 janvier) auprès du service de communication (Annie Ebb au 40 800 960).

Une fresque graphique sera réalisée sur la façade du bâtiment Rautea (Maison des associations) durant les cinq jours de la semaine.
Le samedi 31 janvier, un grand ma'a tahiti gratuit rassemblera toute la population au Motu Ovini organisé par les confessions catholiques et protestantes qui se partageront le travail de confection du repas et de son service.

En soirée du 26 au 31 janvier, sur le Motu Ovini de Vaitupa des animations festives avec des artistes de la commune sont prévues de 19 heures à 22 heures avec des spectacles de danses et de chants. Le programme précis sera communiqué ultérieurement.

Informations à suivre sur le site Internet de la mairie de Faa'a, en suivant le lien ICI
Ou sur la page Facebook de la commune, ICI

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 8 Janvier 2015 à 16:36 | Lu 3143 fois