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12 ans ferme pour le coup de pied mortel à Moorea


En ce dernier jour de procès, la mère de la victime a autorisé la diffusion d'une photo de son fils, Charley, un homme unanimement décrit comme “calme” et “gentil”.
En ce dernier jour de procès, la mère de la victime a autorisé la diffusion d'une photo de son fils, Charley, un homme unanimement décrit comme “calme” et “gentil”.
Tahiti, le 22 mars 2023 – Au terme de trois jours d'un procès marqué par les dénégations constantes de l'accusé et à l'issue de quatre heures de délibéré, la cour d'assises d'appel a condamné mercredi le jeune homme de 22 ans poursuivi pour avoir mis un coup de pied mortel à un quinquagénaire à 12 ans de prison ferme.  Lors de son premier procès, le jeune homme avait écopé de la même peine. 
 
Deux ans après avoir été condamné à 12 ans de prison ferme pour un vol avec violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner – commis le 13 décembre 2019 à Moorea sur un homme de 54 ans – l'accusé jugé depuis lundi par la cour d'assises d'appel de Papeete a de nouveau été condamné mercredi à la même peine. Ce jeune homme, âgé de 22 ans, a été reconnu coupable d'avoir, après une journée de beuverie, mis un coup de pied à un passant qui circulait au bord de la route après lui avoir demandé de l'argent. Il aura fallu un peu plus de quatre heures aux jurés de la cour d'assises d'appel pour s'entendre sur la culpabilité du jeune homme. 
 
Plus tôt dans la journée, l'avocat de la mère de la victime, Me Loris Peytavit, avait jugé que la position de la défense, selon laquelle les témoignages recueillis dans cette affaire n'étaient pas clairs, n'étaient pas “tenable” puisque les témoins sont venus “précisément” expliquer ce qu'ils avaient vu. Des témoignages qu'il a opposés à l'“amnésie” et aux “variations” des déclarations des proches de l'accusé entendus à la barre sur la soirée des faits. “Ce soir-là, Charley était comme d'habitude, gentil, pas agressif, et je viens vous parler de ce qui est arrivé avec un grand sentiment d'indignation car c'est inacceptable.” Pour l'avocat, il est évident que l'accusé a eu cette volonté de “porter un coup” sur la tête de la victime même s'il n'a pas “voulu les conséquences finales de cet acte”. Il n'en demeure pas moins pour maître Loris Peytavit que l'on ne saura jamais pour quelles raisons Charley a perdu la vie juste parce qu'il “passait par là”.
 
La perpétuité, une peine “excessive”
 
Succédant à l'avocat de la partie civile, l'avocat général a ensuite rappelé que son “but”n'était pas de “mettre un innocent en prison” mais d'aboutir à un “bon fonctionnement de la justice” pour éviter les décisions injustes qui créent des “débordements” nocifs pour la “démocratie”. Tout comme Me Loris Peytavit, le représentant du ministère public a fustigé les “techniques” utilisées par la défense pour semer le doute alors qu'il existe, dans cette affaire, des “charges solides et sérieuses” contre l'accusé malgré “l'absence d'aveux”.
 
Pour l'avocat général, la personnalité de l'accusé, décrit par les psychiatres comme un jeune homme antisocial qui “méprise le droit de l'autre”, ne repose pas que sur des “rumeurs”puisqu'il avait déjà eu affaire à la justice et qu'il a été suivi “des années durant” par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) lors qu'il n'était encore qu'un adolescent. 
 
Sur la peine, l'avocat général a assuré qu'au regard du jeune âge de l'accusé, il ne pouvait se “résoudre” à se dire qu'il “allait passer sa vie en prison” et qu'il serait “excessif” de requérir la perpétuité encourue. Tout comme lors du premier procès, le représentant du ministère public a cependant requis vingt ans de prison ferme contre le jeune homme puisque si “une vie ne vaut rien, rien ne vaut une vie”.
 
“Coupable idéal”
 
Du côté des avocats de la défense, il ne s'agissait pas mercredi de mettre un “écran de fumée” devant les faits mais de démontrer qu'il n'y a pas d'“évidences” dans ce dossier. Avocate de la première de l'accusé, Me Sarah Da Silveira a ainsi dénoncé la “création d'un coupable idéal”, “défavorablement connu à Papetoai” alors que son client est certes un garçon “pas parfait” mais qu'il a “grandi dans la violence” et qu'il avait été déscolarisé dès la classe de sixième alors qu'il avait des capacités. Face aux jurés, l'avocate a de nouveau affirmé qu'elle croyait fermement à l'innocence de son client : “Il crie son innocence et personne ne veut l'entendre mais je ne serais pas là en train de plaider si j'avais un doute ou si je pensais avoir été baladée.”
 
Lui aussi constitué pour la défense du mis en cause, Me Smaïn Bennouar est revenu sur les témoignages accusant son client dans un “dossier fragile où chacun voit ce qu'il veut”.Rappelant qu'un supplément d'information avait été ordonnée entre les deux procès pour qu'une nouvelle reconstitution soit organisée, il a axé sa plaidoirie sur ce qu'il estime être des “variations” dans les propos tenus par les témoins. 
 
Après en avoir délibéré durant quatre heures, les jurés de la cour d'assises d'appel ont finalement estimé que ces témoignages permettaient d'asseoir la culpabilité de l'accusé. Alors que le jeune homme est incarcéré depuis 2018, ils l'ont condamné à la même peine que celle prononcée lors du premier procès devant la cour d'assises, soit 12 ans de prison ferme.
 

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 22 Mars 2023 à 19:48 | Lu 4357 fois